Pendant qu’autorités et professionnels accélèrent leurs préparatifs pour accueillir la haute saison dans de bonnes conditions, un Conseil ministériel s’est tenu deux jours de suite, les 20 et 21 mai à La Kasbah, sous la présidence du Chef du gouvernement, Ahmed Hachani. Il a porté sur l’examen de ces préparatifs mis en œuvre de la saison touristique 2024. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Moez Belhassine, a annoncé, à l’occasion, la mise en place d’un numéro vert : 08 100 333, fonctionnel 7j/7 et 24h/24, dédié à la réception des réclamations.
Parce que les réclamations il y en a toujours eu et il y en aura encore. Les services touristiques, avec la variété de prestations qu’ils comprennent, sont encore en deçà des attentes. Malgré les efforts déployés, le chantier reste ouvert. Il comprend à la fois l’optimisation des ressources humaines, la mise en conformité des infrastructures aux normes internationales, et la montée en gamme du tourisme tunisien.
En attendant, le prix d’une semaine en Tunisie, avec un packaging tout compris, hébergement, activités, et même le prix du billet, défie toute concurrence. La réaction des Tunisiens à la vue des tarifs affichés en euros dans les plateformes internationales est, elle aussi, la même.
Réaction de désappointement parce qu’ils pensent, à raison, que la destination Tunisie mérite mieux. L’agacement, lorsqu’ils comparent avec ce qu’ils doivent débourser, eux, pour un séjour plus court, sans excursions ni visites de musées, ni évidemment l’avion.
Si l’on doit passer outre les sentiments légitimes de nos compatriotes, une autre question se pose : pourquoi la Tunisie, enlisée dans le tourisme de masse, n’a pas encore réussi à proposer au moins quelques niches de tourisme de luxe, contrairement à ses voisins et concurrents directs ?
Comme le montrent toutes les études, le tourisme haut de gamme représente, pour un nombre plus petit de visiteurs, une manne financière de grande valeur sans commune mesure avec les recettes du tourisme de masse. De plus, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le positionnement de haut de gamme ne s’adresse pas uniquement à des gens friqués et capricieux, exigeant un service personnalisé et irréprochable, mais de plus en plus à des retraités actifs et nantis, curieux de découvrir de nouvelles cultures. Aux familles souhaitant avec les enfants et les petits-enfants s’offrir un voyage intergénérationnel dans une destination inconnue. En outre, et c’est important, le tourisme de luxe est davantage associé à la dimension écoresponsable, respectueuse de l’environnement. Ce type de tourisme ouvre la voie aux expériences authentiques et aux immersions dans les cultures locales. A contrario, les effets du tourisme de masse, rien que sur l’environnement, ne sont plus à démontrer.
Évidemment, nous n’allons pas demander à tous de se spécialiser dans le tourisme de luxe, le chic requiert un certain nombre de critères. Mais la Tunisie dispose d’une hôtellerie haut de gamme en mesure de proposer des prestations de prestige. Certaines unités touristiques ont ouvert une brèche, elles peuvent poursuivre leur chemin avec l’aide de l’Etat. C’est au final, la destination Tunisie qui sera la grande gagnante.