Accueil Panorama ESQUISSE | Mohamed Tlili, un rebelle sur les hauteurs (III)

ESQUISSE | Mohamed Tlili, un rebelle sur les hauteurs (III)

 

Le Kèf, une planète qui reste à découvrir. Telle était la conviction de Mohamed dans les années 70 du siècle dernier, à son retour dans sa ville natale après des études supérieures en histoire à la Sorbonne, interrompues pour des raisons familiales. Désigné par l’Institut d’archéologie et d’art (INAA, ancêtre de l’actuel Institut national du patrimoine-INP) en tant que responsable chargé de veiller sur le patrimoine archéologique et historique de la région, il ne se contente pas de courir de chantier en chantier ou de faire l’inventaire des vestiges qui parsèment la région. Il procède à l’évaluation du trésor dont il est en charge. Et, à force d’investigations sur le terrain et dans les archives, il mesure l’ampleur de l’injustice dont ce patrimoine fait l’objet tant au niveau de la conservation qu’à celui de la recherche scientifique.

Dès lors, Mohamed va déployer son énergie dans toutes les directions. Parallèlement à la mission que lui a confiée l’institut, il impulse en 1976 la création de l’Association de sauvegarde de la Médina du Kèf qui participe activement à la restauration des espaces patrimoniaux de la ville et assure leur animation tout au long de l’année. Il œuvre à la (re)fondation d’un musée dont il assure que sa création effective est antérieure à celle du musée Alaoui (actuel Musée national du Bardo) et constitué de collections réunies au tout début de l’ère coloniale par les militaires français par la suite transférées au Bardo pour y être entreposées dans les caves jusqu’à ce jour. Il participe à l’introduction de la thématique numide dans le musée des traditions populaires du Kèf.

La thématique numide. Voilà l’autre grand axe sur lequel le chercheur a concentré ses efforts durant de très longues années. A force d’investigations consacrées à la civilisation numide, dont il affirme que la cité d’El-Kèf était l’épicentre des historiens de l’Antiquité, capitale de l’empire de Massinissa et du grand Jugurtha, mais que les historiens français auraient fallacieusement déplacée à Constantine pour des raisons politiques colonialistes. Il n’en poursuit pas moins son action en faveur de la sauvegarde et de la promotion du patrimoine de la région du Kèf de différentes manières. En particulier par la formation des médiateurs culturels de l’association Musem Lab auprès de laquelle il assure aussi la mission de conseiller scientifique.

Et quand, du haut de la citadelle de La Kasbah, il plonge son regard dans son propre passé, il se dit qu’il n’a pas eu tort, quand ses beaux-parents américains (il a été pendant 17 ans marié à une citoyenne des Etats-Unis) tentaient de le persuader d’aller s’installer chez eux où il était assuré de tout le confort, il leur a répondu : « Et où trouverai-je, là-bas, Houmèt  Meziane (le quartier de son enfance) ?».

Charger plus d'articles
Charger plus par Tahar Ayachi
Charger plus dans Panorama

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *