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Chroniques de la Byrsa: Le point sur un lifting

A chaque fois que je quitte mon cocon carthaginois pour me rendre dans un autre pays, une autre ville ou même un autre quartier, il est une visite que je ne manque jamais d’effectuer, celle du marché local. Pas nécessairement pour y faire des emplettes mais surtout pour m’immerger au cœur des réalités du cru. Là, en effet, on est renseigné sur les ressources naturelles dont dispose la population ; sur les goûts, le pouvoir d’achat, le niveau et la qualité du train de vie de celle-ci, etc. Sans parler du plaisir que procurent l’exposition ingénieuse ou artistique des divers produits ainsi que leurs couleurs et leurs senteurs. Pour toutes ces raisons, au demeurant, les marchés, du moins les principaux d’entre eux, constituent l’une des principales attractions touristiques de toute localité.

Mais ces marchés renseignent aussi sur la mentalité des marchands et de la clientèle et sur l’état d’esprit des autorités de tutelle. Et c’est à ce dernier aspect que je voudrais m’arrêter.

Le Marché central était à l’origine dénommé Foundouk el ghalla (Halle aux fruits), appellation savoureuse qu’il aurait fallu garder au moins sur le fronton de l’entrée principale, fût-ce pour le souvenir. Il a été bâti en 1891 sur une superficie de 12.000 m², en gros dans sa configuration actuelle, dans un style architectural hybride mêlant l’art Déco à la touche dite arabisance d’inspiration locale.

L’arrivée de nouveaux opérateurs, jeunes pour la plupart,

n’a pas favorisé la transmission

de certains métiers hérités de « la belle époque »

Le « Ventre de Tunis » en était resté là des décennies durant. En l’absence d’entretien, son état s’est considérablement dégradé. Et c’est seulement 120 ans après, dans le cadre de la coopération tuniso-française et grâce à un financement de l’Agence française de développement (AFD), qu’un grand chantier a été lancé par l’Association de sauvegarde de la médina de Tunis pour restaurer et revaloriser le bâtiment et pour l’équiper. Les travaux ont démarré en 2003 et se sont prolongés jusqu’à 2007. Le 18 avril de cette année-là, le Marché central, entièrement rénové, ouvrait ses portes sur 350 stands, 86 boutiques, 113 poissonniers et 18 fleuristes.

Ce lifting a, certes, donné une deuxième jeunesse à l’endroit, désormais plus aéré, mieux éclairé et doté d’installations plus fonctionnelles. Le revers de la médaille, car il y en a un, a été la perte, en cours de travaux, de niches commerciales disparues avec leurs marchands. Qui se souvient encore des étals spécialisés dans la vente, à longueur d’année, de diverses variétés de champignons, d’asperges de culture et des sauvages, d’endives et de bien d’autres variétés de légumes, de fruits et de produits de la chasse ? L’arrivée de nouveaux opérateurs, jeunes pour la plupart, n’a pas favorisé la transmission de certains métiers hérités de « la belle époque ».

Dix-sept ans plus tard, où en sommes-nous ?

On reviendra au Marché central à notre prochain rendez-vous pour le savoir.

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