Cette décision a semé la panique parmi la population. Des milliers de Palestiniens déplacés à l’intérieur de leur territoire dorment désormais dans la rue, ne sachant où fuir ni comment se mettre à l’abri des bombardements continus d’Israël et face aux mesures impitoyables de sanction collective.
Les forces militaires israéliennes ont lancé un ultimatum aux habitants de la Bande de Gaza pour évacuer le nord et se diriger vers le sud, en vue d’une offensive militaire terrestre. De son côté, le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est en tournée au Moyen-Orient pour exercer des pressions sur les pays voisins, à savoir l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et le Qatar, en vue d’accueillir les réfugiés gazaouis.
Cet agissement n’est en réalité qu’un stratagème et une nouvelle manœuvre israélo-américaine pour expulser des centaines de milliers de Palestiniens vers les pays voisins et les régions limitrophes, notamment le Sinaï égyptien, de l’avis de plusieurs géopoliticiens et spécialistes du monde arabe.
Un projet diabolique
Abondant dans ce sens, le spécialiste des questions du Moyen-Orient, Mahmoud Hijazi, met en garde contre le départ des habitants de Ghaza et appelle à la résistance. « Leur projet diabolique est clair aujourd’hui : ou l’extermination des Gazaouis, ou la déportation pour les expulser définitivement de leurs terres. Pour ce faire, ils ont pour complices les États-Unis et certains pays européens qui cautionnent leurs crimes contre l’humanité », se désole notre interlocuteur.
Selon lui, le fait de pousser les habitants de l’enclave par la force des armes à quitter leurs maisons et terres natales pour se réfugier chez les voisins s’annonce comme le signe avant-coureur d’une nouvelle Nakba.
« Ce que tentent les Israéliens aujourd’hui renvoie à « la Nakba de 1947-1949 quand 800 mille Palestiniens expulsés de leurs foyers, ont subi un exil forcé pendant la guerre. Même l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies de la résolution 181, le 29 novembre 1947, qui prévoit le partage de la Palestine en deux Etats : l’un juif, l’autre arabe, n’a pu rendre justice aux Palestiniens opprimés. En revanche, elle a donné le feu vert à l’armée israélienne pour mettre en place son plan d’expulsion. Aujourd’hui, il semble que l’on est face à un recommencement d’une grande tragédie humaine », croit déceler dans les faits notre interlocuteur.
Hypocrisie occidentale et résignation arabe
La nouvelle crise secouant la région a mis au grand jour, fait observer le géopoliticien, l’hypocrisie d’un monde occidental qui se vante de son respect des droits de l’homme, mais qui assiste « enjoué » à l’extermination d’un peuple. Et, « pendant qu’Américains et Européens cautionnent le génocide des Palestiniens, les pays arabes se contentent d’une honteuse motion d’indignation. Pis, ils mettent sur un pied d’égalité les bourreaux et les victimes. Je pense qu’il est temps d’arrêter de faire les yeux doux à la Maison-Blanche et à l’entité sioniste. Car si les régimes arabes semblent être encore une fois résignés, les peuples arabes semblent déterminés à agir. De Tunis à Bagdad, en passant par le Yémen, les marées humaines semblent déterminées à être à la hauteur des jugements de l’histoire », assure Hijazi.
Force est de constater, au demeurant, que l’ordre donné par l’armée israélienne à la population du nord de Gaza et de la ville de Gaza d’« évacuer » les lieux et de se diriger vers le sud ; en l’espace de 24 heures a été assimilé à une « violation du droit international humanitaire », par Amnesty International.
« Cette décision a semé la panique parmi la population. Des milliers de Palestiniens déplacés à l’intérieur de leur territoire dorment désormais dans la rue, ne sachant où fuir ni comment se mettre à l’abri des bombardements continus d’Israël et face aux mesures impitoyables de sanction collective», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, dans un communiqué publié sur le site de l’organisation. Par le passé, le droit international est resté impuissant face au brigandage d’Israël, il semblerait que cela se poursuit encore.