Aujourd’hui, les électeurs se rendent aux urnes pour la seconde fois en plus de 40 jours. Le premier tour a eu lieu le 24 décembre dernier. Dans ce second tour des élections du Conseil régional et territorial, 1.558 candidats sont en lice, en leur qualité de membres destinés à siéger dans 224 conseils locaux. Près de 4 millions d’électeurs sont concernés par ce scrutin bis. Les résultats préliminaires seront annoncés mercredi 7 février au plus tard.
A première vue, le processus autant que les chiffres paraissent complexes. Ils le sont effectivement. Le système bicaméral, en passe d’être installé, n’est pas simple, requiert plusieurs étapes pour aboutir et ensuite pour fonctionner. L’une des raisons, et non la seule, qui explique un taux de participation jugé faible au premier tour, de l’ordre de 11,84%. Sur un vivier électoral de plus de 9 millions d’électeurs, tous bords confondus, un peu plus de 1 million de personnes, seulement, ont jugé utile de voter. Outre le rejet de la chose publique constaté de fait chez nous et ailleurs, les élections locales représentent un mode de scrutin nouveau pour les Tunisiens.
Bonus à mettre à l’actif de l’Instance des élections et des candidats, dans ce second tour, les électeurs connaissent mieux leurs élus potentiels. Une biographie succincte est disponible sur le site de l’Isie. Certains candidats ont même distribué des flyers, avec leurs portraits et quelques indications. Ce n’est pas suffisant, certes, mais c’est tout ce qui est disponible pour le moment.
Dans ces élections locales, la valeur ajoutée est à chercher ailleurs. La proximité des candidats une fois élus. Ils seront identifiés et proches. Ils représentent de petites communes, connaissent les problèmes de leurs quartiers, les revendications de leurs administrés. Comme dans les vieilles démocraties, ils feront, l’on suppose, le tour des marchés, appellent les gens par leurs noms et écoutent leurs doléances. Le citoyen devra être content de mettre un nom et un visage sur une autorité publique de proximité.
Les projets de développement seront mieux fixés et adaptés aux attentes des populations locales. La démocratie participative voulue par le projet du 25 juillet prend forme. Le Conseil national des régions et des districts sera prêt à exercer, selon l’Isie, entre mars et avril 2024. L’Etat se rapproche du citoyen.
Une fois à l’œuvre, nous pourrons juger sur pièce le rendement des conseils locaux. En fonction de leurs attributions, mais aussi des moyens dont ils sont pourvus. Un point qui reste à définir. Et autant la relation entre les conseils locaux et le Conseil régional et territorial est à fixer dans le détail, autant les rapports entre les conseillers locaux et les citoyens doivent l’être également. Ces conseillers sont appelés à être une courroie de transmission entre le pouvoir législatif central et les citoyens. Seront-ils également totalement à la merci de ces derniers ? Objet de défiance et révocables pour oui ou pour un non. La gouvernance par le bas ne devra pas non plus fragiliser les élus. C’est un équilibre à garantir entre ces autorités, qui sont au plus bas niveau de l’administration, et la population. Par souci de cohérence, d’efficacité mais aussi de continuité des fonctions.