Accueil Editorial L’Etat, le meilleur employeur des métiers de l’artisanat

L’Etat, le meilleur employeur des métiers de l’artisanat

Editorial La Presse

 

La poterie de Sejnane est un produit local de toute beauté. En plus des bibelots et des statues, les ustensiles de cuisine ne sont pas très pratiques mais sains, et, à ce titre, vivement recommandés. De plus, acheter local sert à encourager et soutenir ces artisanes de la ville du nord. Malgré leur notoriété, les potières de Sejnane sont pauvres, totalement démunies, mises à part quelques-unes qui ont réussi à se forger une réputation à l’international. Paradoxe, la Tunisie est riche de ses savoir-faire traditionnels transmis d’une génération à l’autre, à travers les familles, les communautés et les régions, mais l’artisanat est resté le parent pauvre de l’économie.

Les ministres du Commerce et du Tourisme ont effectué samedi dernier une visite d’inspection au marché de l’artisanat dans la ville du Cap Bon, Hammamet. C’était à l’occasion du lancement de la campagne nationale de contrôle des circuits de distribution et de promotion des produits artisanaux.

Contrôler l’authenticité, la qualité ainsi que le commerce de l’artisanat représente une des étapes essentielles pour promouvoir le marché auprès des Tunisiens et des visiteurs, toutefois insuffisante. C’est à l’Etat que revient la lourde mission d’encourager de manière organisée et efficace le savoir-faire national.

Une circulaire édictée par la présidence du gouvernement le 6 mars dernier et publiée par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat invite les responsables à allouer au moins 20% du budget consacré à l’aménagement intérieur des établissements publics aux produits artisanaux. Dans quelle mesure cette recommandation a-t-elle été appliquée ?

Pour ce qui est des présents officiels, mis à part l’olivier sur socle en marbre et les olives en ambre, qu’offre la Tunisie à ses hôtes ? Pourquoi s’enfermer dans deux ou trois idées cadeaux, alors que les métiers de l’artisanat ne se comptent pas et offrent une infinité de choix ? De l’artisanat textile à la dinanderie, aux métiers du tissage à l’orfèvrerie.

Des concours devraient être lancés chaque année pour sélectionner les meilleurs produits qui seront confectionnés, ensuite, à grande échelle et offerts lors des visites officielles qu’effectuent les responsables tunisiens à l’étranger ou lorsqu’ils reçoivent des invités de marque.

Les concours créent de l’émulation et permettent aux artisans de se surpasser, de créer et d’innover. Un artisanat qui n’évolue pas, ne se modernise pas, même s’il préserve sa spécificité, est voué à la perte et à l’oubli. Les difficultés que rencontrent les petites entreprises et les ateliers artisanaux requièrent donc une intervention de l’Etat pour les aider à s’adapter à un contexte difficile, très concurrentiel.

L’artisanat n’est pas qu’un pilier de l’identité culturelle, mais devrait l’être également pour l’activité économique. Et c’est encore à l’Etat de le valoriser par les commandes publiques, en exigeant l’excellence.

Charger plus d'articles
Charger plus par Hella Lahbib
Charger plus dans Editorial

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *