Accueil A la une L’attaquant-buteur : une race en voie de disparition… : Il y va de l’attractivité du football

L’attaquant-buteur : une race en voie de disparition… : Il y va de l’attractivité du football

La piètre prestation de Khazri face à l’Angola, aussi méconnaissable que le reste de ses camarades, (cela n’a pas empêché les «observateurs» de l’élire meilleur joueur du match !) a remis à l’ordre du jour le poste d’avant-centre, qui semble faire défaut au sein de la formation tunisienne qui a mal entamé cette CAN.

Bien entendu, nous demeurons convaincus que l’équipe de Tunisie a joué son plus mauvais match depuis des années. Difficile d’enregistrer pareille façon d’évoluer à l’occasion des prochaines sorties, mais nous avions attiré l‘attention sur les difficultés qui guettaient une équipe, elle-même attendue et que certains observateurs donnaient… favorite pour jouer les premiers rôles.

Chaque fois que l’attaque ne tourne pas, on revient à cette question qui n’est plus que relative au sein du football moderne. Il n’y qu’ à voir le total des buts marqués par notre meilleur buteur de la saison pour se rendre compte de l’acuité du problème.

En Europe, dans le monde, on marque de plus en plus de buts et ce ne sont pas les avants-centres qui en réalisent le plus. Toute l’équipe tourne et cela rejaillit sur le rendement global de l’ensemble qui offre spectacle et sensations fortes.

Le football tunisien n’est pas le seul à se plaindre de ce manque de buteurs patentés. Et c’est pour cette raison que l’on s’arrache les «buteurs». Des hommes qui sont capables de finir un travail collectif et de  secouer le reste de leurs camarades par des prouesses techniques individuelles qui arrivent au bon moment.

Les performances de nos buteurs

Il y a forcément des jeunes qui promettent mais, à part un ou deux joueurs qui se montrent assez réguliers à la pointe de l’attaque de leurs équipes, nous voyons peu d’éléments en passe de percer à ce poste d’avant-centre. D’ailleurs, le football tunisien recherche chez nos voisins ou en Afrique subsaharienne des éléments capables d’être à la pointe de l’attaque.

De toutes les façons, il n’y a à notre sens que deux moyens pour avoir des «avants-centres»: la prospection et, bien entendu, la formation.

Au niveau de la prospection, il ne faut jamais perdre de vue que nous prospectons au sein d’une population de douze millions de personnes des deux sexes. Tous ne sont pas footballeurs! Certes, il y a des nations qui comptent une population équivalente à la nôtre, mais qui font des merveilles. Des résultats qu’ils obtiennent grâce à leur organisation au niveau des clubs, des jeunes et, bien entendu, des centres de formation où l’on retrouve de grands entraîneurs-formateurs. Des hommes qui ont le coup d’œil, savent communiquer et surtout transmettre leur savoir. Cela revient à dire que le système de formation est important !

Le sens du but

L’avant-centre est un joueur qui doit marquer des buts. Il est le plus proche de la zone de vérité adverse. Il doit être sûr de lui, difficile à intimider pour remporter ses duels, explosif pour prendre de vitesse les défenseurs, avoir le «sens du but» pour sentir l’endroit où va tomber le ballon.

C’est qu’un avant-centre joue un rôle extrêmement important. Pour jouer à la pointe de l’attaque, il faut être rapide, posséder un excellent jeu de jambes, une puissance de tir, un sens poussé pour bien organiser le jeu. Un attaquant n’obtient que quelques occasions de marquer pendant une partie, mais sa mission principale consiste à faire l’impossible pour transformer ces occasions en buts.

Tout un programme

Il y a des joueurs qui sont doués. Nous nous souvenons tous de Hassen Baayou qui, une fois lancé sur le terrain, marque des buts. Mais le don, même s’il est naturel, exige un travail sérieux pour affûter les gestes. Un avant-centre n’a pas beaucoup de temps devant lui. Il n’a en fait droit qu’à un maximum de deux touches de balle. La première pour se mettre en position et la seconde pour déclencher son tir. D’où ces qualités techniques, physiques et mentales que l’on exige d’un jeune que l’on met à ce poste.

L’évolution du football

Il n’en demeure pas moins que le football a énormément évolué. On se rappelle que la supériorité de l’Italie a consacré le jeu défensif. L’Espagne en Afrique du Sud a instauré l’avènement d’une philosophie de jeu basée sur la possession du ballon, la passe courte et la récupération rapide de la balle. Sans oublier l’Ajax et le football total où tout le monde bouge, attaque et se replie.

En l’absence d’avants-centres incisifs, et… de pourvoyeurs de balles venant de l’arrière, les avants-centres sont obligés de revenir et de participer au jeu. Ils sont, tout comme les autres joueurs de l’attaque, d’abord les premiers défenseurs à la perte du ballon. Leurs qualités techniques doivent désormais leur permettre de participer au jeu. C’est une mutation qui a été imposée par l’évolution du football total qu’adoptent toutes les formations qui comptent. Le poste d’attaquant de pointe a, de ce fait, évolué. Il s’insère de plus en plus dans le jeu, au point qu’il est devenu un milieu offensif supplémentaire.

Khazri qui n’a jamais été avant-centre a été mis à ce poste à Saint-Etienne, mais c’est un joueur qui a réussi à se transformer en buteur mais également en passeur décisif, en homme qui fait marquer son équipe.

Karim Benzema, qui s’est transformé en pivot, (encore une évolution de ce poste), avait pour mission et s’était sacrifié pour mettre Ronaldo dans les meilleures positions de marquer, alors qu’il était l’avant-centre nominal. C’est lui qui décide s’il doit chercher la faute, conserver la balle pour permettre au bloc de remonter, ou opter pour la déviation à l’effet de créer le danger.

S’adapter et redéployer

De toutes les façons, un technicien digne de ce nom, à forte personnalité, rapide dans la lecture du jeu, sait s’adapter. Il a toujours la possibilité de transformer la façon de faire évoluer son équipe en fonction des éléments dont il dispose. Il peut redéployer l’un ou l’autre de ses joueurs, tout en s’accommodant des conditions qui lui sont imposées par son effectif ou les conditions du jeu. Nagy avait conçu le jeu du Club Africain autour de Hédi Bayari. Chétali savait que Dhiab et Agrébi pouvaient se compléter et évoluer dans un même schéma. L’équipe en avait tiré les meilleurs résultats.

Lorsqu’on possède un effectif riche en individualités de marque, on ne se laisse pas intimider par les absences ponctuelles.

Le plus souvent, ces «montages», que les entraîneurs concoctent, aboutissent sur des formules qui font merveille et qui relancent parfaitement le jeu d’une équipe.

Avoir un bon avant-centre, c’est parfait, mais ne pas en avoir et en attendant d’en trouver un, le football étant un jeu collectif, il y a le «tour de main» de l’entraîneur qui impose la solution tout en évitant à l’ensemble de mauvaises surprises.

Lemerre a usé de ces «tours de main» pour pallier les absences et les blessures. Il a réussi là où Zvunka, mal soutenu, a échoué.

Il faut, bien entendu, beaucoup d’expérience et une forte personnalité. Mais là, c’est un tout autre problème.

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