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Kairouan | Les bassins des Aghlabides : Une architecture unique

 

Bien qu’ils soient inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988, les bassins des Aghlabides au style architectural unique ne sont pas suffisamment valorisés

Outre les beaux monuments qu’on peut visiter, tels la mosquée du Barbier, Bir Barrouta, la zaouia de Sidi Amor Abada, la Grande Mosquée Okba, on a toujours un grand plaisir à admirer les bassins des Aghlabides construits entre 860 et 862, couvrant une superficie de 11.000 m2 et qui fascinent par leur architecture unique et leur grande dimension.

Alliant utilité et esthétique, ces deux ouvrages sont reliés par un conduit et servaient de réservoir et de bassin de décantation. D’autre part, ils s’inscrivent dans de puissantes enceintes polygonales renforcées de contreforts cylindriques pour contenir la poussée de l’eau. Ce sont des ouvrages maçonnés de moellons recouverts d’une épaisse couche d’enduit pour assurer l’étanchéité! Et au centre du grand bassin, on constate l’existence d’un pôle carré qui supportait une plateforme d’agrément et qui servait également à annuler les mouvements de l’eau occasionnés par le vent. Les habitants de la ville les plus démunis venaient puiser gratuitement l’eau depuis les citernes qui flanquent le grand bassin.

Par ailleurs, des prospections effectuées par des équipes de l’INP, en 2022, dans la zone récréative des bassins des Aghlabides ont abouti à la découverte de quatre autres bassins de différentes grandeurs et d’un aqueduc.

Une restauration qui tarde

Ces nouveaux ouvrages, une fois restaurés, feront de cette zone de 14 hectares un complexe hydraulique unique au monde. Malheureusement, les bassins des Aghlabides sont aujourd’hui en mauvais état à cause des poubelles et des canettes lancées par des clochards, faute de gardiennage permanent. Et même les auvents, les trottoirs, l’éclairage, la verdure et les bancs publics réalisés dans les années 90 sont aujourd’hui tombés en désuétude parce qu’ils ont été faits à la hâte et sans concertation avec les institutions du patrimoine.

Face à cet état de délabrement et de mauvaise gestion de l’espace environnemental, l’INP a entrepris en 2014 des travaux de raccordement au réseau de l’Onas suivis par des opérations de curage tout en essayant de trouver des solutions pour limiter les effets néfastes de la montée de la nappe phréatique et de la salinité de l’eau.

En outre, l’éclairage, les trottoirs, les auvents et les banquettes ont été restaurés tout en asphaltant les principales allées.De nouveaux arbustes ont été plantés et un nouveau portail d’entrée a permis de limiter les mauvaises fréquentations nocturnes.

Ainsi, grâce à cet aménagement et grâce à la présence d’un manège, ce site archéologique classé patrimoine mondial est devenu très fréquenté surtout en période estivale, notamment par les familles n’ayant pas les moyens d’aller en bord de mer.

Par ailleurs, beaucoup de citoyens adhérents au club de la marche viennent trois fois par semaine aux bassins des Aghlabides afin d’effectuer des séances de marche rapide, suivies par des exercices de stretching dirigés par des professeurs d’éducation physique.

En outre, en 2017, un don saoudien de 15 millions de dollars a été consacré à la sauvegarde et à la restauration des bassins des Aghlabides, de la Mosquée Okba et de la Médina de Kairouan. Et un appel d’offres international, datant de 2020, vise la réalisation de l’étude de restauration et de mise en valeur de ces 3 projets.Espérons que cela ne tardera pas à se réaliser afin de préserver le patrimoine et l’architecture des monuments de Kairouan inscrits depuis 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

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