« Quand le bâtiment va, tout va ! », a-t-on l’habitude de dire, pour s’en servir comme un véritable indicateur d’évolution et de prospérité. Sur le plan social, c’est bien un signe de richesse et de bien-être.
Des données en fonction desquelles se joue le jeu de l’offre et de la demande dans un marché immobilier, le plus souvent fluctuant et spéculatif. Aussi, peut-on dire qu’il s’agit, là, d’un secteur basique qui détermine, en quelque sorte, l’état de santé de l’économie, notamment en termes de croissance, de développement et d’investissement.
Cela signifie, également, que son poids sur ses dérivés n’est plus à démontrer. Ceci étant, on ne l’a jamais évoqué, sans tenir compte d’activités y étroitement liées, sous une même nomenclature BTP (Bâtiment et travaux publics). Ce qui fait que menuiserie, peinture, plomberie, génie civil, architecture, électricité, transport et bien d’autres métiers gravitent autour de cette filière bâtiment. Celle-ci correspond à la construction d’ouvrages et de bâtisses (bâtiments résidentiels et non résidentiels, usines, routes et voies ferrées…), dont l’œuvre d’aménagement et de finalisation entre dans le champ des travaux publics qui vont de la maçonnerie à la charpente. A ce niveau, monte tout un créneau porteur à très forte employabilité, où s’entremêlent d’autres branches d’activités qui ne sont pas de moindre importance.
Et pourtant, il garde sa position !
Ce secteur, alliant authenticité et modernité, est perçu comme fer de lance qui fait fonctionner l’appareil économique. Il compose l’un des piliers de la croissance en Tunisie. Selon les statistiques de l’INS et d’autres données recoupées, ce secteur réalise un chiffre d’affaires annuel moyen à hauteur de 5 milliards de dinars, contribue à environ 7% du PIB, soit une baisse de 19% par rapport à l’an 2000. Et pourtant, il se taille une part de marché pour être placé au 4e rang sectoriel. Il participe à raison de 25% des investissements globaux du pays, avec 2.800 entreprises, dont 100 emploient plus de 100 employés permanents. Il favorise plus de 520.000 postes d’emploi directs, d’autant qu’il possède un potentiel important en matière de services à l’exportation. Mais, pas suffisant. Selon des experts, ce secteur ne draine qu’un volume de 1,7 milliard de dinars d’engagements à l’export. Juridiquement parlant, il y a trois textes de lois l’organisant, dont celui relatif à la règlementation des marchés publics. Ce qui n’est pas toujours évident. Car, certaines concessions liées aux travaux publics ont été accusées de corruption. Et que certains magnats de l’immobilier font encore la loi.
Sans scrupule !
Et pourtant, le marché du bâtiment est resté, quand même, tributaire de plusieurs facteurs : la conjoncture économique, les comportements des promoteurs publics et privés, le coût des matériaux de construction, le pouvoir d’achat des ménages, la main-d’œuvre qualifiée et l’expansion urbaine. Autant de paramètres qui échappent, parfois, aux entrepreneurs eux-mêmes. Après la révolution, le secteur a commencé à filer du mauvais coton, en raison d’émeutes sporadiques, climat d’affaires à haut risque, modalités d’octroi des marchés, corruption à tous les étages, hausse des matières premières, financement bancaire, modes des règlements et rareté de la main-d’œuvre qualifiée. Un constat qui fâche, suscitant mécontentement et désarroi, au point de laisser entendre parler d’un secteur en muette agonie. Idem pour les travaux publics, parfois conclus sous l’emprise des marchés suspects. Dans l’opacité totale.
Défis à relever
Pour rappel, certains disaient que l’investissement privé en matière de BTP en Tunisie a commencé, depuis des années, à perdre de sa force, suite à une crise due essentiellement au fardeau bureaucratique et à d’autres procédures administratives qui trainent en longueur. Il en était de même pour les travaux de reconstruction et de réaménagement, dont le volume est difficilement quantifiable.
La Fédération nationale des entrepreneurs de bâtiment et de travaux publics avait, déjà, réagi, mettant en avant un nombre de défis à relever, dont, entre autres, la flambée des prix des matières premières, la spéculation et le manque de financement. D’après des économistes, il existe deux pistes de salut. D’abord, la rationalisation de gestion de la dette extérieure tunisienne, dont une infime partie a été orientée vers le financement des projets de développement. La deuxième issue consiste en la conquête de nouveaux marchés étrangers, avec le soutien de l’Etat. C’est là le souci majeur de nos entrepreneurs.
Entre-temps, la filière nationale du BTP s’est trouvée, après la révolution, fort sollicitée, suite aux dégâts occasionnés en matière d’infrastructure et de biens publics. Ainsi, la reconstruction a été au centre des préoccupations nationales. Cet intérêt porté au secteur est de nature à faire sentir, plus que jamais, le besoin d’un vrai partenariat public-privé. Cela pourrait, ainsi, donner au secteur plus de vitalité et de compétitivité, notamment sur le marché national. Et c’est là où s’impose la disposition d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Parallèlement, il y a aussi d’autres atouts de taille nécessaires à l’évolution du secteur : les contacts d’affaires entre professionnels et l’introduction de nouvelles techniques durables et plus économiques en énergie. Et l’éco-construction en est ainsi l’exemple édifiant. Cela dit, le secteur BTP est appelé à épouser son temps et faire, lui aussi, sa propre révolution.