LE Hajj constitue un des 5 piliers de l’Islam, assorti toutefois d’une condition décisive ; celui qui est en mesure de l’accomplir. Entendez, financièrement mais aussi physiquement. Ce rite représente un accomplissement tant religieux que social à l’issue duquel le fidèle est censé être lavé de tous ses péchés. La dénomination du pèlerin et de la pèlerine change au retour des lieux saints. Au nom de la personne sera accolée la marque honorifique, « Hajj » ou « Hajja », si agréable à entendre. Une ascension sociale avérée autant que religieuse.
C’est donc une affaire importante. Et c’est difficile, voire impossible, pour les enfants d’empêcher le père, la mère, les grands-parents d’accomplir ce grand rite, parce que trop risqué pour eux, compte tenu de leur grand âge.
L’Etat non plus, pour plusieurs considérations, ne peut décréter une limite d’âge aux futurs pèlerins. Ce serait leur faire du tort. Compte tenu de la forte dimension religieuse qui interfère, et des tarifs de plus en plus élevés du pèlerinage, de l’ordre de 20 mille dinars par personne. Nous savons tous que beaucoup de gens passent leur vie à économiser de l’argent pour réaliser ce grand voyage, voir La Mecque et visiter Médine où est enterré le Prophète. L’affaire est donc délicate.
Seulement voilà. Chaque année, le pèlerinage, ce plus grand rassemblement de musulmans au monde, fait des victimes sinon par milliers du moins par centaines. Les températures extrêmes, les mouvements de foule et autres maladies liées à la chaleur et à l’épuisement en sont les principales causes.
Avec 1,8 million de pèlerins, chiffre dévoilé par les autorités saoudiennes, cette année ne déroge pas à la règle. On déplore la mort de 35 Tunisiens. Plusieurs pays arabes et musulmans ont annoncé, par le biais de leurs chancelleries, le nombre de leurs décès. L’Egypte paie un lourd tribut avec près de 600 morts. Bilan provisoire.
Avec autant de concentration de personnes au même endroit, au même moment, les autorités n’ont eu de cesse d’aménager les lieux pour recevoir comme il se doit « les hôtes du Miséricordieux », parfois en réaction à un événement tragique. En 2015, lorsqu’une gigantesque bousculade avait entraîné la mort de pas moins de 2.300 personnes, les responsables saoudiens ont engagé des travaux d’agrandissements qui devraient s’achever en 2025. Visiblement, ce n’est pas suffisant.
L’escalade du Mont Arafat, à l’est de La Mecque, est considérée comme le point culminant du rite. Les pèlerins s’y réunissent, consacrent de longues heures à la prière, à la lecture du Coran et à la dévotion pour solliciter le pardon… Sous un soleil de plomb. Les brumisateurs qui parsèment cette colline dite de la miséricorde ne peuvent, d’aucune sorte, les protéger des températures qui ont dépassé cette année les 50 °.
A cet égard, et pour toutes les étapes précises et très codifiées du grand pèlerinage, des améliorations devraient être mises en œuvre, avec l’aide d’experts et en y mettant les grands moyens, pour rendre le Hajj, apothéose d’une vie pour des millions de musulmans à travers le monde, plus pratique, moins risqué.