Lors d’une audience devant l’Assemblée des représentants du peuple, en date du 27 février 2024, le ministre du Transport a levé un pan du voile qui recouvre l’intrigante affaire de la ligne D du RFR.
Pour une fois, des précisions ont été données permettant aux citoyens et, particulièrement aux futurs usagers de cette ligne, d’avoir une idée approximative sur les principales échéances.
Exploitation progressive de la ligne
Pour une fois, aussi, le ministre a été on ne peut plus clair sur le conflit qui oppose la société du RFR et le conseil municipal de la Ville du Bardo. Un conflit qui, faut-il le rappeler, n’a que trop duré. Cette opposition repose sur des arguments qui ont été rejetés le 9 février par le tribunal administratif. Ce dernier a, en effet, retoqué la décision du conseil municipal n°5815 relative à l’arrêt des travaux au niveau du Bardo.
Tous ceux qui suivent ce malheureux “feuilleton”, depuis des années, n’ont pas oublié cette opération déshonorante lancée, il y a quelques années, contre les entreprises engagées dans les travaux au niveau du Bardo. Il s’agissait, pour ceux qui s’en rappellent, de la confiscation des engins de chantier.
Maintenant, les travaux sont relancés, avec plus de détermination. Le ministre du Transport a même avancé des dates. Il a tenu à préciser que rien ne pourra plus entraver l’achèvement de ce projet national. Il sera réalisé selon les plans initiaux. L’exploitation se fera de façon progressive, à partir de septembre 2024 et la ligne sera prête en totalité à la fin de l’année 2026. Date trop éloignée, il faut l’avouer. Reste, toutefois, à nous préciser ce que signifie “exploitation progressive». Cela veut-il dire que le train desservira le tronçon situé entre Gobaâ et la station Bortal ? Sachant que la ligne D compte, de part et d’autre du Bardo, Erraoudha, Mellassine, Saida Manoubia, ainsi que Bortal, Manouba, les Orangers et Gobaâ.
Le gouvernement a recommandé à travers la commission supérieure d’accélération des projets nationaux d’appliquer la loi. C’est, d’ailleurs, ce que le ministre a martelé au cours de son audience parlementaire.
De plus, une autre réunion s’est tenue le 29 février dernier pour assurer le suivi des décisions prises à propos du réseau ferré rapide (RFR) et de la relance des travaux. C’est le premier délégué chargé des affaires du gouvernorat de Tunis qui a présidé cette réunion. Celle-ci a regroupé un grand nombre de responsables intervenants dans la réalisation de ce mégaprojet. Il s’agit du délégué du Bardo, du directeur régional du développement du gouvernorat, du directeur régional de l’Onas, du SG chargé des affaires de la municipalité du Bardo, des représentants de la société du RFR et des directions régionales des communications, de la Steg et de la Sonede.
L’accent a été mis sur la nécessité de travailler de concert en veillant à assurer une coordination efficace entre tous les intervenants. Ce projet, est-il souligné, revêt une importance majeure et jouit d’un intérêt particulier au plus haut niveau.
L’aspect historique de la Place du Bardo devrait être préservé, sans pour autant négliger l’apport incontestable de la ligne D, lors de son exploitation future. Il n’est que de voir la situation créée par l’exploitation de la ligne E depuis le 27 mars dernier. Dans quelques jours, on fêtera la première année de son lancement et, déjà, elle enregistre des scores avec plus de 10.000 passagers quotidiennement et une fréquence des plus respectables. Le trajet entre la station Barcelone et Bougatfa se fait en 15 minutes. Il en sera de même pour le projet de la ligne D s’il venait à voir le jour.
Le passage par la ville du Bardo
En principe, son lancement se fera de façon progressive et par étapes. Un premier démarrage sera effectué d’ici septembre prochain. Quant à la réalisation totale du projet, elle est prévue pour fin 2026. Que pourra-t-il se passer d’ici là ? Personne n’est en mesure de le prédire. Alors que les travaux ont atteint plus de 80 %, seul le tronçon du Bardo pose problème. Pour l’heure, le débat sur le passage à proprement parler du train par la ville du Bardo se poursuit. Tous les scénarios possibles ont été examinés avec tout le sérieux requis. Toutes les options sont connues. Celle qui sera retenue est l’option prévue dans les plans initiaux comme cela a été convenu. Néanmoins, plusieurs scénarios ont été passés en revue. Les détracteurs du projet évoquent la division de la ville en deux si on adopte le schéma initial. Ils évoquent, également, les problèmes qui pourraient survenir au cas où on aurait recours à un passage équipé de barrières. La fréquence des navettes entraînerait, selon eux, un embouteillage monstre au niveau de la Place du Bardo et paralyserait le trafic automobile. Seulement, chacun sait que les feux de signalisation eux aussi règlent le flux des véhicules sans pour autant bloquer la circulation. Les barrières, si barrières il y a, ne poseront pas plus de problèmes que ne poserait un feu rouge. D’ailleurs, l’attente du passage du train ne devrait pas durer plus d’une minute. Et les feux de signalisation restent au rouge, parfois, plus d’une minute. A priori, il n’y aurait aucun reproche à faire sur ce sujet. Quel mal y aurait -il à patienter quelques secondes juste le temps que le train passe. Cela se fait partout dans le monde. Et puis, tous ces blocages des travaux et retards ont causé des pertes énormes qui auraient pu servir à améliorer davantage le secteur du transport. Devant tous les préjudices causés au cours de ces dernières années, il est temps de se rendre à l’évidence et de privilégier l’intérêt national. Toute autre considération ne peut que nuire aux efforts de développement et, pire encore, relever tout simplement du… sabotage.