Deux champions déclarés passent en ce moment par des difficultés sportives. Ons Jabeur et Ayoub Hafnaoui, deux champions indiscutables qui ont atteint la cour des grands du monde en tennis et en natation. En ce moment, leur cote n’est pas au top. Ils viennent tous les deux d’essuyer des contre-performances. Ons Jabeur enchaîne les revers depuis la finale perdue à Wimbledon avec des défaites prématurées dans des tournois même abordables, alors que Ayoub Hafnaoui vient de vivre un calvaire aux Mondiaux de Doha sur les 400 et 800 mètres en ratant même la qualification en finale! Inattendu, surprenant, frustrant même. Des impressions à chaud et de superficielles analyses populistes où l’on sent même une sorte de haine envers ces grands athlètes, jusqu’aux explications non seulement techniques, mais surtout mentales et comportementales, on peut facilement s’égarer. Le tennis est si différent de la natation, l’analyse devra être différente et plus sérieuse et moins «fataliste» que l’on voit.
Ce qui réunit Ons Jabeur à Ayoub Hafnafoui, c’est cette réussite à migrer du cadre local au cadre international. Leurs performances ont été acquises au niveau de l’élite internationale pour attirer l’attention de tous. Ce sont deux stars dont les succès et les échecs s’interprètent autrement et avec plus de «sévérité». Les deux évoluent au très haut niveau. Ils ont une pression tous les jours à gérer et des attentes interminables. Ons Jabeur, dont le talent est fou, est en train de fléchir mentalement avant les aspects tactiques et physiques. Elle n’arrive pas à gérer cet échec à Wimbledon et cette incapacité à gagner un grand chelem qui lui a fait tant de mal. Et sur le haut niveau, il suffit de marquer le pas et de douter un peu pour voir les autres venir doubler. Même pour Ayoub Hafnaoui qui a gagné l’or aux JO et les Mondiaux l’an dernier, ce statut nouveau, il n’arrive pas à bien le gérer. Faute d’accompagnement solide (surtout mentalement), ce garçon, «bombardé» par les offres de sponsoring, par les appels de son cliub et par la pression que lui met le ministère des Sports, n’a pas réussi, semble-t-il, à gérer la nouvelle vie. Ce n’est pas seulement une question de charge de travail qui atteint le pic en ce moment et qui génère une fatigue, mais quelque part, la manière dont ce garçon gère sa carrière, et aussi sa manière de gérer les sensations et les obligations d’un champion de haut niveau sont aussi à revoir. Car il pouvait, comme l’ont fait ses concurrents, sauter ces mondiaux programmés en plein cycle chargé. Ons Jabeur et lui doivent bien réfléchir sur la programmation de leur carrière et de bien entretenir l’extra-sportif au sens large du terme. Sont-ils bien conseillés et bien entourés? Ont-ils conscience de ce qu’ils veulent et peuvent faire? Ont-ils marqué leur territoire par rapport à leur entourage? Ont-ils pensé à bien dépenser l’argent gagné pour enrichir leur staff et gagner encore plus? On doute fort qu’ils ont traité ces questions «taboues».