Oublier les soucis du quotidien le temps d’une série de rencontres. C’est forcément l’effet CAN. Chaque édition de la reine des compétitions africaines apporte avec elle son lot d’émotions et de ferveur partagée.
Au cœur de La Manouba, dans l’un des cafés les plus populaires d’El Bayette, jeunes et moins jeunes attendent avec impatience le coup d’envoi de la 32e édition de la Coupe d’Afrique des Nations.
Habillé d’une jebba élégante, Mohsen, ou Balha comme ses amis préfèrent l’appeler, nous parle de sa passion pour le football ainsi que de l’ambiance qui accompagne les participations de la Tunisie au Mondial et surtout lors de la CAN avec un zeste de nostalgie : «La CAN ainsi que la Coupe du Monde représentent un peu d’espoir, une bouffée d’oxygène et un divertissement pour un peuple touché de plein fouet par la crise économique. Volet team Tunisie, je reste optimiste ! Mon petit-fils me parle souvent des vedettes de notre sélection et de ses joueurs talentueux. J’espère qu’on retrouvera le podium. Et pourquoi pas, décrocher le titre continental. Ce sera vraiment un aboutissement merveilleux», indique ce sage en sirotant une tasse de thé.
Humilité entremêlée d’optimisme
Poursuivant son récit, Balha aborde l’ambiance fabuleuse qui a accompagné la fameuse qualification de la Tunisie pour la Coupe du Monde 1978 en Argentine : «C’était incontestablement un exploit historique! À cette époque, le monde entier a découvert la Tunisie. Cette qualification a été un cadeau du ciel. Et que dire après la victoire face au Mexique ? C’était vraiment un moment de pur bonheur. De nos jours, je ne connais même pas les noms des joueurs ni l’identité du coach. Mais j’attends sur des charbons ardents les matchs de notre équipe. J’espère qu’on prendra rendez-vous avec la gloire», lâche Balha.
Dans un autre café, plus moderne, trois jeunes hommes fument la chicha et parlent du team Tunisie : «C’est vrai que nous avons réussi nos matchs amicaux. Mais il faut relativiser et garder la tête sur les épaules. Le football africain a beaucoup évolué ces derniers temps. Toutes les équipes sont capables de s’illustrer», avoue Salim, jeune diplômé en informatique. Son camarade Rayen semble quant à lui moins mesuré : «Nous avons une excellente équipe, des joueurs talentueux et un coach de renommée. Nous sommes capables de faire vaciller n’importe quelle équipe africaine. Cette fois-ci, le titre continental sera nôtre», s’est risqué à dire Rayen.
Opium du peuple et mélodrame
Dans le microcosme du football, sport populaire par excellence, l’affluence et l’intérêt des puristes permettent de brasser large. Il faut comprendre par là que le football est l’opium du peuple. La Coupe d’Afrique par exemple permet d’avoir le sentiment d’appartenir à un ensemble, l’identification à un pays et aux couleurs nationales. Le football est d’ailleurs toujours comparé à un mélodrame. A ce titre, les séances de tirs au but, par exemple, n’ont pas d’égal pour susciter tensions et angoisses. La CAN a un pouvoir fédérateur indéniable. Elle réunit les passionnés et les curieux de tous bords. C’est un événement planétaire qui rassemble, regroupe, divise aussi : «Quand la Tunisie gagne. L’honneur est sauf», explique Firas Ben Salah, journaliste sportif tunisien.