Reconnaissant la différence criarde de niveau en terme de qualités individuelles entre notre team national et la sélection du Brésil, l’ancien international des années 1980 croit en la capacité de nos joueurs de sortir un bon match, à condition de faire preuve d’abnégation et de discipline tactique.
Moncef Chargui présente le contexte du match de la sélection face au Brésil : «L’équipe nationale est entrée dans la dernière phase de sa préparation en prévision de la Coupe du monde. Cette journée Fifa intervient dans un contexte particulièrement difficile à gérer étant donné que c’est le début d’une nouvelle saison. Les différents championnats ont, certes, démarré, mais ne sont qu’à leurs débuts. De ce fait, les joueurs n’ont pas beaucoup de matches dans les jambes et commencent à peine à devenir compétitifs. Heureusement, d’ailleurs, que la majeure partie des joueurs convoqués pour ce rassemblement évoluent dans des championnats étrangers et ont quelques matches dans les jambes.C’est dans ce contexte que se jouent les deux matches amicaux de l’équipe nationale contre les Comores et le Brésil. Malheureusement, nous n’avons pas pu voir le match contre les Comores, vu qu’il n’a pas été télévisé et le petit résumé diffusé sur la page officielle facebook de la FTF ne nous permet pas de faire une analyse complète. Cela dit, même si les Comores n’ont pas le niveau des sélections qualifiées pour la phase finale de la Coupe du monde, la rencontre de jeudi dernier demeure, néanmoins, un bon test de préparation.
Les joueurs doivent se mettre en tête que du moment qu’ils endossent le maillot de la sélection, ils défendent les couleurs nationales quel que soit le niveau de l’adversaire. Et même s’il s’agit d’un match amical, c’est un devoir national qui dépasse le cadre sportif. Pour moi, chaque match de l’équipe nationale doit acquérir de l’importance aux yeux des joueurs». Et d’ajouter : «Sur le plan technique, je trouve que c’était insuffisant et trop peu d’avoir gagné contre les Comores par le plus petit des scores. C’est trop peu d’autant que nous aurons à affronter le Brésil, sachant que notre adversaire de demain vient de réaliser une large victoire devant le Ghana sur le score sans appel de 3-0. Cela ne doit pas nous empêcher de croire en nous-mêmes. Nous avons un bon groupe qui est discipliné tactiquement. Toutefois, le rapport de force balance en faveur du Brésil. C’est que la différence de niveau en terme de qualités individuelles est criarde entre notre team national et la sélection du Brésil. Mais sur un match, tout demeure possible à condition que nos joueurs fassent preuve d’abnégation et de discipline tactique».
L’extra-sportif, un facteur déstabilisateur
M. Chargui avance dans l’analyse technique : «Pour revenir au volet technique, notre sélection a démontré de belles choses ces derniers temps, mais pourvu que ce ne soit pas limité dans le temps comme ce fut le cas lors de la préparation du Mondial russe. Nous avons sorti de bons matches, notamment contre le Portugal et l’Espagne, pour au final, se faire malmener par la Belgique et concéder la plus large défaite de l’histoire du football tunisien en phase finale de la Coupe du monde (2-5). Même si nous avions perdu en amical contre l’Espagne, nous avons démontré un visage rassurant avant le Mondial russe. Contre le Portugal à l’époque, nous avions fait match nul, deux buts partout, ce qui n’était pas mal. Mais cela n’a pas suivi au premier tour en phase finale et la défaite contre la Belgique nous est restée en travers de la gorge. Le problème du joueur tunisien est qu’il ne supporte pas trop la pression des matches à grand enjeu alors qu’il joue bien, et est à son aise, lors des sorties amicales. La discipline tactique et la générosité sur le terrain : si nos joueurs préservent ces belles choses durant la phase finale du Mondial qatari, ils seront en mesure de présenter une jolie prestation et un visage rassurant qui fera honneur au football tunisien. «En ce qui concerne les nouveaux venus, Chaïm Djebali et Seïfallah Letaïef, nous ne sommes pas sûrs de leur valeur intrinsèque. Ils sont assez jeunes et auraient dû passer d’abord par la sélection nationale olympique avant d’accéder à la sélection A.
C’est injuste qu’on les fasse intégrer directement la sélection A, qu’on leur offre la possibilité de jouer la phase finale de la Coupe du monde alors que certains joueurs qui se sont donnés à fond pour qualifier l’équipe nationale au Mondial sont absents de la dernière liste de Jalel Kadri. Il ne faut pas léser ceux qui ont fait le job. Ceux qui ont contribué à la qualification à la prochaine Coupe du monde méritent tous d’être là».
La sélection est beaucoup mieux sans Khazri !
Notre invité conclut avec un aperçu général sur l’équipe de Tunisie : «Pour être réaliste, se qualifier au deuxième tour devant la France, le Danemark et l’Australie est quasi-impossible. Peut-être qu’avec de la discipline tactique et que si Khazri joue en sélection comme il le fait en Ligue 1 française, on serait capable de présenter un bon visage au Qatar. Toutefois, et c’est mon avis personnel, j’ai trouvé la sélection beaucoup mieux sans Khazri. Sans lui, elle a livré une meilleure prestation, car beaucoup de joueurs se sont libérés. Sans le sociétaire de Montpellier, l’équipe de Tunisie a remporté la Kirin Cup. On a vu une équipe de Tunisie qui s’exprime mieux sur le terrain avec des joueurs, qui ne sont pas forcément des vedettes, mais qui jouent suivant leurs moyens. Je pense que si Khazri était là, on n’aurait peut-être pas remporté la Kirin Cup contre le Japon.
Je trouve, d’ailleurs, qu’il y a trop de joueurs-patrons dans l’équipe nationale. Si on veut réussir notre mission demain soir contre le Brésil qui constituera pour nous un test grandeur nature en prévision de nos sorties au Mondial face à la France et au Danemark (L’Australie ayant un niveau proche du nôtre), il faut que les joueurs ferment les yeux sur les analyses et les commentaires publiés sur les réseaux sociaux. J’ai lu dernièrement que la France a beaucoup perdu de sa force à cause des blessures à répétition. Je répondrai qu’elle vient de battre l’Autriche. Pour finir, je trouve que le Brésil est un excellent sparring-partner. Je préfère prendre le risque de subir une raclée contre le Brésil et faire une bonne Coupe du monde que le contraire», a-t-il conclu.