Trois agences des Nations unies ont exprimé leur horreur face à la situation des hôpitaux de Gaza, déclarant qu’elles avaient enregistré au moins 137 attaques contre des établissements de santé en 36 jours, faisant 521 morts et 686 blessés.
Un porte-parole du ministère de la Santé de Gaza a déclaré que les trois bébés prématurés décédés faisaient partie d’un total de 45 bébés maintenus en couveuse à l’hôpital al Shifa.
Situé à la frontière sud de Gaza avec l’Egypte, il est devenu le point central des efforts déployés pour acheminer l’aide humanitaire et permettre aux blessés et aux étrangers et binationaux de sortir. Or, Israël, qui impose un « siège total » à l’enclave palestinienne, continue à bloquer les aides humanitaires, quitte à entraîner la mort de centaines de bébés et d’autres civils privés de soins urgents.
Pourquoi le passage de Rafah fait-il la une des médias ?
Les postes frontaliers israéliens étant fermés, le poste de Rafah est le seul moyen pour les habitants de Gaza de quitter la bande côtière de 360 km². Le premier groupe d’évacués blessés est passé par Rafah le 1er novembre, selon la presse égyptienne. Ils ont été suivis par les premiers détenteurs de passeports étrangers, selon la même source.
Le Qatar a servi de médiateur pour sceller un accord entre l’Egypte, Israël et le Hamas, en coordination avec les États-Unis, afin de permettre des évacuations limitées. Mais, bien qu’Israël ne contrôle pas directement le point de passage de Rafah, il impose ses lois et continue à surveiller toute l’activité dans le sud de la bande de Gaza depuis la base militaire de « Kerem Shalom », et à travers d’autres moyens de surveillance.
Concrètement, l’État sioniste contrôle donc tous les accès maritimes et aériens de Gaza, ainsi les frontières terrestres. Il a renforcé ses restrictions existantes déjà pour maintenir un blocus total après le 7 octobre, faisant de Rafah le seul point d’entrée pour l’accès de l’aide humanitaire à Gaza assiégée.
Les aides acheminées au compte-gouttes
Au cours des premiers jours de la guerre, l’Égypte a déclaré que Rafah était ouvert mais inutilisable, en raison des bombardements israéliens. Après des négociations relatives aux conditions d’acheminement de l’aide bloquée du côté égyptien, le premier convoi humanitaire est entré à Gaza le 21 octobre. Le nombre de camions d’aide passant par Rafah est de 14 en moyenne par jour, selon les responsables de l’aide de l’ONU. Ce qui est très en deçà des 100 camions nécessaires pour répondre aux besoins élémentaires d’une population privée de tout.
En temps normal, plus de 400 camions entrent chaque jour dans la bande de Gaza, par différents itinéraires, pour approvisionner 2,3 millions de personnes.
Le désespoir de trouver des produits de première nécessité comme le pain a poussé les habitants de Gaza à pénétrer dans les entrepôts de l’ONU le 29 octobre pour s’emparer de la farine et d’autres produits de base.
Pourquoi l’Egypte restreint-elle l’accès à Rafah ?
L’Égypte est le seul État arabe à partager une frontière avec Gaza et elle craint l’effet déstabilisateur d’un exode massif de Palestiniens. A cet égard, l’Égypte et la Jordanie ont toutes deux mis en garde contre l’expulsion des Palestiniens de leurs terres. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi se méfie également du Hamas, depuis que le groupe militant a pris le contrôle de Gaza en 2007. Lors d’un précédent blocus en 2008, le Hamas a percé des tunnels dans les fortifications de la frontière égyptienne. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont ainsi pu accéder au Sinaï, ce qui a incité l’Égypte à construire un mur de pierre et de ciment. L’Égypte se méfie également de l’insécurité d’une zone instable dans le nord-est du Sinaï, où l’armée a dû faire face à une insurrection islamiste.
Israël se livre à une guerre d’extermination
Les opérations de contrôle d’inspection israéliennes fastidieuses « retardent considérablement l’arrivée de l’aide », selon les fonctionnaires égyptiens. D’autant que le rôle principal de Rafah dans le passé était celui d’un point de passage civil et qu’il n’était pas équipé pour l’acheminement d’aides humanitaire à grande échelle.
