C’est clair, ce joueur vaut incontestablement quelque chose, mais doit être pris en main et responsabilisé
Le cas de Hannibal Mejbri ( nous en avions parlé dans une de nos précédentes éditions) est bien particulier. Voilà un jeune joueur qui a vite donné des signes évidents mettant en valeur ses qualités de footballeur qui promettait monts et merveilles. Mais des concours de conjonctures ont voulu que tout soit bouleversé par des circonstances défavorables. Il a eu la chance ou la malchance d’atterrir dans un club de légende : Manchester qui est de ces clubs où la recherche de la performance est un sacerdoce de tous ceux qui endossent sa casaque.
Mejbri a bien entamé son apprentissage et a donné des prémices de réussite qui ont convaincu les responsables anglais. Ils ont décidé de le garder tout en lui permettant d’apparaître de temps à autre dans des rencontres pour s’exprimer et constituer un objet d’intérêt pour les recruteurs. Les grands clubs ne font rien au hasard.
Pendant ce temps, une campagne tout ce qu’il y a de maladroite se déroulait sur le Net et exaltait les qualités que l’on a voulues extraordinaires. C’était une erreur, car le jeune Mejbri était au stade de l’apprentissage d’un joueur professionnel dans un milieu ambiant difficile et exigeant.
Sa convocation en équipe nationale était une nouvelle chance pour lui, mais aussi l’occasion de faire connaissance avec le clanisme qui détruit et qui agit pour soumettre les nouveaux à un impitoyable bizutage. Son poste et sa notoriété entretenue artificiellement lui ont vite attiré des problèmes vite étouffés et qui ont fini par ressurgir lors de la dernière CAN. Certes, il avait des complications à résoudre au niveau de son club, mais il ne voulait pas aussi revivre les affres d’une mise à l’écart sous la poussée de ceux qui lient et délient les affaires de l’équipe nationale. Face à un encadrement qui marchait sur des œufs, il ne pouvait lutter à armes égales avec ceux qui occupent la place et font la loi. Nous espérons que cela changera avec les nouveaux dirigeants de la FTF.
Qu’adviendra-t-il de lui ?
De toute évidence, il était écrit, décidé qu’il n’avait pas sa place à Manchester mais que les Anglais entretiennent le doute pour mieux le vendre.
Séville s’est placé sur les rangs, mais voilà que Mejbri inaugure son arrivée, présentée comme celle du retour du Messie, par une entorse à la discipline. Il est vite mis à l’écart pour enfin juger que les Espagnols n’avaient aucunement l’intention de l’acheter au terme de son prêt.
Qu’adviendra-t-il de lui ? Il finira dans une équipe turque ou du Golfe, mais les grands rêves paraissent brisés, à moins d’un miracle. Et nous ne croyons pas à ce genre de miracles d’une manière ou d’une autre. Tout est possible certes, mais Mejbri a sans doute conclu qu’en fin de compte, la CAN aurait pu être une excellente vitrine pour prendre une nouvelle direction.
Mais que vaut-il réellement ?
Un technicien a bien voulu nous donner son avis tout en nous demandant de ne pas divulguer son nom pour des raisons évidentes. Les problèmes de l’équipe nationale ne le regardent pas, et seuls les résultats en tant que fan l’intéressent :
«Mejbri n’est pas une future vedette, une star telle qu’on veut le faire croire. C’est un bon joueur sans plus, mais qui demande à être mieux encadré et guidé, car il a appris de mauvaises habitudes qui nuisent à sa carrière. On lui a fait croire qu’il était exceptionnel, alors que c’est un bon porteur d’eau qui a des qualités certes, mais pas pour en faire un meneur. Il est capable de débloquer des situations dans une équipe mais il est difficile de construire autour de lui un projet tel que nous l’avions fait autour de Tarak Dhiab ou Hédi Bayari à une certaine époque. Ce genre de joueurs meneurs qui secondent l’entraîneur sur le terrain ne sont pas légion».
Voilà, c’est clair, ce joueur vaut incontestablement quelque chose, mais doit être pris en main et responsabilisé. Cela devrait être la tâche du futur sélectionneur s’il consent à tenter l’aventure en le convoquant.