Un tel secteur économique, fortement lié au tourisme, comme deux faces d’une même pièce, a pu survivre aux aléas de toutes les conjonctures, au point qu’il rivalise, en ces temps modernes, d’idées plein la tête et de projets novateurs générateurs de revenus et postes d’emploi.
Noté au tableau, du 1er au 10 mars dernier, puis reporté en raison des travaux de maintenance engagés au sein de son espace d’organisation, le Salon de la création artisanale tient, enfin, sa 40e édition qui aura lieu, à partir d’aujourd’hui jusqu’au 2 juin prochain, au parc des expositions du Kram, à Tunis.
L’Algérie à l’honneur
L’Algérie sera l’invitée d’honneur, représentée par 27 de ses artisans spécialisés dans divers métiers. Cette participation s‘inscrit dans le droit fil de l’application des accords de coopération conclus entre les deux pays dans le domaine de l’artisanat. Autre nouveauté, un pavillon «Arti-cadeaux», exposant des articles de souvenirs conçus et façonnés par des doigts de fée. Soit une sorte de reconnaissance à l’égard de ce que produisent nos artisans du nord-ouest. De même, le tapis et la broderie sont deux filières étroitement liées, finissant en beauté. De fil en aiguille, elles n’ont jamais manqué d’innovation et de créativité.
Ce rendez-vous incontournable, placé, cette année, sous le signe de «40 ans d’excellence », se pose ainsi comme l’événement majeur d’un secteur ancestral plus que séculaire, qui emploie, aujourd’hui, quelque 300.000 artisans et artisanes, répartis sur toutes les régions de la Tunisie. Transmis de père en fils, l’artisanat tunisien nous permet de garder en mémoire nos us et coutumes, nos racines identitaires et tout un art d’un métier que nos aïeux avaient manié avec passion et doigté. Et c’est à eux qu’on doit tout ce savoir-faire professionnel évolué, au fil des mois et des ans.
Un tel secteur économique, fortement lié au tourisme, comme deux faces d’une même pièce, a pu survivre aux aléas de toutes les conjonctures, au point qu’il rivalise, en ces temps modernes, d’idées plein la tête et de projets novateurs générateurs de revenus et postes d’emploi. Et revoilà, maintenant, qu’il crée l’événement et s’attire autant des clients. Il s’organise, déjà, en salon de création, offrant des articles et produits marqués d’un poinçon de garantie et de qualité. 40 ans déjà, ça se fête ! Conception, design, créativité et innovation, ça se paie, à mesure que cela étoffe le secteur et lui confère prospérité et valeur ajoutée. Cela dit, l’intérêt qu’il y a de sortir du local à l’international, afin de conquérir de nouveaux marchés. Reste à lui fournir la matière première et le gratifier du privilège d’investir, de produire et d’exporter ailleurs.
Produits aux 24 parfums !
En fait, ce salon est le fleuron des manifestations artisanales, auquel prennent part, cette année, un millier de professionnels du métier, issus des 24 gouvernorats. Leurs stands exposent un large éventail de produits faits main, confectionnés en tissus, fibres végétales, bois d’olivier et de palmier, poterie, cuir, verre soufflé et bien d’accessoires, censés faire la promotion d’un artisanat qui a du mal à trouver son compte. Pourtant, ce volet était, et l’est encore, à l’ordre du jour du gouvernement.
Pas plus tard que le 7 mai dernier, au Kef, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Moez Belhassine, avait, lors, d’une conférence nationale sur l’investissement dans l’artisanat, fait part de sa détermination à promouvoir le secteur, à même de stimuler l’esprit créatif et d’initiative privée. S’y investir, c’est aussi se donner les moyens nécessaires à braver tous les défis et les difficultés notamment liés à la production et à la commercialisation. Un tel engagement devrait, a fortiori, être sans appel, d’autant plus que ce secteur contribue à hauteur de 5% au PIB, ayant rapporté, l’année dernière, des recettes en devises estimées à 150 millions de dinars.
Ce bilan mérite, alors, d’être revu à la hausse, pour que le secteur puisse ainsi voler de ses propres ailes. D’où il s’avère de mise de faire de ce salon la vitrine des meilleurs produits exposés, en signe d’encouragement à nos artisans, mais aussi une plaque tournante des contacts d’affaires, d’accords de partenariat et de conclusion de marchés.
Des stands polyvalents
En effet, les stands s’étendent sur 13.000 m2, déclinés sur des espaces dont celui de «Région et Produit » qui expose des modèles de créativité réalisés dans le cadre du programme national d’encadrement des artisans. Celui «d’inspiration» est réservé à faire valoir l’artisanat de Djerba, comme site classé sur le patrimoine mondial de l’Unesco. «Décoration sur verre» fera, cette année, l’objet du concours des métiers traditionnels à l’espace «Olympiade», auquel 12 artisans vont se porter candidats. La sculpture sur bois était, alors, le thème de l’édition passée. On y trouvera, également, l’espace de «nouveaux promoteurs», dédié, en guise de soutien, aux 80 jeunes artisans venus de tous horizons exposer gratuitement leurs projets les mieux distingués. Certes, ce serait, pour eux, une opportunité de voir de près le grand potentiel du secteur, se mettre en contact avec ses professionnels, ce qui leur permettait de pouvoir tisser des liens de partenariat e de coopération. Ainsi se forge un profil artisanal et s’acquiert, à force de participations, une bonne connaissance du marché.
Et ce n’est pas tout. L’Office national de l’artisanat (ONA), sous l’égide duquel se tient annuellement ce fameux salon, a mis à disposition un espace bien aménagé destiné à abriter des ateliers vivants animés pat une quarantaine d’artisans et artisanes. L’objectif est de valoriser le produit du terroir artisanal propre à chaque région. La poterie de Sejnane étant, à ce titre, notoirement connue aussi bien à l’échelle locale que nationale. Quant aux handicapés, un espace leur sera dédié, gratis, afin de les aider à mieux s’exposer et s’ouvrir sur le marché.
Toutefois, jamais un projet ne saurait réussir sans être bien étudié et financé. Tout comme un jeune artisan ne peut s’installer à son propre compte sans avoir bénéficié de formation ou d’accompagnement. Et partant, l’ONA n’a pas manqué d’y penser, en consacrant un espace au profit des structures de soutien publiques, des organisations professionnelles et des associations actives dans le secteur. Bailleurs de fonds sérieux, ne pas s’abstenir !