Accueil A la une Chat GPT et Intelligence artificielle : Le monde est-il en train de créer un monstre ?

Chat GPT et Intelligence artificielle : Le monde est-il en train de créer un monstre ?

 

«Si nous choisissons, comme l’Italie par exemple, de prohiber l’utilisation de Chat GPT, nous risquons d’aggraver la fracture numérique», affirme le professeur Khaled Ghedira

L’intelligence artificielle n’est pas une notion nouvelle. Elle avait été pensée et créée dès les années 1950. Cependant, ces dernières années, elle est devenue une réalité qui semble prête à s’installer pour les décennies à venir, quitte à bouleverser le monde du travail, la vie de l’être humain, voire menacer le genre humain.

Dernièrement, l’intelligence artificielle, pour le commun des mortels, a un nom : elle s’appelle Chat GPT, un chat bot, incroyablement puissant, disponible gratuitement sur la Toile, et capable, a priori, de répondre à n’importe quelle question. D’ailleurs, j’aurais très bien pu demander à Chat GPT d’écrire cet article à ma place et passer le reste de ma journée à profiter du soleil et m’offrir le luxe d’une sieste ramadanesque.

Mais qu’est-ce que c’est au juste ce Chat GPT ? Contacté par le journal La Presse, le professeur Khaled Ghedira, universitaire et fondateur de l’Association tunisienne d’intelligence artificielle, nous explique qu’il y a eu plusieurs versions de Chat GPT, de plus en plus puissants. «Jusqu’à la version Chat GPT 3.5, il puise ses informations partout où il peut trouver en ligne ou des rapports ou tout autre document. Il les stocke, puis les utilise ». Actuellement, Chat GPT 4, contrairement aux précédents dont l’apprentissage s’est arrêté en 2021, est en train de mettre à jour ses informations, et devient capable de communiquer des informations vraiment d’actualité.

C’est dire que les choses évoluent de manière impressionnante.

Quid de certains emplois ?

Pour notre interlocuteur, il est évident que l’apparition de ces intelligences artificielles aura un impact sur le monde du travail. Paradoxalement, nous explique le professeur Khaled Ghedira, l’un des métiers les plus menacés par Chat GPT et consœurs est celui de programmeur informatique. L’intelligence artificielle est en effet aujourd’hui capable, en un battement de cil, de fournir des «codes» nécessaires au développement de n’importe quelle application. Mais si le métier d’informaticien est menacé, que dire alors des autres métiers. Inquiet pour mon métier de journaliste, je demande au professeur qui me confirme que le journalisme peut également être menacé par l’intelligence artificielle.

Pour autant, il est hors de question pour Khaled Ghedira de céder aux appels au moratoire ou à l’interdiction de ce type d’intelligences.  «Si nous choisissons, comme l’Italie par exemple, de prohiber l’utilisation de Chat GPT, nous risquons d’aggraver la fracture numérique», précise le professeur. Pour lui, il serait donc judicieux d’accompagner le mouvement, tout en réfléchissant sur la manière de se protéger de la perversion de ces outils ultrapuissants. Il plaide notamment, depuis plusieurs années déjà, pour la création d’une commission réunissant l’ensemble des parties prenantes pour réfléchir et peut-être même légiférer tout cela.

Des problématiques auxquelles il faudrait réfléchir

Plusieurs questions sont à clarifier, nous explique l’universitaire, dont celle des sources qu’utilise ce type d’intelligences artificielles. En effet, lorsqu’il répond à une question, Chat GPT ne donne pas ses sources. D’un autre côté, Chat GPT pose la question des droits d’auteur, puisqu’il puise partout où il peut le faire sans se soucier des formalités. D’autre part, Chat GPT pose clairement la question de la confidentialité des informations et la préservation de la vie privée.

L’autre problématique à laquelle il faudrait réfléchir est celle de l’égalité des chances. Nous pourrions imaginer que dans un futur non lointain, ces outils deviennent payants (avec sans doute des versions gratuites de base). Dans ce cas, le gap se creusera entre pays pauvres et pays riches. A l’intérieur d’un même pays également, l’écart entre riches et pauvres ne serait-ce qu’en termes d’accès à l’information se creusera forcément. Selon la théorie de «la singularité numérique», l’intelligence artificielle va booster la croissance technologique de manière exponentielle et bouleversera la société humaine. Dès lors, c’est l’intelligence artificielle et non plus l’intelligence humaine qui assurera le progrès. Une superintelligence beaucoup plus puissante que l’intelligence humaine verra alors le jour, avec un risque, celui de la perte de contrôle de l’humain face à la machine.

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