Les dernières élections municipales ont donné au pays des résultats hétéroclites et mis à la tête de nos mairies des conseils généralement incapables de concrétiser les promesses faites aux électeurs. Les élus se livrent, continuellement, une lutte pour le pouvoir et une recherche effrénée pour atteindre des objectifs personnels ou partisans.
Au lieu de se focaliser sur les besoins des quartiers et des villes dont ils ont la charge, les conseils municipaux passent leur temps à s’invectiver et à s’accuser les uns les autres d’on ne sait quelle faute. Ils laissent, ainsi, les villes crouler sous le poids des ordures et des divers fléaux écologiques.
Le cadre de vie des Tunisiens ne s’en est pas amélioré. Il devient de plus en plus difficile de supporter les conditions dans lesquelles on se trouve. Ce que l’on constate au quotidien ne fait que confirmer l’avis général des citoyens sur l’incapacité de la majorité des conseils municipaux à trouver la solution aux nombreux problèmes que vivent les habitants des diverses municipalités.
Pour la plupart, ces élus ne sont pas connus. Ils ne se manifestent pas. On ne les connaît pas, faute de présence sur le terrain. Leurs programmes (si programmes il y a) ne sont pas exposés au large public. La communication avec les citoyens n’est pas leur préoccupation. L’écoute de leurs doléances est le dernier souci des élus. Bien sûr, il n’y a que les activités ordinaires qui continuent d’être menées avec plus ou moins de bonne volonté de la part des agents municipaux. Quant à l’essentiel, c’est-à-dire la contribution à réaliser de vrais projets susceptibles d’améliorer les conditions de vie et d’hygiène dans les villes, il ne semble pas être une urgence.
On a, surtout, l’impression que la priorité est donnée à d’autres préoccupations très éloignées des attentes des simples administrés. Ce que vivent certains conseils municipaux à travers le pays montre que le modèle pour choisir les édiles n’est pas à la hauteur et qu’il a besoin d’être revu pour les prochaines élections municipales. En effet, il est déplorable de voir ces luttes entre les membres d’un même conseil sur des sujets qui n’ont, nécessairement, aucun rapport avec les intérêts directs d’une agglomération et de ses habitants. C’est alors que des élections partielles ou non sont organisées par l’Isie en raison des démissions en cascade de certains élus ou même de tout un conseil. Durant ces dernières années, l’Isie a été obligée d’organiser plusieurs élections de ce genre pour remplacer les partants.
Coût des élections
Ces gens savent-Ils que des élections coûtent énormément d’argent au contribuable ? Ce sont des dizaines de milliards de millimes qui sont, ainsi, jetés par la fenêtre pour le simple caprice d’un élu ou d’un certain nombre d’élus non contents du cours des choses. Se présenter à des responsabilités locales n’est pas un jeu. C’est une question de citoyenneté et de sens du devoir envers sa communauté. Malheureusement, des personnes malintentionnées ont exploité les nombreuses failles de la loi électorale pour s’infiltrer dans les rouages de l’Etat et le miner de l’intérieur. Exactement comme cela a été le cas pour les députés.
A peine délivrés du système des délégations spéciales et des catastrophes subies au cours de leur gestion des affaires locales que nous sommes tombés dans un autre système plus désastreux.
Notons que ces démissions de la part de nombreux élus s’expliqueraient par l’incapacité des personnes concernées à s’acquitter de leur tâche ou de l’absence d’homogénéité entre les composantes du conseil municipal ou les luttes entre les partis politiques en place.
En tout cas, cet état des choses reflète la défaillance du système électoral qui a mené ces gens à la tête de nos municipalités. Il ne s’agit pas d’une partie de plaisir ou d’un jeu. Se présenter à des élections locales est une façon citoyenne de s’investir dans des efforts en commun pour le bien de tous. C’est une action, surtout, volontaire.
Or on assiste régulièrement à des faits des plus inattendus à tel point qu’on a l’impression que ces élus ou certains d’entre eux ne sont là que pour faire obstacle à tout travail de promotion et de développement.
Des ouvrages sans la moindre utilité
On ne peut d’ailleurs que s’étonner de l’attitude de ce président de municipalité qui se dit outré de voir le Chef de l’Etat venir faire sa prière dans une mosquée relevant de sa circonscription sans l’avertir ! Ce qu’il considère comme un abus !