Les camions passent par le poste frontière égyptien de Rafah avant de se diriger sur plus de 40 km vers le point de passage égypto-israélien d’Al-Awja/Nitzana pour y être inspectés, comme cela a été convenu lors des négociations avec Israël. Les camions retournent en Égypte à vide, l’aide étant rechargée dans d’autres camions pour être livrée à Gaza.
Israël refuse d’autoriser l’entrée de carburant dans la bande de Gaza, estimant qu’il pourrait être utilisé par le Hamas à des fins militaires.
Au cours des conflits passés, l’aide était principalement acheminée depuis Israël, et les convois des Nations unies affrétés aux Palestiniens passaient par Israël, depuis les années 1950, d’après divers médias internationaux.
Les ruses des sionistes désormais mises à nu
Des responsables israéliens ont récemment affirmé dans des médias internationaux que le Hamas avait bloqué la proposition de 300 litres de carburant pour permettre à l’hôpital Al Shifa de fonctionner a minima, et dont la situation n’a eu de cesse de s’aggraver. Mais le Hamas a démenti cette affirmation, ajoutant que la quantité « n’était pas suffisante pour faire fonctionner les générateurs de l’hôpital pendant plus de 30 minutes ». Le Hamas a nié avoir refusé une offre de carburant d’Israël pour le plus grand hôpital de Gaza, qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, « est à l’arrêt », en raison des bombardements et des tirs. Le dernier générateur de l’hôpital al Shifa s’est trouvé à court de carburant le week-end dernier, entraînant la mort de trois bébés prématurés et de neuf autres patients, selon le ministère de la santé de Gaza.
L’ONU ne cesse de tirer la sonnette d’alarme
Trois agences des Nations unies ont exprimé leur horreur face à la situation des hôpitaux de Gaza, déclarant qu’elles avaient enregistré au moins 137 attaques contre des établissements de santé en 36 jours, faisant 521 morts et 686 blessés.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que la situation à l’hôpital Al Shifa était « désastreuse et périlleuse », les tirs et les bombardements constants aggravent des situations déjà hors contrôle. « Le nombre de patients décédés a augmenté de manière significative. Malheureusement, l’hôpital ne fonctionne plus comme tel», a-t-il déclaré dans un message publié sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
Le Dr Ahmed El Mokhallalati, chirurgien plasticien à l’hôpital al Shifa, a déclaré aux correspondants de la presse internationale que le bombardement du bâtiment abritant les couveuses avait contraint les médecins à aligner les prématurés sur des lits ordinaires, en utilisant le peu d’énergie disponible pour faire fonctionner l’air conditionné afin de les réchauffer.
Blocage des négociations au sujet des otages
Pour sa part, un porte-parole du ministère de la Santé de Gaza a déclaré que les trois bébés prématurés décédés faisaient partie d’un total de 45 bébés maintenus en couveuse à l’hôpital al Shifa.
« Nous nous attendons à en perdre d’autres jour après jour », a regretté le Dr El Mokhallalati, dans une déclaration à la chaîne d’information Al-Jazeera.
Face à cette situation désastreuse, le Hamas a annoncé qu’il avait suspendu les négociations sur les otages avec Israël en raison de la manière dont on gère l’aggravation de la situation à l’hôpital Al Shifa.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a quant à lui déclaré à la chaîne américaine NBC News, partenaire de Sky News, qu’Israël n’accepterait pas de cessez-le-feu tant que les 239 otages israéliens qui seraient pris au piège à Gaza ne seraient pas libérés. « Nous avons fixé un objectif précis, qui est de détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas », a affirmé le dirigeant israélien au média américain.
Grandes manifestations pro-palestiniennes au Royaume-Uni
Plus de 300 000 personnes viennent de participer à une manifestation pro-palestinienne à Londres dénonçant les atrocités commises par les Istaéliens. La manifestation principale a été largement pacifique, mais de violentes échauffourées ont éclaté entre la police métropolitaine et des contre-manifestants de divers groupes d’extrême droite.