Nous n’avons aucune raison et n’aurons aucune excuse de faire avorter la dernière tentative de la Fifa d’arriver à un consensus et à une solution tunisienne pour combler le vide actuel après la fin du mandat du Bureau fédéral.
Les deux rendez-vous manqués des élections du Bureau fédéral du 9 mars et du 11 mai, qui ont échoué ou qui ont été avortés, faute de candidats poids-lourds et de listes irréprochables quant à leur conformité aux nombreuses conditions d’éligibilité, ont laissé ce vide immense qui n’augure absolument rien de bon pour la fin de la saison. Après l’expiration de la période réglementaire et des deux mois de prolongation exceptionnelle de son mandat, le Bureau fédéral sortant s’est éclipsé, laissant les commandes et le pouvoir de décision aux mains du Secrétaire général de la Fédération pour assurer le difficile intérim. Une montagne de charges et de responsabilités dont il n’est pas facile de s’acquitter. Le paragraphe 1 de l’article 44 des statuts de la FTF limite, en effet, les prérogatives du Secrétaire général dont le rôle principal est «d’accomplir les tâches administratives». Même les Ligues restées en activité ne sont pas autonomes et indépendantes du Bureau fédéral puisqu’elles «secondent le Bureau fédéral dans la réalisation et la gestion administrative et l’assistent dans la réalisation de ses programmes de compétitions dont elles ont la charge (paragraphe 1 de l’article 47 des mêmes statuts)». Le paragraphe 2 de ce même article est clair à leur sujet quand il précise «qu’elles exercent leurs activités sous le contrôle du Bureau fédéral qui leur délègue une partie de ses pouvoirs». Il est donc tout a fait logique que ces Ligues, laissées seules dans la tempête et la tourmente de ce vide horrible créé, fassent preuve d’une incapacité flagrante à gérer le lourd fardeau.
Indices inquiétants
Deux exemples frappants témoignent de cette difficulté éprouvée par les Ligues à assumer cette charge de trop. La Ligue nationale de football professionnel, présidée par Mohamed Arbi, membre lui aussi du Bureau partant, a fait une énorme erreur à propos de la sanction de huis clos de 2 matches infligée à l’USM en faisant machine arrière après le bras de fer opposé par les Usémistes pour ne jouer leur match contre le CSS qu’après décision de la Commission nationale d’appel, organe juridictionnel qui n’est plus lui aussi en fonction depuis le 22 mai. La Lnfp a accepté sous la pression et non par intime conviction le report de ce match, en infraction grave au principe de l’égalité des clubs devant les mesures disciplinaires prises qui doivent être obligatoirement purgées même en cas d’appel «qui n’est jamais suspensif et n’arrête jamais l’exécution d’un calendrier en cours». (article 218 des règlements généraux). Par cette décision assez controversée, elle a fait plus que bouillir davantage la marmite des contestations alors qu’elle avait pensé éteindre l’étincelle de feu qu’elle a, elle-même, allumée. Pour les Ligues de football amateur niveau 1 et 2, le dilemme concerne l’accession d’office ou les matches barrages pour la montée en Ligue 2. Et c’est toujours la Commission nationale d’appel qui est incriminée et au centre de l’accusation. Elle avait reporté, quand elle était encore dans l’exercice de ses attributions avant le 22 mai, l’examen de plusieurs affaires de réclamations, objet de verdicts de première instance, au mois de juin. Peut-être pour s’en débarrasser quand les verdicts ne seraient d’aucune importance et utilité. Maintenant qu’elle a mis la clé sous la porte et qu’elle n’est plus en fonction, ces affaires dont dépend le classement définitif de certaines poules pour l’accession, les barrages ou la rétrogradation sont restées en suspens jusqu’à nouvel ordre. Pour des clubs qui ont terminé leur championnat mi-avril et qui sont depuis en «chômage forcé», il n’est pas question de jouer des matches barrages après plus de deux mois d’inactivité. Même la solution préconisée par le président de la Ligue nationale de football amateur Niveau 2, Néji Chahed, de les reporter au mois de septembre ne fait pas l’unanimité et touche à un principe majeur qu’est l’égalité des chances puisque on donnerait ainsi la possibilité aux clubs mieux lotis financièrement de refaire un effectif tout neuf durant le mercato estival et d’accentuer leurs chances aux dépens des clubs qui sont arrivés aux premières places et aux barrages à la sueur du front, avec leurs moyens du bord et leurs effectifs de joueurs actuels. Une pareille solution, si elle est adoptée, discréditera tout le championnat des clubs amateurs et sera une épine de plus dans une saison tumultueuse, bouillonnante où, à tous les niveaux, on a vu vraiment de toutes les couleurs
Saisir la perche
La solution à tout cet énorme gâchis ? Eh bien, ça ne pourrait être que la fin rapide de ce feuilleton des élections du nouveau Bureau fédéral. La Fifa, consciente de la complexité du cas tunisien et désireuse d’arriver à un compromis salutaire plutôt que de recourir à la méthode forte de prendre entièrement et arbitrairement en charge ce dossier épineux, nous tend une dernière fois la main pour une sortie de crise honorable et un retour progressif au fonctionnement normal des organes sportifs par l’émergence d’un nouveau Bureau fédéral élu. Une délégation de la plus haute instance sportive dans le monde est attendue dans les heures qui viennent, si elle n’est déjà à Tunis, pour crever l’abcès des deux élections avortées et trouver un dernier et ultime remède pour panser et guérir la plaie que cet avortement a suscitée en vue d’éviter l’acte chirurgical qu’est l’installation d’un comité de normalisation provisoire qui mettrait fin à notre indépendance et à notre souveraineté nationale dans l’administration et la gestion de notre sport roi. Tous les intervenants, à commencer par le ministère de tutelle, doivent saisir cette dernière perche, œuvrer et concourir pour que la tentative de la dernière chance de sauver notre football d’un avenir des plus sombres réussisse par la mise sur pied d’un calendrier sage pour de nouvelles élections qui coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui ne cherchent pas les compromis d’apaisement et préfèrent plutôt patauger dans les sables mouvants de l’incertitude, de l’inconnu et du flou constants. Sauvons nous- mêmes notre football plutôt que de laisser aux autres le soin de nous imposer la porte de salut.