La soirée d’ouverture de la 34e édition du Festival international du film amateur de Kélibia (Fifak), jeudi dernier au théâtre de plein air de Kélibia, s’est caractérisée par sa sobriété.
Initialement prévue pour le 29 juillet, l’édition a été retardée pour cas de force majeure : le deuil national décrété pendant 7 jours suite au décès du Président de la République Béji Caïd Essebsi entraînant l’annulation de tous les spectacles artistiques dans les différents festivals estivaux.
Devant un théâtre plein rehaussé par la présence du ministre de la Culture Mohammed Zine El Abidine et les autorités locales ainsi que les invités nationaux et internationaux, le directeur du Fifak a donné le coup d’envoi de la 34e édition rappelant essentiellement que malgré les hauts et les bas avec le ministère de la Culture, le Fifak, qui fête ses 55 ans, continue à œuvrer en accordant aux films des jeunes futurs cinéastes sans ressources un espace de projection où ils peuvent montrer leur film.
Au cours de ce rendez-vous annuel incontournable, la communauté des cinéastes amateurs se rassemble dans une ambiance bon enfant pour des moments d’échange fructueux avec les professionnels du cinéma et le public de plus en plus nombreux chaque année. Véritable pépinière, le Fifak essaie de se renouveler et d’ouvrir de nouvelles voies pour les jeunes générations assoiffées de cinéma.
«Encantado, le Brésil désenchanté»
Après l’hymne national, l’allocution du directeur du festival et la présentation des deux jurys national et international dont les membres du jury international sont : Raouf Ben Amor (acteur) Anna Kurinnaya (scénariste), Ghanem Ghanem (acteur et dramaturge), Mathilde Rouxel (chercheur) et du jury national : Imen Nafti (cinéaste amateur), Walid Mattar (cinéaste), Leila Ben Rhouma (universitaire), Moncef Taleeb (ingénieur du son) et Lobna Mlika (actrice), place a été faite à la projection du film documentaire brésilien «Encantado, le Brésil désenchanté» de Filipe Galvon. Un choix qui marque le retour du Fifak à un genre de cinéma engagé d’Amérique Latine.
55 minutes au cours desquelles, le cinéaste raconte son pays le Brésil à partir de son quartier «Encantado» complètement déserté à cause de la crise économique qui sévit dans le pays. Promu dans les années 2000 comme étant un pays d’avenir sous les deux mandats du président Lula, le pays de Pelé a sombré par la suite dans une grave crise économique. A travers des témoignages de la société civile, le film donne un panorama de la 7e puissance économique mondiale. Ces années charnières se sont soldées par la destitution de sa présidente Dilma Roussef et l’emprisonnement de son ex-président populaire Lula pour corruption.
La population désespérée et de plus en plus pauvre s’est réfugiée dans la religion. Entre Rio et Paris, «Encantado» donne la parole à une génération de jeunes étudiants qui retracent les événements ayant conduit le pays à son désenchantement ainsi qu’à trois candidats aux élections présidentielles de 2018 qui analysent la situation du pays. La situation du Brésil est analogue à celles de plusieurs pays de ce qu’on appelle le «Printemps arabe» où les démocraties fragiles semblent vaciller. Le film réalisé avec justesse et sobriété aborde des questions essentielles en s’interrogeant sur l’avenir du pays et du nouveau destin politique à réinventer.
L’assistance nombreuse de Kélibia a apprécié cette œuvre forte et engagée en attendant la suite du programme et notamment les films en compétions qui ont démarré hier. Ce soir, la journée est dédiée à la Palestine avec un master class animé par Kamel Aljaâfari et Soumaya Allagui et une soirée spéciale consacrée à la cinéaste libanaise Joseline Saâb.