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Sécurité routière : L’urgence de sauver des vies

 

Parmi les hommes et les femmes qui se battent pour des routes plus sûres, Afef Ben Ghenia, présidente de l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière (ASR), est horripilée par les récents chiffres et concède que la société civile ne peut pas tout faire, s’il n’y a pas, du côté des décideurs, la volonté de faire de la sécurité routière une «urgence absolue». Elle refuse catégoriquement de croire que les accidents de la route sont une fatalité.

Les accidents de la route demeurent un fléau mondial qui coûte chaque année des milliers de vies et engendre d’immenses souffrances. Depuis le début de l’année jusqu’au 21 septembre, notre pays a été le théâtre de 854 tragédies humaines, toutes résultant d’accidents de la route. Un chiffre glaçant qui témoigne d’une augmentation de plus de 17 % par rapport à la même période de l’année précédente, où l’on avait enregistré 726 décès similaires.

Les chiffres nous rappellent également que le fléau de l’inattention au volant persiste, contribuant à 41 % des accidents enregistrés jusqu’à présent en 2023. L’excès de vitesse, quant à lui, a été responsable de la mort tragique de 261 personnes, soit 15 % des accidents. Cependant, derrière ces chiffres froids, se cachent des drames humains incommensurables. Chaque accident entraîne des conséquences indélébiles pour les victimes et leurs familles, et chaque vie perdue sur la route est une tragédie évitable.

Travail associatif et responsabilité de l’Etat

Pourtant, plusieurs associations et militants travaillent sans relâche à faire bouger les lignes et mettent un poing d’honneur à faire en sorte qu’il y ait moins de morts sur nos routes. Mais, lorsque ces chiffres émergent, on pourrait penser que tous ces efforts sont vains.

Parmi ces hommes et ces femmes qui se battent pour des routes plus sûres, une femme, Afef Ben Ghenia, présidente de l’association des ambassadeurs de la sécurité routière, est horripilée par ces chiffres et concède que la société civile ne peut pas tout faire, s’il n’y a pas, du côté des décideurs, la volonté de faire de la sécurité routière une «urgence absolue». Par ailleurs, elle refuse catégoriquement de croire que les accidents de la route sont une fatalité. «La société civile vient renforcer le rôle de l’État, mais pas le remplacer», affirme à La Presse Afef Ben Ghenia. L’association qu’elle préside n’a eu de cesse de plaider en faveur de mesures de sécurité routière, notamment le port de la ceinture, la limitation de vitesse à 30 km/h aux abords des écoles, etc.

Ben Ghenia insiste sur le rôle crucial de la «pression positive» exercée par la société civile sur les autorités. Cela passe par la sensibilisation, l’éducation, et la mobilisation de la société dans son ensemble pour encourager des mesures de sécurité routière plus strictes. Cependant, elle regrette que le dossier de la sécurité routière ne figure pas toujours dans l’agenda des décideurs politiques, pourtant, elle est convaincue qu’il est temps que la sécurité routière soit mise au premier plan de toutes les discussions ministérielles. «La sécurité routière n’est pas uniquement l’affaire du ministère de l’Intérieur», insiste-t-elle, tout en appelant à une approche unifiée et participative, impliquant tous les ministères et parties prenantes.

La présidente de l’ASR annonce, par ailleurs, que la société civile travaille activement à l’élaboration d’une stratégie de sécurité routière. «Il est vrai qu’on s’y prend tard, mais il n’est jamais trop tard pour sauver des vies», dit-elle. Si, à l’échelle mondiale, l’objectif est de diviser par deux le nombre d’accidents de la route d’ici 2030, il semble que la Tunisie soit largement loin du compte. Pour elle, la sensibilisation est essentielle, mais l’application rigoureuse de la loi, permettra de lutter de manière plus efficace contre les accidents de la route. «La sensibilisation sans la répression ne donne pas de résultats miracles, il faut appliquer la loi», tranche la présidente de l’association. Elle prend pour témoin le sentiment d’impunité qui prévaut parmi de nombreux conducteurs sur les routes. «Quand on brûle un feu, il faut dire les choses telles qu’elles sont, il est peu probable qu’on soit sanctionné», regrette-t-elle. «Tant pis si certains critiquent cette approche comme étant répressive, mon objectif ultime est clair : sauver des vies », ajoute-t-elle.

Tolérance zéro

Des pays tels que la Suède ont réussi à réduire considérablement les accidents en mettant en place des programmes d’éducation routière dès le plus jeune âge. «Des cours de conduite défensive» permettent notamment aux conducteurs de réduire les risques d’accidents, de prendre des décisions judicieuses dans des situations de conduite dangereuses, et de réagir efficacement à des circonstances imprévues.

Une application stricte des lois de la circulation est indispensable pour dissuader les comportements dangereux. Les pays nordiques, tels que la Norvège et la Finlande, ont mis en place des lois de tolérance zéro pour l’alcool au volant et la vitesse excessive. Les sanctions sévères associées à ces infractions ont contribué à réduire considérablement le nombre d’accidents.   

Prenons, encore une fois, l’exemple de la Suède, un pays qui a adopté une approche audacieuse vers la sécurité routière en lançant son propre «Plan Zéro Accident». Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un objectif plus large, soutenu activement par la Commission européenne, qui promeut ardemment la vision d’un «zéro décès sur nos routes».

Cependant, ce qui distingue la Suède va bien au-delà des discours, le pays se distingue par ses actions concrètes. Il a consacré d’énormes investissements à l’amélioration de ses infrastructures routières, en garantissant leur maintenance et un éclairage adéquat, tout en érigeant des séparateurs entre les pistes cyclables et les voies automobiles.

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