Pictural et pittoresque, le palais d’Ennejma Ezzahra, ou encore l’œuvre du Baron d’Erlanger, a été bâti par le baron Rodolphe d’Erlanger (1872-1932) au pied du village de Sidi Bou Saïd. Lui servant de résidence durant sa vie, il a ensuite été occupé et pillé par les soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
Quelques années après la mort du fils de Rodolphe d’Erlanger, la baronne Edwina d’Erlanger le vend à l’État tunisien, qui en fait un musée. Depuis, a été conservée une grande partie de son mobilier d’origine, dont des peintures réalisées par Rodolphe d’Erlanger, et un coffre à trésor appartenant à Soliman le Magnifique.
Le palais s’étend sur une superficie de près de 3300 m2 et se classe comme la grande œuvre d’une vie, notamment celle d’un grand connaisseur et féru d’art et de cultures musulmanes, Rodolphe d’Erlanger.
Chef-lieu d’art et de culture, cet édifice illustre la culture pluridisciplinaire d’un grand peintre orientaliste, mélomane et grand connaisseur des traditions musicales arabes et orientales.
Siège du centre des musiques arabes et méditerranéennes, le Palais fait l’objet d’un livre d’art récemment édité par son conservateur Mounir Hentati. Intitulé «Treasures unveiled» c’est-à-dire «trésors dévoilés», cet ouvrage se veut le fruit de 20 ans de réflexion et de méditation sur un espace poétique où l’imagination imagine et s’enrichit perpétuellement de nouvelles images.
«Ce livre s’est, en quelque sorte, imposé à moi. Je le voyais comme un dû, une dette envers ce lieu où j’ai passé de grands moments de joie et d’enrichissement intellectuel pendant un peu plus de deux décennies, de jour comme de nuit, et où j’ai même passé des nuits blanches, parce qu’il fallait être là et veiller au grain lors du tournage de séquences de films», confie l’auteur dans des déclarations à la presse.
Pour lui, les 200 objets représentatifs des neuf chapitres du livre, notamment des instruments de musique, des tapis, des pièces décoratives en porcelaine, etc, renvoient à un parcours atypique et une vie aux péripéties peu ordinaires.
L’originalité de l’édifice provient donc de cette richesse d’être imaginé comme une puissance majeure de la nature humaine, pour ainsi ouvrir de nouveaux espaces de méditation et de réflexion sur l’espace et sa répartition par l’homme.
La maison des archives sonores tunisiennes, ou encore «Dar El Baroune» comme se plaisent à l’appeler certains fans et fidèles, a vu se produire de grands noms de la chanson tunisienne et arabe.
Mais l’on retient surtout les veillées ramadanesques qu’abritait le centre chaque année. Chant liturgique et musique soufie résonnaient dans ses quatre coins invitant les mélomanes à un voyage hors-pair.
Du temps du Baron d’Erlanger comme de nos jours, Ennejma Ezzahra reste un lieu incontournable parmi les lieux heureux de notre existence.