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Chroniques de la Byrsa: Chapeau (de paille) bas

Je sais que les météorologues annoncent pour le début de la semaine à venir un rafraîchissement de la température et même des précipitations qui seront bienvenues après les chaleurs de la semaine qui expire ce jour. C’est dire que le climat est encore instable et qu’il est préférable de se conformer à l’adage qui veut qu’en avril il ne faut pas quitter un fil. N’empêche, le réchauffement climatique qui promet d’être de plus en plus sévère en termes de niveau du mercure remet à l’ordre du jour le recours au port d’un couvre-chef. Je l’ai ressenti ces derniers jours en me rendant, en milieu de matinée, au marché, pittoresque, diraient certains et pitoyable dirais-je moi-même, du quartier anciennement dit Stanville au Kram-Ouest.

La question du couvre-chef chez nous ne cesse de me tarabuster depuis la vague qui date, en gros, des années 70 du siècle passé avec l’apparition, sur le crâne du Tunisien, des casquettes, bérets et autres chapeaux de feutre. Le phénomène est allé s’amplifiant, devenant dominant, en tout cas dans les grandes villes, au point que les rares chéchias ou chapeaux de paille qui surnagent dans la marée des autres coiffes sont devenus les seules touches de gaieté dans la grisaille de ce paysage. Pour ma part, vieux jeu de 80 balais, j’ai toujours assimilé les coiffures européennes à l’époque de la domination étrangère, éprouvant à leur égard un rejet épidermique (je le reconnais). D’où ma vénération pour la chéchia et ma fidélité au chapeau de paille. Le mien, auquel je suis profondément attaché et que je ressors à chaque belle saison, commence à donner des signes de fatigue. Ainsi, il ne sait plus retenir la transpiration qu’il affiche désormais sans complexe sur son fronton. Aussi, est-il temps de le remplacer. J’ai sillonné la banlieue nord pour en trouver un de rechange, point ! Il me faudra, moi le sédentaire cloué à sa banlieue, descendre en ville pour m’en procurer un nouveau.

La mode semble être à la sobriété : motifs simples, géométriques et en couleurs naturelles

Ces dernières années cependant j’ai remarqué un retour en grâce de cette coiffure auprès d’un public diversifié : hommes et femmes, jeunes et plus âgés. Il est vrai aussi que j’ai observé un certain renouveau dans les modèles proposés. On n’en est pas encore au chapeau de grand format décoré de pompons multicolores en laine sur sa bordure et à son sommet, ni à celui garni sur le dessous d’élégantes décorations en cuir découpé, comme il y en avait dans le temps. La mode semble même être à la sobriété avec des motifs simples, géométriques et en couleur naturelle.

Les prémices d’un retour aux sources sont donc là. Le public reprend goût à son patrimoine. C’est une bonne nouvelle. Reste que, de l’autre côté, celui des fournisseurs, l’effort ne doit pas s’arrêter à la rénovation. Il y faudrait un coup de pouce du côté marketing. On y reviendra dans notre prochaine livraison.

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