Accueil A la une Médicaments génériques et biosimilaires : Le cheval de bataille de l’industrie pharmaceutique

Médicaments génériques et biosimilaires : Le cheval de bataille de l’industrie pharmaceutique

 

Tabler sur les génériques et les biosimilaires ouvrira grandement la voie à l’importation des médicaments nouveaux et innovants et allègera sensiblement la pression et sur la Pharmacie centrale et sur les caisses sociales.

L’Association tunisienne des médicaments génériques (Atmg) organise, à partir de demain, et pendant deux jours, au Palais des Congrès à Tunis, les premières journées internationales des médicaments génériques et biosimilaires.

Cet évènement se veut une première ébauche d’une vision futuriste, à laquelle s’appliquent l’association ainsi que ses partenaires dont le ministère de la Santé, et qui tend à promouvoir la production et l’utilisation des médicaments génériques et autres biosimilaires.

Il s’agit, là, d’un challenge à relever, immanquablement, afin d’épouser le rythme international en matière de production des médicaments, de répondre favorablement au besoin du marché local, de booster l’investissement et de garantir le droit des Tunisiens à l’accès aux médicaments de qualité. Tabler sur les génériques et les biosimilaires ouvrira grandement la voie à l’importation des médicaments nouveaux et innovants et allègera sensiblement la pression et sur la Pharmacie centrale et sur les caisses sociales.

Le générique coûte 30% moins cher !

Annoncées lors d’une récente conférence de presse, tenue à Tunis, les premières journées internationales des médicaments génériques et biosimilaires promettent de déclencher, une fois pour toutes, la révolution des médicaments génériques tant attendue. Présentant l’évènement, M. Kamel Idir, président de l’Atmg, a indiqué que l’évènement regroupera des industriels tunisiens et internationaux, provenant de plusieurs pays maghrébins et africains. Il permettra aussi de faire l’état des lieux des médicaments génériques et biosimilaires en Tunisie, dans la région arabe et à l’échelle mondiale. Il comprendra, également, une conférence sur les différentes étapes de la fabrication des génériques, depuis les matières premières jusqu’au produit fini. Seront aussi en débat la révision du cadre juridique régissant la filière et la formation poussée des pharmaciens en la matière.

Par ailleurs, M. Idir a mis l’accent sur l’importance des médicaments génériques et biosimilaires dans la garantie du droit au médicament de qualité. Les génériques, qui suivent la même chaine de fabrication, sont soumis aux bonnes pratiques de fabrication et ont, certainement, la même efficacité que les médicaments initiaux, sauf qu’ils coûtent 30% moins cher. L’introduction d’un médicament générique sur le marché intrigue souvent les grands laboratoires qui se taillent la part du lion via des médicaments coûteux. «L’introduction sur le marché d’un médicament générique pour le traitement du cancer du sein a mis le laboratoire qui fabrique le médicament initial dans l’obligation de baisser le prix de son produit de 80%, rien que pour résister à la concurrence. Ceci prouve l’impact du générique sur le marché. D’autant plus qu’il nous appelle à réviser les prix des médicaments», indique M. Idir.

3.168 médicaments génériques, 46 biosimilaires

Il faut dire que la Tunisie est pionnière en matière d’industrie pharmaceutique à l’échelle africaine et arabe, et ce, depuis 1960. Elle exporte ses produits vers 26 pays. Et c’est à partir de 2010 que les esquisses de la révision de la politique dans ce secteur en Tunisie avaient commencé par gagner l’intérêt des hauts responsables, donnant, finalement, lieu, en 2023, à la création de l’Agence nationale des médicaments et des produits de santé. L’objectif étant de garantir des médicaments de qualité, ce qui est amplement possible vu le potentiel insoupçonnable des compétences tunisiennes.

M. Abderrazek Hedhili, directeur général de l’Agence, avance des données chiffrées sur l’état des lieux des médicaments génériques en Tunisie. En effet, «la Tunisie compte 43 industries pharmaceutiques de haut niveau et reconnues en tant que telles à l’échelle internationale. Nous disposons, actuellement, de 3168 médicaments génériques et 46 biosimilaires made in Tunisia. Cela dit, poursuit-il, nous restons bien loin du niveau mondial. Aux USA, par exemple, les médicaments génériques correspondaient à 13% de la production pharmaceutique en 1983. Ils accaparent 90% de la production en 2020. L’Etat américain consacre un budget colossal de plus de 313 milliards de dollars à la production des génériques et 103 milliards de dollars aux biosimilaires».  M. Hedhili fait part des principaux objectifs, fixés par le ministère de la Santé en collaboration avec l’Atmg. Il convient, désormais, de miser sur l’encouragement de l’investissement dans l’industrie pharmaceutique locale, sur la promotion de la production des matières premières, la révision du cadre juridique réglementant cette filière, et sur la vulgarisation de l’information sur les médicaments génériques et biosimilaires.

Un nouveau souffle à nos exportations

Donner un nouvel élan aux exportations des médicaments vers les pays africains et arabes s’impose en signant de nouvelles conventions nettement plus pertinentes et plus fructueuses. «En parlant de la révision du cadre juridique, nous venons, en fait, de terminer la révision de la loi 73, réglementant la filière médicamenteuse et pharmaceutique. Nous venons aussi d’arrêter une liste comptant 1.100 compléments alimentaires tunisiens dont l’origine était, jusque-là, méconnue», renchérit le directeur général de l’Agence national des médicaments et des produits de santé. Et d’ajouter que les efforts devraient être redoublés afin que les médicaments génériques puissent couvrir plus de 60% des besoins du marché local. «Plus nous produisons de médicaments génériques et de biosimilaires de qualité, à même de répondre favorablement aux besoins du marché local, plus nous économisons pour importer des produits de santé innovants», résume-t-il.

Le changement de paradigmes s’impose

M. Mahdi Dridi, directeur général de la Pharmacie centrale, compte beaucoup sur les éventuelles répercussions des premières journées internationales des médicaments génériques et des biosimilaires, et ce, en raison de la participation distinguée des pays africains et maghrébins. «La Tunisie a raté, certes, sa révolution générique, se faisant dépasser par des avancées internationales considérables, notamment en matière de médicaments nouveaux et innovants. Cependant, c’est en encourageant les producteurs à hisser leur rendement en médicaments génériques et biosimilaires qu’il est possible de se rattraper. Le changement de paradigmes s’impose. Il doit être en parfaite  harmonie avec la nouvelle vision internationale», souligne-t-il.

En effet, l’intérêt porte désormais sur les médicaments innovants, ceux qui promettent de traiter la maladie en elle-même et non ses symptômes. Il faut dire que 95% des médicaments sont utilisés pour des traitements symptomatiques. C’est le cas, à titre d’exemple, des médicaments prescrits pour les diabétiques, les hypertendus, etc. M. Dridi insiste sur l’impératif, désormais, de booster le recours aux médicaments génériques et biosimilaires en imposant la dénomination commune internationale, afin que les pharmaciens puissent identifier lesdits médicaments et les prescrire aux clients.

La formation des pharmaciens sur ce point est cruciale. «En hissant la production nationale des médicaments génériques et biosimilaires, la Pharmacie centrale ne sera plus dans l’obligation de recourir au marché international pour assurer son approvisionnement. Un choix judicieux qui atténue sensiblement la pression sur la pharmacie centrale mais aussi sur les caisses sociales. Il faut réussir l’équation entre l’ouverture sur les marchés internationaux et la garantie d’une production nationale sécurisante, y compris celle des vaccins», ajoute-t-il.

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