Accueil A la une Cherté de la vie : Les moyens manquent, la joie de vivre aussi !

Cherté de la vie : Les moyens manquent, la joie de vivre aussi !

 

Cherté de la vie Les moyens manquent, la joie de vivre aussi !

L’augmentation exubérante des prix représente, certes, un phénomène économique mondial. Toutefois, en Tunisie, la situation commence à être étouffante. Le budget des ménages ne suffit quasiment plus aux nécessités les plus élémentaires. Le panier de la ménagère, à lui seul, se taille  la part du lion des salaires, et ce, en dépit de son allégement prémédité…Interrogés sur la situation, les Tunisiens ne cachent pas leur inquiétude sur l’avenir.

Mabrouk Ben Ayed, retraité, vit avec son épouse et son fils cadet, âgé de 26 ans. Ces trois mangent le même plat sur deux jours. Ce choix revient à l’esprit économe qu’impose le budget familial. «Dans les années 80, mon salaire ne dépassait point les 83 dinars. Et pourtant, on ne manquait de rien. Aujourd’hui, les prix grimpent à vue d’œil, avec un rythme frénétique. Le paquet de sel coûte 750 millimes. Son prix était de 500 millimes il y a quelques semaines. Le lait de second choix, dont le litre est fixé à 1d 350, n’est pas disponible. Seul le lait de premier choix, coûtant 2d 200 est vendu dans les supermarchés et dans les épiceries avant d’entrer de plain-pied en pénurie. Le prix de quatre œufs s’élève à 1d 500. Sans parler de la viande dont le prix atteint 35 d», indique-t-il, un sourire ironique aux lèvres. Et d’ajouter que même le prix de certains médicaments a augmenté de 50%.

La pénurie des médicaments est intolérable !

«Outre l’augmentation des prix et des factures d’eau et d’électricité, le problème des pénuries complique la vie des Tunisiens. C’est que notre marché n’a jamais manqué de quoi que ce soit. Aujourd’hui, des produits élémentaires y font défaut. Même des médicaments, préconisés pour traiter des maladies chroniques, sont indisponibles, ce qui est intolérable», renchérit-il. Pour Mabrouk, le budget familial dispose de trois priorités absolues, à savoir l’eau, l’électricité et les médicaments. L’alimentation vient en quatrième position… «Nous sommes à l’époque où, pour vivre en Tunisie, il faut gagner 4.000 d par mois», conclut-il abasourdi.

Y a pas de quoi manger…

Mme Chihaoui travaille comme cordonnière dans l’échoppe de sa mère. Elle remercie Dieu pour avoir la chance d’être affiliée à une assurance et d’avoir de quoi vivre dans la dignité. «Mon mari travaillait à la banque, ce qui lui a valu une retraite respectable. Vivant seule avec mon mari, j’arrive sereinement à gérer mon budget selon nos besoins. Cependant, ce n’est pas le cas de tous. La cherté infernale de la vie voue bon nombre de Tunisiens à la précarité. Je connais une famille qui n’a pas le sou pour manger. Nous nous débrouillons, ainsi que certains voisins, à lui fournir ce dont elle a besoin, notamment la nourriture, les médicaments et autres nécessités», poursuit-elle. Mme Chihaoui a appris à serrer la ceinture au fil des années même dans l’approvisionnement en outils de travail. Elle avoue qu’elle n’achète plus le fameux bidon de cinq kilos de colle, dont le prix dépasse 45 d et se contente de seulement un kilo acheté à 11 d. «Même les clous sont devenus cher. Leur prix est passé de 5 à 24 d le kilo», fait-elle remarquer.

Décevant!

Célibataire, Wajdi Amri travaille dans une banque et gagne un salaire qui devrait lui permettre, en tant que jeune, de bien vivre, tout en épargnant de l’argent pour l’avenir. Pourtant, en dépit de l’absence de charges familiales, Wajdi se contente de vivre au jour le jour. En effet, sur un ton désenchanté, ce jeune homme ne décèle aucune motivation pour envisager une vie meilleure : «Tout est devenu trop cher. Produits alimentaires, carburant, vêtements, leur prix a triplé en si peu de temps». Mise à part la situation purement économique, confie-t-il, le climat social est tel qu’il ne stimule aucune initiative privée. Wajdi figure parmi les jeunes frustrés et délestés de la joie de vivre, et ce, en dépit de sa stabilité financière. « Personnellement, l’idée de me marier et de fonder une famille me semble absurde dans un contexte aussi défavorable. Pour l’éducation des enfants, le Tunisien se trouve dans l’obligation de recourir au secteur privé et de dépenser d’énormes sommes d’argent. Pour acheter du pain, il faut que le boulanger ne soit pas en grève. Pour nourrir son enfant, il faut que les produits alimentaires élémentaires ne soient pas en pénurie, ce qui n’est plus évident dans notre pays… La précarité dans la société tunisienne s’avère être de plus en plus inquiétante. Il y a des gens qui ont faim et même des salariés vivant dans l’angoisse», explique-t-il, le regard terne.

La cherté de la vie et l’érosion du pouvoir d’achat poussent les Tunisiens à serrer la ceinture et, par la force des choses, devenir de plus en plus économes. A contrecœur ! Et encore, cette situation opprimante tend à s’aggraver, nourrie par d’autres fléaux dont la pénurie des produits de consommation, l’absence de perspectives et un dénouement qui tarde à venir.

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