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Un acquis indéniable, un point de départ

Editorial La Presse

Comme aujourd’hui a jailli une étincelle qui a embrasé la Tunisie. C’était la Révolution du 17 décembre-14 janvier 2011. Ces 13 années passées ont été riches en changements. Elles ont été dures également. Tellement difficiles qu’une partie non négligeable de Tunisiens en est arrivée à regretter le temps passé. Nostalgiques, nos compatriotes déplorent un coût de la vie abordable pour les petites bourses, la sécurité publique et la stabilité. Dans une certaine mesure, ils n’ont pas tort. Pendant plus de deux décennies, était en place le même système, dominaient les mêmes têtes et en profitaient les mêmes aussi. Il y avait eux, du bon côté de la barrière, une grappe insignifiante de profiteurs. En face, le reste des Tunisiens.

Et puis arrive ce jour, le 17 décembre 2010, qui n’a pas été comme les autres. Les Tunisiens ont décidé de clamer leur liberté, de revendiquer un partage équitable des richesses et le respect de leur dignité. Depuis, l’apprentissage de la démocratie n’a pas été une sinécure. Ont suivi des années d’insécurité parsemées d’attentats terroristes et d’assassinats politiques. Les institutions publiques étaient à la dérive. Le tout dans un contexte général d’affaiblissement de l’Etat. Et puis, un soir, un autre changement majeur survient, c’est le 25 juillet 2021.

Nous n’avons pas l’intention de dénigrer ici toutes les années post-révolution ni de totalement idéaliser le présent. Tout n’est pas parfait en ce moment. Des critiques peuvent être faites quant au respect des droits humains et la gestion technique du pays.

En revanche, l’on ne peut sous-estimer cette nouvelle ambiance de rigueur qui règne depuis le haut sommet de l’Etat. Les principes de redevabilité et de valorisation du travail commencent à avoir du sens. Désormais, nul ne peut se placer au-dessus de la loi. Les coupables de la petite comme de la grande corruption, qu’ils soient hauts fonctionnaires, de célèbres hommes d’affaires, des figures politiques, syndicales ou dans les professions libérales, ne peuvent plus se soustraire à la justice. Tous sont appelés à payer leurs impôts, à rendre des comptes, à répondre de leurs actes.

Des réformes sont en train de bousculer profondément des groupes d’intérêt puissants et de remettre en cause les rentes dont ils bénéficiaient. De nouvelles lois sont promulguées pour que l’Etat redevienne un moteur de progrès et non un obstacle. Des textes de loi rigides ou « imparfaits » qui handicapaient profondément le système sont amendés ou abrogés.

Nous souhaitons donc décrire ici une profonde émotion. Un sentiment de sérénité que peuvent ressentir un citoyen, une citoyenne qui peuvent faire respecter leurs droits, dans leur pays.  Malgré les difficultés et le long chemin qui reste à faire, le 17 décembre représente donc un acquis, et, avec le 14 janvier, un point de départ.

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