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La fin de l’impunité semble avoir sonné

Editorial La Presse

 

Mauvais temps pour les corrompus. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait des interpellations qui font la une des médias. Tout en respectant la présomption d’innocence des mis en cause, les enquêtes étant pour la plupart en cours, les chefs d’accusation sont quasiment les mêmes. A des degrés divers, ils sont soupçonnés de corruption, de prise illégale d’intérêts, de trafic d’influence, de népotisme, de détournement de fonds publics. Des petits agents aux anciens ministres, en passant par les hauts fonctionnaires, les hommes d’affaires et autres syndicalistes. Les prétendants ne manquent pas. Au-delà du volet judiciaire essentiel dans ces affaires qui doivent se dérouler conformément aux règles de droit, l’aspect moral interpelle également.

De manière générale, le comportement des Tunisiens, tous milieux et âges confondus, dans la rue, au volant, dans les lieux publics, au travail, avec leurs pratiques commerciales trompeuses, avec la fraude banalisée dans les milieux universitaire, scolaire et sportif, nous poussent à nous poser la question suivante: la société tunisienne traverse-t-elle une crise morale ?

Autre question liée: cet état de fait peut-il avoir un lien avec les constatations édifiantes d’une étude publiée récemment par la fondation suisse Globethics, bureau régional Mena, autour de «L’éthique dans les universités tunisiennes» ? Il en ressort que 40% des établissements d’enseignement supérieur n’intègrent pas dans leurs programmes l’enseignement de l’éthique. Et même, ajoute l’enquête, dans les établissements où cet enseignement existe, il est parcellaire, initié à travers d’autres disciplines à l’instar du droit et de la responsabilité sociétale. Le pourcentage des facultés où l’éthique est enseignée en tant que matière à part entière n’est que de 21%.

L’éthique, définit le Petit Robert, est l’ensemble de conceptions morales de quelqu’un ou d’un milieu, qui intègrent des critères moraux dans leur fonctionnement. On parle de l’éthique médicale, d’un commerce éthique. Il ne fait donc aucun doute que cette carence constatée dans les contenus des programmes du supérieur y est pour quelque chose. Mais il faudra, à notre humble avis, remonter à plus loin.

La transmission des valeurs commence dès le plus jeune âge. Idéalement, c’est la famille qui, en premier lieu, commence à inculquer aux enfants les valeurs morales. Idéalement ! Ensuite, l’école, dès les classes préparatoires, s’attelle à la tâche. On peut prendre pour exemple le système fort célèbre japonais dit «toban katsudo». Les enfants se voient attribuer des missions, comme nettoyer les classes, se servir tout seuls aux cantines, débarrasser les tables ensuite. Ce sont des tâches que les élèves effectuent tous les jours et à tour de rôle. Ainsi, les petits japonais sont responsabilisés dès leur plus jeune âge. Ils apprennent à devenir autonomes, à respecter les lieux communs qu’ils partagent avec leurs camarades.

Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres. La Tunisie, avec le concours de ses spécialistes, est tenue de trouver le sien, pour former les jeunes tunisiens à devenir de bons citoyens, qui ont conscience de leurs droits, de leurs devoirs et de leurs responsabilités. Fiers de leur pays, engagés au sein de leur communauté. Des citoyens qui payent leurs impôts, respectent les lois et les horaires de travail. En revanche, ceux qui ont fait de la malhonnêteté une règle de vie, qui volent l’Etat et les personnes se croyant plus malins que les autres sont, de plus en plus, traînés devant la justice. Il y a comme une petite musique dans l’air qui annonce la fin de l’impunité.

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