Ce même président effectue des travaux d’embellissement dans l’une des plus belles villes de la banlieue nord sans tenir compte du moindre goût de l’esthétique ou de l’avis des habitants de cette ville. On peut voir alors un “avion” posé sur une colonne au milieu d’un carrefour de grand trafic automobile et face à cet objet bizarre une représentation imitant un monument (la Porte des Maghrébins) dans les territoires palestiniens. Est-ce une urgence de réaliser de tels ouvrages ? N’y a-t-il pas plus important, notamment dans des zones déshéritées de cette ville ?
On ne peut non plus passer sous silence l’opposition farouche de cette autre municipalité au passage de la ligne du Rfr (Réseau ferroviaire rapide) et son véto au tracé existant.
D’autres bizarreries sont répertoriées quotidiennement lorsqu’on voit des conseils entiers interdire l’accès à des décharges sous prétexte qu’elles portent atteinte à la santé des habitants. Pourtant, les municipalités sont prises entre deux feux. D’un côté, elles doivent débarrasser les villes des ordures dans un endroit aménagé et de l’autre on leur ferme la possibilité d’exploiter un terrain pour cet usage. On invoque, de la sorte, la question de la protection de l’environnement ou de l’esthétique de centres urbains à tort et à travers.
D’autres municipalités sont, quasiment, aux abonnés absents et prétextent le manque de moyens, de personnel et de matériel. En somme, ils ne sont là que pour marquer leur présence ou profiter de leur position pour réaliser des intérêts personnels ou pour leurs proches.
Travaux suspects
Il est donc évident que l’action municipale rencontre, actuellement, de grandes entraves. Les différents responsables n’ont pas réussi à leur trouver les vraies solutions parce que des intérêts multiples sont en jeu. Nos municipalités sont, carrément, livrées à des débutants, à l’exception de quelques rares compétences et de gens de bonne volonté.
Car quand on regarde ce qui se passe dans certaines villes, on ne peut que s’interroger sur l’opportunité de certaines “réalisations”. On ne parvient pas, justement, à comprendre pourquoi dans de nombreuses municipalités, on procède, à plusieurs reprises, au cours de l’année à la taille des arbres ou au badigeonnage des bords des trottoirs. Certes, cela contribue à donner un bel aspect aux artères de la ville, mais n’est-ce pas un travail de trop par rapport aux besoins réels. Le travail des agents est, parfois, mal organisé ou mal contrôlé. Les chantiers ouverts durent une éternité pendant que les matériaux de construction à utiliser sont abandonnés durant de longues périodes (pavés, sable…) sur la voie. Ils sont livrés aux voleurs et exposés à tous les risques.
Devant les vraies exigences, ces travaux peuvent attendre, notamment quand on sait qu’on peut considérer cela comme un gaspillage de l’argent public. De plus, le moment est mal choisi pour entreprendre des travaux d’embellissement dans une conjoncture économique désastreuse.
Si ces travaux, apparemment sans utilité, continuent c’est le signe qu’il y a anguille sous roche et que des enquêtes devraient être menées pour s’assurer des dépenses et des fonds qui sont ainsi investis. Car il n’est pas normal de voir se dérouler des travaux sans la moindre urgence, alors que les citoyens veulent une meilleure qualité de services et plus de propreté dans leurs villes.
Tout ceci dans l’attente d’une réforme sérieuse des dispositions qui organisent les élections. Il n’est pas normal que, par exemple, on enregistre automatiquement les personnes en âge de voter. Ce doit être une action volontaire car il y a de grosses conséquences sur le budget qui sera dépensé pour l’opération. Le nombre de bulletins de vote (et tous les autres outils administratifs) doit être alors égal ou supérieur au nombre de votants (plus de 9 millions). On sait qu’il y aura des millions de bulletins qui ne seront pas utilisés. Du gaspillage pur ! Et pas seulement, à ce niveau !
La question est, vraiment, d’actualité s’agissant de l’instance qui doit organiser les différents scrutins. Faut-il poursuivre sur la même voie qu’aujourd’hui ou confier de nouveau cette affaire au ministère de l’Intérieur comme cela se fait dans de nombreux pays ?
L’existence de ces innombrables instances et organisations ne fait que compliquer le travail et constitue un lourd fardeau pour le budget de l’Etat. Les soi-disant craintes d’élections frauduleuses ou truquées n’ont plus droit d’être avec cette armada d’ONG qui observent et qui défendent tout.