Le bureau régional de l’Unesco pour le Maghreb vient d’organiser, les 19 et 20 de ce mois à Tunis, en collaboration avec le ministère de l’Education, une réunion régionale de haut niveau ayant pour thème «La transformation numérique de l’éducation au service de l’ODD4».
La transformation numérique des systèmes de l’éducation dans la région maghrébine constitue un enjeu capital sur lequel se penchent aussi bien les organisations internationales que les politiques nationales. Son importance va de pair avec son impact sur l’avenir des générations futures, voire des sociétés, à l’aune d’un contexte mondial où la numérisation est le mot d’ordre.
Répondant à l’appel lancé par le secrétaire général des Nations unies, lors de la tenue du Sommet pour la transformation de l’éducation, au renforcement du rendement et du financement de l’éducation, le bureau régional de l’Unesco pour le Maghreb vient d’organiser, les 19 et 20 de ce mois à Tunis, en collaboration avec le ministère de l’Education, une réunion régionale de haut niveau ayant pour thème «La transformation numérique de l’éducation au service de l’ODD4».
Cette rencontre, placée sous le haut patronage du chef du gouvernement, a réuni les représentants des politiques de l’éducation dans la région, les experts relevant de l’Unesco ainsi que les principaux intervenants dans le secteur. Elle leur a permis de faire le point sur les étapes franchies jusque-là aux échelles nationales respectives, des stratégies et des approches établies, dans le but de réaliser l’Objectif de développement durable 4, lequel consiste en la garantie d’une éducation de qualité, assurant à tous les individus un accès équitable. La transformation numérique joue un rôle déterminant dans la garantie d’une éducation de qualité ; une éducation qui devrait épouser parfaitement les exigences du contexte mondial actuel et contribuer au renforcement des compétences et de l’élève-étudiant et de l’enseignant.
Les assises de la réforme
Pour les représentants des politiques de l’éducation au Maghreb, l’objectif est double : engager un dialogue fructueux sur la transformation numérique dans la région tout en consolidant davantage la coopération pour un parcours de réforme bien fondé et conforme à l’ODD4. D’ailleurs, la séance plénière de la première journée de la rencontre a permis aux ministres et aux porte-parole des ministres d’éclairer l’assistance sur les visions et perspectives de l’éducation, et ce, dépendamment de l’ODD4, des contextes nationaux respectifs, des priorités et des moyens.
En Tunisie, et depuis l’indépendance, l’éducation a été le cheval de bataille d’une société aspirant à la prospérité et misant sur ses ressources humaines et sur ses compétences. Néanmoins, le règne du digital a trahi la frêle aptitude du système éducatif en manque de numérisation, surtout durant la pandémie du Covid-19. «La Tunisie vient d’adhérer au groupe de coopération technique de l’Unesco. Nous nous engageons dans cette nouvelle approche participative à trouver des solutions pratiques et applicables au renforcement de la qualité de l’éducation. La numérisation représente un pilier incontournable à la modernisation des systèmes éducatifs», a indiqué Mohamed Ali Boughdiri, ministre de l’Education.
La Tunisie a avoué, après deux décennies de trébuchements, que le système éducatif était en mal de mire. Il était donc temps de repenser le système conformément aux exigences du contexte mondial actuel voire des enjeux futurs. Une étude-diagnostic approfondie sur l’état des lieux du système a été menée dans l’optique de cerner les problématiques et fixer les objectifs relatifs à l’éducation dans le cadre du plan 2023/ 2025, ainsi que ceux escomptés à l’horizon 2035. L’instauration du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement servira les grandes planifications.
D’un autre côté, les résultats de la consultation nationale sur l’éducation seront l’assise d’une réforme participative, inclusive et innovante. Une plateforme digitale nationale regroupera, désormais, toutes les données relatives au secteur.
Démocratique, gratuite et obligatoire
En Algérie, et d’après les données avancées par le porte-parole du ministre algérien de l’Education nationale, le secteur de l’éducation correspond au tiers de la population, ce qui justifie l’intérêt accordé au secteur. L’éducation doit nécessairement être, à son sens, démocratique, gratuite et obligatoire. Pour relever les défis de l’ODD4, les manches se retroussent pour renforcer les ressources humaines et matérielles et être au diapason des nouvelles approches pédagogiques.
En Mauritanie, une série de mesures réformatrices ont été apportées au système de l’enseignement primaire, afin d’améliorer la qualité de l’éducation et de garantir le droit à l’éducation à tous. Mokhtar Ould Dahi, ministre de l’Education nationale et de la réforme du système éducatif mauritanien, a indiqué que la Mauritanie opte pour un enseignement primaire étatique, exclusif et obligatoire.
Par souci d’équité, l’uniforme est exigé dans les écoles. Il est octroyé par l’Etat à titre gracieux aux nécessiteux. Construire des écoles est une solution durable permettant, à la fois, d’assurer une meilleure couverture éducative tout en minimisant au mieux l’encombrement des classes, limitant ainsi ce dernier à une moyenne de 40 élèves par classe.
Par ailleurs, et parallèlement à la révision et l’actualisation des programmes de l’enseignement primaire, il a été procédé à la mise en place d’un programme baptisé «une deuxième chance» au profit des enfants déscolarisés. Quant à la profession de l’enseignement, une réforme de la formation a été lancée, dans le but de valoriser davantage le rôle de l’enseignant et de hisser le niveau de sa performance et de son rendement.
S’agissant de la transformation numérique de l’éducation, la Mauritanie a mis en place un plan à trois ans pour numériser la gouvernance de l’éducation, en commençant par des expériences pilotes dans certaines écoles. Elle mise aussi sur le renforcement du budget alloué à l’éducation pour mieux investir dans le Savoir et réduire la disparité entre les milieux rural et urbain.
Une logistique au diapason du numérique
En Libye, la transformation numérique de l’éducation commence par l’instauration d’un projet national, lequel englobe plusieurs volets dont la numérisation des dossiers relatifs aux examens, la création d’un registre national numérisé regroupant toutes les données relatives aux enseignants, aux inspecteurs, ainsi qu’à la lutte contre la fraude. Toute une vision numérique tend à moderniser le secteur en optant désormais pour un programme scolaire numérisé, des cours virtuels, etc. Des efforts sont fournis, aussi, pour renforcer les capacités et les connaissances des enseignants en matière de performance numérique.
De son côté, M. Adil Bajja, directeur de la stratégie, des statistiques et de la planification et coordinateur national de l’ODD4 au Maroc, a éclairé l’assistance sur le parcours du Maroc pour la transformation numérique de l’éducation. La réforme a été lancée en 2015 et se poursuivra jusqu’à 2030. Elle a permis, d’emblée, d’établir un cadre législatif spécifique via l’instauration d’une loi-cadre en septembre 2019.
Le Maroc consacre jusqu’à 23% de son budget à l’éducation ; le secteur public accapare à lui seul 6,3% du PIB. Néanmoins, les résultats ne sont aucunement à la hauteur des exigences. Aussi, une feuille de route quinquennale a été établie pour l’exercice 2022-2026, visant à améliorer les acquis des apprenants, réduire de un tiers l’abandon scolaire et doubler le budget alloué à l’éducation nationale. Le pays avait, en outre, suggéré la création d’un mécanisme arabe sur l’éducation dans le but de partager les bonnes pratiques ; une proposition qui a été acceptée.