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Discrimination homme-femme au travail : L’infranchissable plafond de verre

 

Le concept du « plafond de verre » désigne les barrières invisibles mais bien réelles qui empêchent les femmes d’accéder aux postes de pouvoir et de responsabilité, malgré leurs compétences et qualifications.

En Tunisie, comme dans de nombreux autres pays, les inégalités entre hommes et femmes persistent dans le monde du travail. Malgré des avancées notables en matière d’éducation et de diplômes (les taux de réussite des femmes sont nettement supérieurs à ceux des hommes ces dernières années), les femmes tunisiennes continuent de faire face à des obstacles majeurs qui entravent leur pleine participation et leur reconnaissance sur le marché du travail.

L’une des réalités les plus frappantes en Tunisie est que, bien que les femmes soient de plus en plus présentes sur le marché du travail, elles assument toujours la majorité des tâches ménagères. Un double fardeau qui crée une pression supplémentaire sur les femmes, limitant leur disponibilité et leur énergie pour s’investir pleinement dans leur carrière. Cette répartition inégale des responsabilités domestiques n’est pas seulement une question de tradition culturelle, mais elle reflète également des inégalités structurelles qui doivent être redressées pour permettre une réelle égalité des sexes.

Le concept du « plafond de verre » demeure un obstacle significatif pour les femmes tunisiennes dans le monde professionnel. Ce terme désigne les barrières invisibles mais bien réelles qui empêchent les femmes d’accéder aux postes de pouvoir et de responsabilité, malgré leurs compétences et qualifications. En Tunisie, le plafond de verre se manifeste de différentes façons, notamment par une sous-représentation des femmes dans les postes de direction et de décision. Cette situation est aggravée par des stéréotypes de genre persistants et une culture d’entreprise qui valorise encore largement les hommes.

Les écarts de salaire entre hommes et femmes constituent une autre forme de discrimination évidente. En Tunisie, les femmes employées dans le secteur privé gagneraient en moyenne 19 % de moins que leurs homologues masculins. Cette disparité salariale est particulièrement frappante quand on considère que le nombre de femmes diplômées de l’enseignement supérieur augmente d’année en année. Pourtant, ces qualifications ne se traduisent pas par une rémunération équitable. Ce phénomène n’est pas propre à la Tunisie ; en France également, à diplôme égal, le salaire des jeunes femmes managers reste systématiquement inférieur à celui des hommes.

Le taux de chômage constitue d’ailleurs un autre indicateur des inégalités entre les sexes. En Tunisie, le taux de chômage est de près de 12,3 % pour les hommes contre 22 % pour les femmes. Cette différence significative démontre que les femmes rencontrent davantage d’obstacles pour accéder à l’emploi. Les raisons de ce chômage plus élevé sont évidentes et incluent des discriminations à l’embauche, des exigences familiales et des responsabilités domestiques qui limitent la mobilité et la disponibilité des femmes pour certains types d’emplois.

Il est important de noter que ces inégalités ne sont pas exclusives à la Tunisie. En France, par exemple, les jeunes diplômés des grandes écoles, bien qu’ils s’insèrent rapidement sur le marché du travail, continuent de subir des différences salariales notables entre hommes et femmes. Une enquête publiée par la Conférence des grandes écoles en juin 2023 révèle que, même à diplôme égal, les femmes managers gagnent systématiquement moins que leurs collègues masculins.

En Tunisie, le ministère de la Femme, aux côtés d’autres initiatives institutionnelles, travaille depuis plusieurs années à l’autonomisation financière des femmes. Mais il semble que le chemin est encore long pour pouvoir percer le plafond de verre.

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