Il va sans dire que tout au long de cette CAN 2019, les fans de l’équipe nationale et, pourquoi ne pas l’avouer, toutes les familles tunisiennes seront passionnément accrochés aux résultats qui nous viendront des terres égyptiennes.
Mais, pour cette équipe et en dépit de la valeur individuelle des joueurs qui font partie de cette génération, nous demeurons, contrairement aux sentiments qu’éprouvent la majorité des observateurs, pour le moins qu’on puisse dire prudents.
En effet, il n’y a pas que la valeur de l’équipe qui décidera du sort de notre équipe représentative :
– «Un homme rempli de haine est plus méchant que cent tigres», c’est un proverbe africain qui nous interpelle à l’occasion de cette CAN 2019, loin de tout ce faste que l’on déploie. Au coup d’envoi, nous verrons plus clair.
Mais il n’en demeure pas moins que l’ambiance générale de cette CAN est tout ce qu’il y a de plus défavorable pour les représentants tunisiens. Les problèmes, que vit le football tunisien à la suite de cette malheureuse finale qui avait opposé l’Espérance au WA Casablanca, sont encore dans les esprits. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on. Un succès, voire une certaine domination du football tunisien, ne serait pas bien vue par ceux qui sont actuellement au pouvoir dans cet organisme africain, fripé, chancelant, traqué, menacé.
– Beaucoup semblent avoir oublié la CAN que nous avions organisée au temps de Zouaoui et qui a vu notre sélection trébucher d’entrée. Un épisode qui avait glacé les plus optimistes et qui a plongé tout un pays dans le désarroi. Et c’est pour cette raison qu’il faudrait éviter de trop se laisser emporter par un optimisme trop débordant, mauvais conseiller.
– La finale jouée et perdue à la suite d’un penalty accordé par l’arbitre à l’équipe du pays organisateur et qui nous a valu une élimination amère. Inoubliable.
Nous pourrions continuer à énumérer d’autres épisodes qui ont estampillé cette CAN que la Tunisie, en dépit de toutes les entraves, a régulièrement marquée de sa présence et de sa personnalité. L’équipe de Tunisie dérange. Le football tunisien ne se tait pas et ne se replie pas dans son coin pour pleurer son sort. Il parle, s’exprime, se défend et, par voie de conséquence, gêne.
Cela revient à dire qu’en dépit de tout ce qui se raconte à droite et à gauche, la CAN ne se joue pas seulement sur le terrain. Le pays organisateur, forcément, mettra son grain de sel, et c’est la règle du jeu.
On s’arrangera pour faire barrage à tous les concurrents potentiels qui pourraient entraver une éventuelle marche victorieuse. Au vu de la rivalité entre notre équipe et son homologue égyptienne, on fera tout pour que ce soit une rencontre dans une phase ultime pour éviter les surprises.
Bref, la CAN se joue aussi dans les coulisses en présence d’une CAF aux abois, dont bon nombre de ses membres sont sous menaces pour corruption, malversations et autres reproches que les autorités intéressées continuent à instruire. N’oublions pas que c’est le match de Radès qui a précipité les événements.
Même la Fifa n’y est pas allée par le dos de la cuillère et tout le monde s’accorde qu’il y aura des sanctions immédiatement après la CAN 2019. C’est donc de cette ambiance morose qui pèsera dans les coulisses que nous devons le plus nous méfier. Une méfiance qui dépasse le cadre rectangulaire verdoyant et qui nous intéresse particulièrement.
Trop de louanges amènent un chat à se prendre pour un lion
La seule note positive, il faudrait bien quand même terminer sur un minimum d’optimisme, nous vient des joueurs. A l’image de leur sélectionneur qui en connaît un bout sur ce qui se passe en Afrique, ils donnent l’impression de vouloir relever le défi. Ils en sont capables au vu de leurs qualités individuelles intrinsèques. Même collectivement, l’équipe tourne et surtout laisse transparaître cette confiance dans le geste et cette passion de se rendre utile pour l’équipe.
C’est un aspect positif qui a longtemps fait défaut et qui nous vient du professionnalisme des joueurs qui évoluent dans des compétitions où on ne badine pas avec les traînards.
Cela dit, si toutes les conditions endogènes sont garanties par une logistique de bon aloi, c’est l’aspect exogène qui nous inquiète, car nous aurons affaire à des vis-à-vis sans scrupules et qui nous ont donné des preuves tangibles de leur mauvaise foi.
Pour une fois nous espérons nous tromper.