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A visage découvert

Editorial La Presse

Ce n’est pas une armée, mais des milices hors la loi. Des bandits de grand chemin à qui on a donné un uniforme, des armes et le droit de tuer. Si les pilonnages des civils, des refuges, des mosquées, des hôpitaux et des convois humanitaires ne suffisent pas à convaincre, l’exécution sommaire de deux jeunes palestiniens esseulés qui tentaient de gagner le nord de l’enclave montre à quel point cette dite armée dotée des plus grands moyens n’est rien d’autre qu’un ramassis de criminels. Et si le monde était juste, ils seraient tous jugés, du plus petit soldat aux grands généraux.

Le procès de Nuremberg a été intenté par les Alliés, du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, contre les principaux responsables nazis, accusés de « crimes contre la paix », « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Nous y sommes. A ce détail près, les victimes devraient être assisses dans le box des accusés.

Les criminels avaient donc tiré sur deux civils qui déployaient un drapeau blanc, reconnu par le droit international comme un signe de cessez-le-feu ou de capitulation. Après les avoir exécutés, un bulldozer pousse les corps inanimés vers un trou et les enfouit sous le sable et des déchets. Est-ce le comportement de soldats ou bien de criminels qui dissimulent les corps de leurs victimes, des preuves à charge ? La vidéo, diffusée par la chaîne qatarie El Jazeera, mercredi dernier, n’est pas la seule, d’autres actant des crimes aussi sordides ont été diffusées un peu partout.

Bloquer l’aide humanitaire et affamer une population civile est un autre crime de guerre qui se déploie sous les yeux du monde. Les petits corps décharnés des enfants palestiniens rendant l’âme, faute de lait, n’ont pas fini de choquer. Le bilan en près de six mois de guerre ne cesse de s’alourdir ; près de 33 mille personnes tuées, majoritairement des femmes et des enfants, et plus de 75 mille blessés.

Ne pas respecter les résolutions internationales est un autre crime. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, lundi, sa première résolution exigeant un «cessez-le-feu immédiat», restée lettre morte. Un appel entravé plusieurs fois par les États-Unis qui se sont, cette fois, abstenus.

De ce désastre insupportable jaillit un point lumineux. Israël est mis au ban de la communauté internationale, isolé, ne pouvant se faire passer pour une victime, ni prétendre au droit de se défendre. Ce discours sournois et trompeur qui a fait son temps et manipulé l’opinion mondiale, des décennies durant, n’a plus droit de cité, n’est plus accepté, même pas par les soutiens inconditionnels.

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