Les chiffres sont sur une pente descendante. Le niveau de scolarisation au cycle primaire a connu une baisse drastique en Tunisie au cours des dix dernières années. C’est ce que révèle une enquête nationale réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) et le ministère de l’Economie et de la Planification. En 2023, ce taux est de 92,2%, contre 96,9% en 2018 et 98% en 2012. Quelque 6 points sont perdus en chemin.
Le recul se prolonge et s’aggrave à mesure que l’on avance dans les cycles d’enseignement. L’enquête fait état d’un effectif scolarisé au 1er cycle de l’enseignement secondaire de l’ordre de 76,5% en 2023, contre 82% en 2018. Le bilan n’est guère meilleur pour ce qui est du niveau scolaire. Ainsi, 36% des enfants âgés de 7 à 14 ans ne possèdent pas les compétences de base ni en lecture ni en calcul.
C’est ce que dévoile cette 5ème enquête réalisée depuis l’année 2000, qui a pour entre autres objectifs d’identifier la situation de la mère et de l’enfant et le niveau de réussite de la Tunisie dans la mise en œuvre de politiques de développement durable à l’horizon 2030. Un échantillon représentatif de la population tunisienne de quelque 11 mille familles a été sélectionné. D’où l’importance des indicateurs et recommandations qui en découlent. Ceux qui nous intéressent ici sont liés à la scolarité, à la situation sociale et au niveau d’éducation de la mère dans les milieux urbain et rural.
Parmi les questions auxquelles a répondu l’enquête : pourquoi le niveau scolaire a baissé en Tunisie ? Réponse : les inégalités socioéconomiques et disparités territoriales, mais non les seules, sont liées de manière organique à la baisse à la fois du taux de scolarité et du niveau scolaire. Cette baisse s’inscrit d’ailleurs dans un contexte de recul général des performances des élèves à l’échelle internationale. Comme le révèle la dernière édition de l’enquête Pisa 2022 à laquelle n’avait pas pris part la Tunisie.
Pour autant, ceci ne devrait pas nous consoler. Dans un contexte de grandes réformes du système éducatif national, des mesures fortes doivent être mises en place et appliquées rigoureusement pour relever le niveau des élèves tunisiens. En définitive, la plupart des théories récentes placent l’éducation en tête de liste des facteurs qui expliquent et déterminent la croissance d’un pays. Nous ne le répéterons jamais assez, aucune croissance n’est possible sans un système d’éducation national performant et sans la fabrication scolaire de groupes d’élites qui feraient office de locomotive pour réaliser la croissance et le développement économique. En somme, pour tirer le pays vers le haut.