Le projet «Entrepreneuriat et Lien social en Tunisie» ( EnLien), financé par l’Agence Française de Développement et mis en œuvre par la Caisse des Dépôts et Consignations tunisienne, avec l’assistance d’Expertise France, touche à sa fin après 48 mois d’activités.
Une cérémonie de clôture du projet «EnLien», dans le cadre du partenariat entre la CDC et le Groupe «AFD» en faveur de l’entrepreneuriat en Tunisie, s’est tenue récemment, à Tunis. Le projet «Entrepreneuriat et Lien social en Tunisie» ( EnLien), financé par l’Agence Française de Développement et mis en œuvre par la Caisse des Dépôts et Consignations tunisienne, avec l’assistance d’Expertise France, touche à sa fin après 48 mois d’activités.
L’objectif de cette cérémonie est de renforcer les liens entre les écosystèmes entrepreneuriaux tunisiens et français. Dans ce contexte, l’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant, a ouvert la cérémonie en déclarant que le chômage et l’emploi précaire, qui concernent plus de 200 millions de personnes à travers le monde et touchent particulièrement les jeunes et les femmes, font partie des principaux défis de notre temps.
Inadéquation entre l’offre de formation et le marché de l’emploi
Dans de très nombreux pays et malgré l’existence de secteurs à fort potentiel d’affaires et d’emploi, l’inadéquation entre l’offre de formation et le marché de l’emploi reste importante, tandis que les entreprises informelles peinent à proposer des emplois décents et durables. La Tunisie n’échappe, malheureusement, pas à cette réalité, puisque la problématique de l’insertion professionnelle des jeunes, quel que soit leur niveau de formation, constitue une source de préoccupation majeure. «L’enjeu est d’autant plus important que le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois se double de fortes disparités territoriales et de genre, avec des taux de chômage particulièrement élevés dans les zones rurales et chez les femmes», a assuré Parant.
Les Nations unies ne s’y sont pas trompées en consacrant à ce défi mondial l’un des objectifs de développement durable. Il s’agit de l’ODD 8, qui s’intitule « promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous».
En d’autres termes, il s’agit d’encourager une croissance économique soutenue par des actions consistant à renforcer la productivité et à stimuler l’innovation technologique. Pour y parvenir, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques axées sur le développement, qui favorisent les activités productives, la création d’emplois décents, l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation, qui stimulent la croissance des micro-entreprises et des PME et facilitent leur intégration dans le secteur formel, y compris par l’accès aux services financiers.
Au cœur des priorités bilatérales
Par ailleurs, le Comité interministériel de la Coopération internationale et du développement (Cicid) de 2018 a décidé de renforcer son effort de coopération en matière d’éducation, d’enseignement supérieur et professionnel, de recherche et d’innovation, au profit de l’employabilité des jeunes.
Ce sujet est au cœur des priorités bilatérales et avait fait l’objet d’une annonce par le Président Emmanuel Macron, lors de sa visite d’Etat en Tunisie en janvier 2018. L’engagement pris consistait à mobiliser 50 millions d’euros sur trois ans pour lutter contre le chômage des jeunes, via la promotion de l’entrepreneuriat et le soutien aux initiatives innovantes. Il reposait sur trois axes, à savoir : développer des formations courtes à forte employabilité, notamment dans le numérique, accompagner les initiatives entrepreneuriales de la jeunesse et augmenter les capacités de financement des startup.
André Parant a révélé également que «le projet «EnLien» qui nous réunit s’est inscrit dans le cadre de cette initiative baptisée « Jeunes Entrepreneurs en Tunisie» (JET), dont le financement a été confié au Groupe AFD. En fait, sans trop de parti pris, et puisque le moment est venu d’en dresser le bilan, «En Lien» constitue l’une des plus belles réussites de JET, dans la mesure où ce projet a réellement contribué à dynamiser l’écosystème à travers divers appuis. Financé grâce à un don de 5 M€ de l’AFD, le projet a été mis en œuvre par la CDC avec l’appui technique d’«Expertise France». Il a notamment bénéficié aux associations «Initiative Tunisie» : entreprendre, pour développer l’offre de prêts d’honneur en faveur des startup et PME, en particulier dans les gouvernorats du centre et du sud de la Tunisie».
Ainsi, le projet «EnLien» a permis de soutenir cinq initiatives entrepreneuriales : «Souk El Kahina», «Afkar», «Start’Act Business Accelerator», «Réseau Entreprendre Tunisie» et «Initiative Tunisie». A travers ces différents programmes, plus de 3.000 entrepreneurs ont été accompagnés et plus de 2.000 emplois ont été créés. Il est a rappeler que le projet «Souk El Kahina», de l’ONG «Enda interarabe», vise à structurer un réseau de circuit court de production et de vente de produits maraîchers-agricoles, en créant le premier label de commerce social et équitable tunisien.
Le projet a permis à l’Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (Apii) de renforcer son réseau de 28 pépinières publiques.
Des entrepreneurs et agriculteurs accompagnés et formés
«EnLien» a permis de soutenir techniquement plus de 500 projets, dont 309 ont été directement financés. Plus de 250 startup ont par ailleurs été créées. Mais au-delà des chiffres, ce sont surtout des femmes et des hommes, entrepreneurs et agriculteurs, qui ont été accompagnés et formés pour devenir des contributeurs à ce fameux ODD 8. «EnLien» a été une réussite mais ne constitue pas une fin en soi. « La France continue à soutenir cet écosystème. C’est le sens de notre engagement dans le nouveau programme «Fast» qui vise à soutenir des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat, en cohérence avec les besoins du secteur, afin de participer à la lutte contre le chômage des jeunes et de dynamiser l’entrepreneuriat notamment féminin», a indiqué l’ambassadeur de France en Tunisie.
«FAST» est un projet qui vient perpétuer un partenariat solide, initié depuis plus de cinq ans, en faveur du soutien à l’écosystème entrepreneurial tunisien entre la CDC et le Groupe AFD, qui célèbre, en 2022, son trentième anniversaire de présence dans le pays.
En 30 ans, le Groupe a financé 200 projets et programmes en Tunisie, pour un montant d’environ quatre milliards d’euros, dont 700 millions d’euros ont été affectés à des actions en faveur du secteur privé. «Nous veillerons à ce qu’il fasse encore davantage au cours des prochaines années, et je me réjouis, à ce titre, de l’arrivée au sein du groupe, depuis quelques mois, d’une nouvelle entité exclusivement dédiée au soutien de l’entrepreneuriat innovant en Afrique», a conclu l’ambassadeur.