“La meilleure représentation de la digitalisation dans le secteur financier en Tunisie est le marché boursier où la majorité des ventes et acquisitions des titres (actions, obligations, etc.) se font à distance sans avoir à se déplacer”, affirme l’expert.
Pourquoi la digitalisation de la finance est-elle devenue essentielle pour les entreprises ?
Il faut, tout d’abord, faire la séparation entre la digitalisation et la perception commune qui est la numérisation. La numérisation est un processus ayant pour but de rendre une chose numérique tel que le traitement des documents ayant pour finalité l’archivage (exemple : GED) ou la communication rapide (exemple : envoi par e-mail). Alors que la digitalisation consiste en la transformation numérique des relations sociales ou commerciales via l’intégration de processus numériques.
Certes, l’adoption de cette intégration en finance permettrait de réaliser des gains énormes en termes de temps (rapidité de communication sans déplacement) et d’argent (éviter les coûts de déplacement : carburant et amortissement du matériel de transport), mais également garder une trace et une preuve tangible dans le processus en cas de conflit.
Ainsi, des tâches manuelles se verront être automatisées, ce qui permettra de réduire les risques de fraude et de manipulation, d’accéder rapidement aux informations tout en minimisant les coûts.
Comment cette tendance est-elle en train de changer le secteur financier ?
La numérisation s’est développée à la base en comptabilité, via les logiciels comptables afin d’éviter la saisie sur les livres bien que, malheureusement, en Tunisie, ceci n’exempte pas la tenue des livres comptables physiques. Une vraie digitalisation consiste à supprimer totalement l’utilisation du processus papier et non pas travailler avec les deux en concomitance.
La meilleure représentation de la digitalisation dans le secteur financier en Tunisie est le marché boursier où la majorité des ventes et acquisitions des titres (actions, obligations, etc.) se font à distance sans avoir à se déplacer. Le secteur bancaire s’est vu lui-même adopter la digitalisation d’une bonne partie de ses processus internes tels que les études de crédits, suivi des cartes et des chéquiers, via des logiciels et des work-flow, mais également d’autres pratiques financières et commerciales qui concernent leur clientèle, à savoir les achats électroniques, les virements à distance, et de plus en plus les transferts d’argent même via SMS. Les virements automatiques, les prélèvements, les télédéclarations fiscales et sociales sont venus enrichir le paysage digital tunisien, mais ceci n’est pas vulgarisé à sa plus grande échelle. Sur le plan de l’application, nous assistons à l’apparition de nouveaux concepts tels que les big datas, la blockchain, mais également à l’affleurement d’entreprises spécialisées dans la fintech (technologie financière). La Tunisie compte environ 40 entreprises fintech et, de par ses compétences intellectuelles, est un pays exportateur de solutions numériques rattachées à la finance dans le monde.
Comment les entreprises peuvent-elles tirer parti de la digitalisation des finances pour améliorer leur efficacité et leur rentabilité?
L’environnement entrepreneurial est complexe et il est très influencé par le facteur temps, mais le temps lui-même n’est pas de l’argent ! Le véritable enjeu réside donc dans l’optimisation des ressources clés de l’entreprise et ainsi se focalise sur l’aspect stratégique et tactique de la gestion au lieu de se noyer dans les tâches quotidiennes opérationnelles. Parmi les tâches qui prennent beaucoup de temps, on cite la saisie comptable et le rapprochement bancaire, à travers la digitalisation, la tenue de la comptabilité se fait d’une manière automatique, le rapprochement devient simple et la détection des erreurs devient rapide, ce qui est en lui-même un gain financier énorme lorsque l’erreur est répétitive ou lorsque sa valeur est importante. Digitaliser les finances par l’adoption d’une comptabilité informatisée, d’un logiciel BI pour le reporting, d’un ERP qui permettrait des connexions rapides et fiables entre les différents départements internes, mais également avec les parties prenantes externes (banques, administrations, etc.) La vraie richesse des entreprises sur laquelle elles doivent se concentrer, c’est leur capital humain. Ainsi digitaliser les tâches chronophages de saisie permet de décharger nos talents afin qu’ils puissent évoluer dans leurs rôles et apporter une véritable valeur ajoutée à l’entreprise, et c’est là où réside la vraie création de richesse et donc la rentabilité.
Quels sont les principaux défis et enjeux de la digitalisation de la finance, et comment les entreprises peuvent-elles les relever avec succès ?
La digitalisation comporte plusieurs contributions ; elle offre un gain de temps et une grande efficacité, une bonne visibilité et une excellente réactivité, une optimisation des ressources et une rentabilité bonifiée, mais surtout une maîtrise des risques et donc une meilleure viabilité des entreprises.
Plusieurs défis sont de taille, je citerais les plus importants. Le premier réside dans les moyens que l’entreprise elle-même est prête à investir dans ce processus, en d’autres termes plus simples le budget que l’entreprise peut allouer à la digitalisation ; car le choix de la solution elle-même va dépendre de la taille de l’entreprise, du nombre des transactions qu’elle génère et du nombre des employés qui y contribuent.
En deuxième lieu, vient la formation qui reste parfois un long processus et accapare les ressources pour une bonne période.
En dernier lieu, viennent les compétences internes en termes d’adaptabilité et aptitude à contribuer à ce changement. La recherche de bons profils capables à la fois de réaliser les fondamentaux du métier et d’accompagner les mutations technologiques a fait apparaître des profils hybrides qu’on appelle les consultants fonctionnels et qui domineront le marché de l’emploi prochainement.