On se prive des vacances pour un smig mensuel qui ne dépassera pas les trois cents ou quatre cents dinars, mais encore faut-il être chanceux et trouver un petit boulot juste après la fin des études. Le premier obstacle dans notre pays, c’est l’absence de sites spécialisés dans les jobs durant la période estivale et les annonces publiées à cet effet sont rares et se comptent sur les doigts d’une main. Hormis un opérateur de téléphonie qui a publié sur son site une annonce de recrutement pendant la saison estivale juillet-août 2019 au profit de jeunes étudiants, ces derniers sont restés sur leur faim et ont dû faire du porte-à-porte pour dénicher un petit job.
En quête d’autonomie financière et d’un sentiment libérateur d’une emprise parentale qui ne fait que trop durer, étudiants, nouveaux bacheliers et lycéens se ruent sur les restos, les salons de thé et les centres d’appel pour un job d’été, synonyme aussi d’une indépendance et de liberté, notamment pour les filles qui tentent de fuir les tâches ménagères durant l’été.
Faire d’une pierre deux coups
On se prive des vacances pour un smig mensuel qui ne dépassera pas les trois cents ou quatre cents dinars, mais encore faut-il être chanceux et trouver un petit boulot juste après la fin des études. Le premier obstacle dans notre pays, c’est l’absence de sites spécialisés dans les jobs durant la période estivale et les annonces publiées à cet effet sont rares et se comptent sur les doigts d’une main. Hormis un opérateur de téléphonie qui a publié sur son site une annonce de recrutement pendant la saison estivale juillet-août 2019 au profit de jeunes étudiants, ces derniers sont restés sur leur faim et ont dû faire du porte-à-porte pour dénicher un petit job. C’est ainsi que Raed, Sayed et Dhia, trois jeunes étudiants habitant dans la banlieue nord de Tunis, ont pu se procurer un boulot dans une salle de fêtes. Ils se muent en serveurs le temps d’une réception de mariage et sont tenus à se présenter les cheveux bien coiffés et la barbe bien rasée. Le travail dure de 15h00 jusqu’à trois heures du matin et nos jeunots perçoivent la modique somme de 50 dinars. « C’est mieux que rien et je n’aime pas qu’on me qualifie de flemmard », confie Raed qui se plaint toutefois du comportement parfois déplacé et hautain des invités. Étudiante en ingénierie informatique, Linda est plus chanceuse, elle a pu s’offrir un boulot dans un centre d’appels à Tunis grâce à l’intervention de sa sœur aînée qui travaille en tant que responsable. La condition sine qua non pour le recrutement, celle de l’expérience, n’est plus exigée grâce à la complicité et coup de pouce de la sœur. Malgré le grand nombre d’heures de travail et la fatigue, elle est heureuse d’avoir trouvé ce boulot. Avec une paie mensuelle de 600 dinars, elle est très satisfaite. «C’est comme faire d’une pierre deux coups. Non seulement je me sens financièrement autonome, mais je me suis libérée du fardeau des tâches ménagères et du contrôle parental étouffant», fait-elle savoir.
L’essentiel est d’aimer son job
On profite souvent des arrêts techniques des usines en juillet dans la zone industrielle du Lac 2 pour sauter sur l’occasion et dénicher un emploi, nous déclare le jeune Hichem. C’est une aubaine pour nous, d’autant plus que la paie n’est pas mal et qu’on habite à proximité. Toutefois, il faut postuler à ce job avant l’été, déposer son CV et attendre. Le nombre des demandeurs d’emploi ne cesse de croître considérablement d’année en année. Pour Youssef, étudiant en informatique dans une faculté privée, il a très vite compris le grand enjeu des jobs d’été et n’a pas hésité à se priver des vacances estivales pour donner des cours dans une importante école spécialisée dans le développement et data science. Ce n’était pas du tout facile pour lui car il a dû entamer un vrai parcours du combattant depuis le début de l’année. A ce propos, il rappelle qu’il a été soumis à plusieurs tests et a commencé à assister les stagiaires tous les mercredis et samedis en hiver. Sa persévérance a payé et aujourd’hui il est figure parmi les étudiants sur lesquels l’école compte beaucoup. Comme plusieurs étudiants, Youssef travaille tous les jours de la semaine et ne se repose que le samedi. L’essentiel pour lui est d’être bien dans sa peau et d’aimer le job, même occasionnel, qu’on fait.
Une belle expérience à vivre
A la question comment as-tu trouvé un travail saisonnier, les réponses diffèrent, mais ce sont surtout des amis qui viennent le plus souvent à la rescousse et servent de «tuyaux». Les parents préfèrent laisser leurs mômes faire le premier pas et découvrir le monde du travail. Mais aussi paradoxal que ceci puisse paraître, il arrive que certains parents refusent à leurs enfants un job comme serveur (euse) ou vendeur(euse).C’est une question de prestige pour mon père qui a refusé que je travaille comme serveur dans un café du quartier, regrette le jeune Hamdi (étudiant à la Faculté des Lettres, La Manouba). Se muer en été en vendeur, serveur, caissier et se passer des vacances d’été n’est pas à la portée de tout le monde, surtout quand le jeu n’en vaut pas la chandelle et qu’on n’est pas bien payé. Le risque d’être poussé à rendre le tablier est omniprésent et la pression exercée le plus souvent par le chef bute contre la nature rebelle des jeunes. Mais les jeunes diront toujours au bout du compte que ce fut une belle expérience qui mérite d’être vécue. Des célébrités et des stars n’ont-elles pas commencé leur vie par de petits boulots d’été dans les restos comme serveurs ou plongeurs. Le premier job d’été laissera à coup sûr des souvenirs indélébiles. Un peu dur, les premiers jours ? Oui, à coup sûr, surtout avec ces ordres qui fusent de partout, mais ce qui compte beaucoup plus, ce job sera toujours perçu comme la première leçon de la vie.