Depuis belle lurette, nous avons appelé au changement. Ce changement, il suffisait de le prendre par la main et d’agir.
Comment reprendre en main, ce qui s’est considérablement dégradé et pour lequel douze millions d’observateurs seraient disposés à donner leurs avis ou à émettre des solutions? Cela nous amène à reconnaître et à admettre que nous avons perdu ce que nous avions patiemment acquis, en dépit de tous les bouleversements qui ont secoué le pays.
Aujourd’hui, les constats sont effrayants. Ce sont les sports individuels qui tiennent plus ou moins la route, grâce au dévouement des parents qui soutiennent à bras-le-corps leurs enfants. Ces soutiens, incontournables dans bien des disciplines sportives ont parfaitement remplacé le rôle devant revenir à l’Etat, par le truchement des fédérations nationales sportives.
Ces fédérations ne jouent presque plus leur rôle, faute de moyens. L’Etat, progressivement laminé par des bouleversements politiques qui l’ont plongé dans la dèche, se retrouve dans l’obligation de reprendre la construction de ce qui a été détruit, négligé, ignoré au point de dépérir.
En lisant les informations que certains médias manipulent à leur guise ou au service des lobbies qui ont pris en main ces cellules, chevilles ouvrières d’un sport qui cherche son équilibre, on est soit au septième ciel, soit dans la fange qui repousse toutes les bonnes volontés, désirant tendre la main et œuvrer pour la relance. Malheureusement, ces besoins de changements, on n’en parle que lorsque le couperet s’est abattu et mis en évidence les insuffisances et les erreurs…. qui les justifient.
Le foot, une «raison d’Etat »
Le football, c’est un sport comme les autres. Mais il devient une raison d’Etat, lorsque l’équipe nationale est éliminée lors d’un tournoi où les meilleurs sont présents. Cette présence permet de juger et d’étalonner notre travail, par rapport à ce que font ou ont fait nos concurrents.
Et nous l’avions constaté : ceux qui étaient dans notre rétroviseur sont devant nous. Alors qu’ils poursuivent leur chemin et savourent leurs progrès, nous avons fait nos valises et attendu l’avion qui nous a ramené vers nos problèmes de tous les jours. Ces problèmes ? Une absence de programmation digne de ce nom et une compétition à même de créer l’émulation et de favoriser l’émergence de nouvelles valeurs, une infrastructure qui dépérit et est devenue un véritable danger pour ceux qui l’utilisent, des techniciens que l’on forme et qui ne trouvent plus qui les embaucher, des jeunes qui souffrent au point de perdre le goût du sport, alors que le football est devenu un luxe et les terrains vagues qui ont engendré les plus grandes vedettes de ce pays se pratiquent de nos jours dans des « académies » en contrepartie des millions que paient leurs parents. Ne parlons pas des dirigeants qui ne savent plus où donner de la tête. Désargentés, sans envergure, isolés des réalités, ils naviguent à vue. Quant à la fédération, elle se nourrit de ses réalisations ( que personne ne conteste parce que ce sont des acquis) et de ses effets d’annonce.
Aujourd’hui que le roi est nu, que va-t-on faire ? Comment aborder ce vaste chantier et qui décidera du programme d’action à élaborer en prévision d’une relance plus que nécessaire? Est-ce que les clubs qui ont remis à l’ordre du jour le régionalisme qui s’est exacerbé tout au long de cette décennie ou les techniciens que l’on a poussé à émigrer pour lancer ou relancer ce sport dans d’autres contrées ? Ces techniciens qui font des miracles et sont honorés pour la qualité de leur travail portent haut le nom de leur pays, alors que ce pays est à la recherche d’un étranger qui ne soit pas «influençable » pour diriger notre «élite». Nous en avons eu mais nous les avons « tunisifiés» au point de les mener par le bout du nez. Ceux qui ont résisté ont été chassés pour des raisons que personne ne connaît.
Depuis belle lurette nous avons appelé au changement. Ce changement, il suffisait de le prendre par la main et d’agir. Il nous prend aujourd’hui à la gorge et nous imposera, que nous le voulions ou pas, des conditions encore plus rigides. Parce que nous avons perdu beaucoup de temps et délayé la confiance qui décuple les forces agissantes et la volonté de mener à bien toute œuvre de redressement.
Allons-nous réellement entamer ce redressement ou organisera-t- on une réunion dans un hôtel de luxe, pour consommer les victuailles de la réconciliation, tout en avalant les couleuvres devant justifier l’injustifiable ?.
Pour que rien ne change.