Accueil A la une Mission sociale de l’Etat : Est-ce le retour aux sources ?

Mission sociale de l’Etat : Est-ce le retour aux sources ?

 

Les dernières annonces concernant la possibilité d’octroyer trois types de prêts par la Cnrps ont fait renaître de grands espoirs chez les Tunisiens. Ces derniers s’interrogent, toutefois, sur la capacité de cette caisse à répondre à une éventuelle explosion de demandes.

Même dans les pays dits développés, l’Etat s’implique davantage dans le social. Des mouvements politiques émergent dans ces pays pour revendiquer, justement, un rôle plus accru des pouvoirs publics dans la vie des citoyens.

Logements et prêts

Dans notre pays, en l’occurrence, ce rôle s’est tellement affaibli, ces dernières années, et a laissé place à une sorte de désengagement de l’Etat, aboutissant ainsi à un pourrissement des conditions de vie des gens et à une dégradation de la qualité des services fournis.

Et, malgré le capitalisme sauvage qui prévaut dans le monde et le libéralisme effréné, les différentes populations de divers pays ne cessent de demander à leurs dirigeants politiques d’intervenir dans le social et de les soutenir socialement par des actions exceptionnelles visant à les aider à surmonter les difficultés économiques. C’est ainsi que l’on voit, de plus en plus, de subventions, primes et allocations familiales versées à l’envi. L’Etat, lui-même, adopte des mesures protectionnistes pour faire face à la concurrence internationale et préserver ses entreprises.

Aussi, n’est-on pas étonné de constater que chez nous, les autorités se montrent plus ouvertes en ce qui concerne les volets sociaux. Cela se vérifie avec le regain d’intérêt pour la politique en matière de logements sociaux. Dernièrement, la ministre de l’Equipement et de l’Habitat a remis les clés de logements à leurs bénéficiaires dans la région de Monastir. Plus de 8.000 logements ont été déjà livrés dans le cadre d’un programme national. D’autres unités sont, également, prévues dans le même contexte.

En effet, ce volet figure, désormais, parmi les préoccupations majeures des décideurs. A cela s’ajoutent les récentes annonces concernant la réactivation du rôle des caisses de sécurité sociale, notamment, en ce qui concerne l’octroi de prêts ou le relèvement des montants des remboursements de soins aux affiliés (du moins pour la Caisse nationale d’assurance maladie).

Lorsque l’information a été, officiellement, confirmée, les personnes intéressées ont commencé à faire leurs supputations sur la capacité de la Cnrps (Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale) à satisfaire les innombrables demandes de prêts qui vont pleuvoir. Les responsables du ministère des Affaires sociales ont, justement, déclaré que la Cnrps serait en mesure d’accorder des prêts comme cela se faisait avant la détérioration des états financiers de cet organisme au cours de ces dernières années. Trois types de prêts sont, ainsi, prévis. On s’attend à ce qu’il y ait des prêts personnels d’un montant de 25.000 dinars remboursables sur 5 ans, d’autres d’un montant de 50.000 dinars pour l’achat d’une voiture remboursable sur 7 ans et un prêt-logement de 100.000 dinars à rembourser sur 15 ou 20 ans, selon le choix du bénéficiaire. Les intérêts, nous dit-on, seront raisonnables. Autant dire loin de ceux pratiqués par les banques. Toutefois, on n’a aucune idée sur ces taux.

Revenir aux fondamentaux

Ces bonnes nouvelles viennent à un moment où le Tunisien se trouve en pleine tourmente des difficultés financières dues à l’érosion de son pouvoir d’achat et les hausses vertigineuses des prix.

Toutes ces mesures sont de nature à rassurer les gens et à leur redonner un peu d’espoir. Mais ils ne sont pas sûrs de la capacité de la Cnrps à répondre à une demande qui s’annonce“ explosive”. Si le démarrage de ce programme est prévu au début du mois de février 2024, on ne sait pas encore les détails concernant la constitution des dossiers et les catégories éligibles à ces prêts.

De plus, le secteur privé reste en dehors de cette dynamique. Ce qui n’a pas empêché les responsables de préciser qu’ils étudient la question d’impliquer la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) dans ce processus. Car, logiquement, toutes les catégories des salariés appartenant tant au secteur public qu’au privé devraient retrouver les avantages auxquels ils pouvaient prétendre il y a, de cela, quelques années.

On se rappelle que l’Etat avait mis à la disposition de plusieurs organismes tous les moyens d’encadrer les aspects sociaux des travailleurs aussi bien au niveau du logement qu’au niveau de l’acquisition d’autres biens. Les caisses étaient en possession de nombreux biens immobiliers à l’instar de la Cnrps qui avait érigé de nombreux complexes résidentiels à travers le pays. Il en est de même de la Cnss et d’autres organismes comme la Sprols (Société de promotion des logements sociaux) ou le Foprolos (Fonds de promotion des logements sociaux), etc… D’autres organismes avaient contribué à développer une politique d’habitat qui a permis à des milliers de citoyens de bénéficier de logements décents.

Revenir, aujourd’hui, à ces fondamentaux n’a rien d’étonnant. D’autant qu’il y a une volonté politique pour aller plus loin sur cette voie. Le fait de faciliter la vie aux citoyens grâce à des orientations claires aura le mérite d’instaurer un climat social plus serein. Sans, pour autant, retomber dans le piège de l’assistanat systématique ou de celui de l’Etat-providence qui annihile toute volonté populaire.  

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