Les génériques, qui sont des médicaments fabriqués localement, pour être des équivalents à ceux importés et 30% moins chers, sont pourtant déconsidérés par les patients tunisiens. Au grand dam des pharmaciens…
La pénurie de médicaments s’ajoute à la longue liste de pénuries en tout genre. Mais celle-ci inquiète particulièrement, parce que si les patients ne peuvent plus se soigner, alors qu’il n’est pas acquis qu’ils aient encore les moyens de le faire… où va-t-on ?
721 médicaments en rupture de stock
Plusieurs médicaments, notamment pour traiter les maladies chroniques, sont toujours introuvables dans les pharmacies, les officines et les hôpitaux. Depuis mars dernier, Nadhem Chakri, président de l’Association des pharmaciens, révélait que 721 médicaments sont en rupture de stock en Tunisie ou difficiles à obtenir dans les pharmacies privées. Sauf que pour la Pharmacie centrale, seulement 7% des médicaments sont en rupture de stock, qui dispose d’un stock en médicaments couvrant trois mois.
Comme pour ajouter aux maux des pharmaciens, les Tunisiens ne veulent pas recourir aux génériques redoutant, à tort, leur efficacité. Il est admis que les médicaments génériques peuvent contenir des excipients différents de ceux du médicament de référence et peuvent ainsi avoir une formulation, sans excipient à effet notoire, contrairement à celle du médicament de référence. Mais par les temps qui courent avec la crise économique et des finances exsangues qui sautent aux yeux, n’est-ce pas un luxe de prétendre bénéficier de médicaments de référence, malgré l’avis favorable du médecin ? Comment distinguer un générique d’un médicament de référence ? En fait, c’est le pharmacien qui est habilité à reconnaître ces médicaments génériques si ce n’est carrément la vocation du spécialiste, notamment pour les maladies chroniques. Malgré tout, les malades font des pressions sur leurs médecins pour obtenir des médicaments de référence, comme s’ils pouvaient faire aisément la distinction. On marche vraiment sur la tête !
On regrettera de ne pas avoir pu contacter Nadhem Chakri, malgré tout, pour en savoir davantage sur les spécificités de la pénurie actuelle. De façon générale, les pharmacies font moins recette qu’auparavant avec la concurrence des parapharmacies qui leur piquent des parts de marchés sur certains produits non médicamenteux. Du coup, ça se corse pour le patient qui a droit à des médicaments au rationnement…
Des prescriptions pour un mois
Déjà que les prescriptions médicales qui mentionnent un traitement de trois mois sont revues à la baisse par les pharmaciens, le patient n’est pas au bout de ses peines. Il doit prendre son mal en patience justement. Celui qui veut se faire rembourser par son assurance ou mutuelle n’aura droit qu’à un mois de traitement !
Le secteur pharmaceutique traverse une conjoncture difficile pour toutes les raisons précitées ; concurrence des parapharmacies, faibles ventes de génériques, pénurie de médicaments et bien plus encore. La Pharmacie Centrale est prise de vitesse par cet enchaînement de difficultés qui s’amoncellent et tente de colmater les brèches pour mettre fin à la pénurie de médicaments, surtout pour les maladies chroniques.