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Point de vue | L’art de gérer la paie !

Point de vue

 

Il est certain que la principale cause des litiges des clubs tunisiens avec leurs joueurs et entraîneurs locaux et étrangers est financière. Les dettes cumulées en termes de salaires, primes de signature et de rendement, bonus accordés en cas de consécration sans oublier les primes de victoires quand ça existe (dans plusieurs cas, cette partie variable est incluse dans les primes de rendement par exemple ou même le salaire), mettent un fardeau sur la trésorerie du club. Et on a beau instituer la règle de la planification financière dans les clubs, en réalité, on gère ces engagements financiers au jour le jour et au gré des décisions des dirigeants sur un mercato. Quand l’exercice commence pour un club, c’est-à-dire le 1er juillet, le trésorier et la commission financière, qui ont l’information-clef, à savoir le potentiel financier du club (d’une façon prévisionnelle et en fonction des engagements futurs et des recettes espérées, ce dont disposerait le club sur la durée de l’exercice), ne peuvent pas établir leurs budgets prévisionnels, parce que souvent, le président du club et ses adjoints (souvent des amis qui n’ont aucune connaissance de la direction et de la gestion financière) s’en chargent. Ils ramènent des joueurs locaux et étrangers pour satisfaire l’appétit du public et de son entraîneur, et s’engagent à payer des salaires élevés et des primes de signature assez conséquentes qui pèsent lourd dans le budget. Résultat, ce sont des charges colossales à payer à court terme (salaires mensuels, primes trimestrielles), mais en même temps, le trésorier a du mal à honorer ces engagements, faute de ressources stables avec une billetterie aléatoire et faible (capacité réduite des stades et longues trêves), des recettes publicitaires et de parrainage de plus en plus faibles, des droits TV pas encaissés et maintenant «carbonisés». Cela explique le retard dans le paiement des salaires dans tous les clubs. Les engagements faits envers les joueurs dépassent les ressources existantes. Et on tombe dans les crises financières tels que ça s’est produit au CA et à l’ESS. La solution? Une générosité du président du club tel qu’à l’EST pour lever l’interdiction du recrutement, ou la générosité du public tel qu’au CA et maintenant à l’Etoile. Mais la solution logique, c’est de bien gérer ses budgets et bien doser sa paie. Au moment de conclure des contrats et de ramener des joueurs, il faudra bien négocier. Réduire les salaires, établir une grille de salaire homogène et acceptable, lier les primes aux performances atteintes et compresser cette masse salariale, quitte à limiter le nombre de joueurs recrutés surtout étrangers, est la solution à court terme pour une stabilité du club. Payer moins et à temps est nettement mieux que payer plus mais dans des délais inconnus. Même le joueur sera gagnant et se sentira plus en sécurité. L’inflation des salaires et ces engagements fous et incalculés des dirigeants ont causé un «tsunami» financier dans nos clubs. Et comme on a un statut flou des clubs et qu’on n’a pas de règles strictes appliquées aux présidents des clubs fautifs et dépensiers, on poursuivra avec ce décor «kafkaïen» qu’on voit sur notre football.

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