Accueil A la une Conseils municipaux ou délégations spéciales ! : Bonnet blanc, blanc bonnet

Conseils municipaux ou délégations spéciales ! : Bonnet blanc, blanc bonnet

 

Les Tunisiens n’ont jamais vu leurs villes dans un tel état d’abandon et de laisser-aller qu’au cours de ces dernières années. La clochardisation sans précédent prend de l’ampleur au point que le citoyen ne sait plus à quel saint se vouer. Y a-t-il des lois ou est-ce la loi de la jungle qui prévaut?

L’action municipale est en constante régression et les abus de tous genres sont devenus une règle. Dans certaines cités, les dépassements sont tellement criants que l’on se demande si les conseils municipaux existent et font leur travail. Assistera-t-on à un changement radical à la suite de la dissolution des conseils  municipaux et leur remplacement par des délégations spéciales ? Les jours à venir nous apporteront, peut-être, un début de réponse.

Invasion des espaces anarchiques

Bien que nous disposions d’un bilan peu convaincant de l’expérience de ces délégations qui ont assuré la relève après 2011. En effet, c’est depuis cette année-là qu’a commencé la prolifération de ce qu’on appelle les kiosques anarchiques. Chaque jour, surgissent d’autres nouveaux phénomènes tout aussi désolants comme les étals des vendeurs à la sauvette. Ils ont investi toutes les villes et les espaces. Les kiosques occupent des emplacements stratégiques en pleine ville. Leurs «propriétaires» commencent par squatter un petit espace sur le trottoir et, petit à petit, débordent sur tous les côtés pour s’étendre sur plusieurs mètres carrés. L’espace ainsi créé est plus important que celui d’une boutique légalement installée. Ces kiosques qui se comptent par milliers ne font que défigurer le paysage urbain. Les commerçants réglementaires ont beau se plaindre auprès des autorités. Rien n’y fait, jusque-là. Les municipalités sont tout simplement impuissantes ou ferment les yeux pour éviter tout problème. Parfois, on flaire une complicité active ou passive. A ce comportement s’ajoute un certain acharnement contre les commerçants qui payent les charges et les impôts, alors que ces vendeurs anarchiques leur livrent une concurrence déloyale sans avoir des comptes à rendre à personne. C’est eux qui font la loi dans la rue.

Des municipaux qui ne font rien

D’autres faits sont là pour souligner l’inactivité ou l’immobilisme des autorités municipales. Et il y a de quoi étonner plus d’un. C’est le cas de certaines actions présentées comme des travaux d’embellissement urbain. Aux dépens d’autres priorités déjà en suspens, des municipaux s’empressent de procéder à l’élagage des arbres (plusieurs fois par an !), le badigeonnage trop fréquents des bordures des chaussées ou des troncs d’arbres, l’installation de nombreux bancs publics immédiatement dégradés par des vandales et tout aussi rapidement remplacés ! Ces travaux qu’aucune urgence n’impose suscitent bien des interrogations.

Pendant ce temps, d’autres actions attendent. La propreté, par exemple, se limite aux quelques artères principales. Quant aux rues et ruelles, elles sont livrées à leur sort.

De nombreux conseils municipaux ne font que gérer le quotidien. D’autres qui montrent leur bonne volonté et accomplissent leur travail dans les règles de l’art sont devenus une exception.

Décentralisation, loin s’en faut !

Malheureusement, certains élus locaux se sont constitués en lobbies de blocage de nombreux projets d’utilité publique sous divers prétextes. Parfois on interdit l’accès à une décharge contrôlée provoquant une catastrophe écologique avec les déchets qui s’entassent dans les rues. Une autre fois, on empêche le raccordement au réseau de la Sonede ou de la Steg. Et pas mal de fois on n’hésite pas à opposer un véto devant le passage d’un train ! Ce fut le cas, par exemple (et on ne le répétera jamais assez), de la municipalité du Bardo et son histoire avec la ligne D du RFR. A franchement parler, un tel pouvoir local n’aurait que des répercussions négatives. Les conseils municipaux ne sont pas en mesure d’assurer la bonne gouvernance locale et encore moins la gestion des divers services administratifs. Aussi, faudrait-il mieux expliciter la notion de décentralisation territoriale ou l’appliquer à tort.

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