Vendredi 11 août 2023. Une date à retenir dans l’histoire scénique du Festival international de Hammamet. La chanteuse de reggae caribéenne Queen Omega et le groupe The Royal Souls ont joué pour la première fois en Tunisie et en Afrique du Nord. Ce n’était pas un concert de musique habituel. C’était un moment de spiritualité et de libération intérieure inouïe que le public a pu partager avec l’artiste. Hurlements, chair de poule et rêves ont envahi la scène et le public. Queen Omega a accordé à La Presse une interview exclusive. Rires et larmes aux yeux étaient au rendez-vous.
Queen Omega ! C’est votre première fois en Tunisie !
Oui ! En effet !
Que ressentez-vous d’être parmi nous sur la scène du Festival international de Hammamet, ce soir ?
Oh c’est un privilège ! J’ai toujours désiré de venir en Afrique, en Afrique du Nord et en Tunisie !
Quand j’ai su que j’allais venir en Tunisie, j’étais submergée par l’émotion ! Je n’y croyais pas ! Je suis très contente d’être ici. Et bien sûr que je suis prête pour ce soir, je suis excitée et pleine de confiance. J’ai adoré la plage ici, je me sens dans mon élément !
Le grand public vous connaît surtout avec votre freestyle chez «Party Time Radio» en 2009. Vous balancez votre public entre le reggae et le rap. Comment décrivez-vous votre approche musicale ?
La musique est une thérapie, une guérison. Et bien sûr que la musique a son propre message. Peu importe le genre musical dans lequel je baigne, quand je ressens la musique, je la livre, je la chante. Parfois je me considère comme un caméléon parce que je peux changer mon style et je peux m’adapter à ce changement. Et je pense que c’est vraiment un cadeau du ciel ! Un cadeau que je suis capable de partager avec les autres.
J’aime le hip-hop, quand j’étais adolescente, le hip-hop et le R&B étaient les principaux genres autour desquels je rodais, et rien n’arrive par accident. Je fais une succession de templates (modèles) et la possibilité de jouer avec le hip-hop démontre la polyvalence et la possibilité de faire tout ce que ma tête conçoit.
Vous portez haut les couleurs du rastafarisme. Quelle est votre position au sein de ce mouvement et le lien entre ce dernier et votre art ?
Tout à fait ! Le rastafarisme est une légèreté spirituelle et le reggae est une musique consciente, c’est du gospel. Quand j’ai commencé à faire pousser mes dreadlocks, ce n’était pas un choix, je savais que c’était lié au reggae. Dès le début, je savais que c’était le genre de musique que je devais suivre pour faire passer un message.
Le reggae est l’outil que j’utilise pour exprimer mon âme.
Ce soir, vous allez nous présenter votre dernier album «Freedom Legacy», sorti en mars 2023, et vous serez accompagnée du groupe The Royal Souls. Comment vous l’avez conçu ?
Je n’ai pas sorti d’album pendant longtemps. Lors de la dernière tournée que j’ai effectuée, les fans étaient affamés, ils voulaient absolument un album. Avec la pandémie du Covid, c’était parfait ! Je ne pouvais plus voyager et les concerts étaient annulés, j’ai donc eu largement le temps de me concentrer sur ma musique.
«Freedom Legacy». Comment définissez-vous la «liberté» ?
La liberté est la possibilité de vivre dans la fréquence la plus élevée et la manière la plus pure avec laquelle nous sommes nés. C’est la capacité ultime que nous avons pour exprimer les choses et pour se connecter l’un à l’autre. A travers mes voyages, je me suis rendu compte qu’il existe vraiment un langage en parallèle avec le langage que nous connaissons, et que nous pouvons vibrer encore plus haut. Il n’y a aucune raison pour que nous ne soyions pas connéctés, même si nous parlons différentes langues, parce que nous sommes des «êtres intellectuels». Et je pense que c’est ça la vraie liberté.
Cet album serait une libération pour les esprits ?
Certainement ! Grâce à la musique !
Avec la musique, le «mot» est une force ! Quand nous réunissons les mots avec des airs musicaux, ça devient encore plus puissant. C’est exactement ça l’effet du reggae, et c’est pour ça que j’aime écrire et vivre «l’être artiste», parce que je pense que c’est ma contribution dans la vie et je suis juste en train de poursuivre mon chemin comme toute autre personne.