L’Aïd El Idha, cette fête enracinée et bien ancrée dans nos traditions, est toujours célébrée avec beaucoup d’éclat. Dans toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan, elle revêt une grande importance pour ses dimensions religieuse, sociale et civilisationnelle.
Depuis la nuit des temps, c’est une fête qui rapproche les gens, soude les familles et provoque des retours d’affection avec des visites inattendues et des SMS de parents ou d’amis lointains.
Pour cette année, beaucoup de familles ont déjà procédé à l’acquisition du mouton dont le prix varie de 700 à 1.300 D. Il est placé dans le garage s’il y en a, le jardin et parfois même sur le balcon. Le soir, c’est le concert de bêlements à n’en plus finir. Dans les quartiers populaires et en milieu rural, on observe des moutons en laisse, des organisateurs de combats et des troupeaux entiers entassés dans des camionnettes.
Dans les pâturages, les bergers qui veillent sur les troupeaux de moutons font signe aux véhicules qui passent pour qu’ils s’arrêtent. Et l’on assiste ensuite à de longues scènes de marchandage. Evidemment, les prix augmentent à l’approche de l’Aïd, notamment pour la race barbarine à grande queue dont la viande est très tendre et savoureuse.
Une ambiance festive
Par ailleurs, rares sont les personnes qui achètent des moutons égorgés chez le boucher, car la plupart des gens préfèrent immoler la bête en famille où l’on essaie de créer une ambiance festive et goûter aux recettes des grands-mères dont le couscous au osben, la mloukhia, le borghol, la hergma, la qlaya et le melthouth à la tête de mouton. Car toutes les familles rivalisent d’imagination et recourent aux recettes du terroir pour faire plaisir à leurs membres.
En outre, à l’occasion de l’Aïd, l’élan de solidarité est très important. Ainsi, les responsables régionaux distribuent des aides alimentaires et des moutons aux familles nécessiteuses, tant au niveau régional que local !
Tabouna, sini’ya et pain au blé dur
La veille de l’Aïd, beaucoup de familles préparent la quantité de farine dont elles auront besoin pour la tabouna, la sini’ya ou le pain au blé dur à cause de l’absence de pain durant les jours de fête.
Le jour de l’Aid, les Kairouanais commencent, alors, par brûler l’encens qu’on fait inhaler au mouton avant son sacrifice. On procède ensuite à son abattage, à son dépouillage et à son découpage par un boucher disposant du matériel adéquat. Ensuite, on passe à la préparation du méchoui, de la qlaya et du couscous au osben. Puis, en fin d’après-midi, il faudra découper, saler, épicer et préparer le qadid (viande séchée au soleil) et faire sécher la peau du mouton. Bref, un rite qui prend des allures de marathon.