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Kairouan – Vacances d’été : Des enfants livrés à eux-mêmes

 

Kairouan où 40% de la population ont moins de 35 ans, on est souvent obligé de passer les journées de vacances scolaires dans un état semi-comateux, faute d’activités ludiques et culturelles, ainsi que d’espaces de loisirs bien équipés.

Maintenant que les vacances d’été sont là, les familles cherchent des idées pour distraire leurs enfants. Evidemment, la première chose à faire, si on a épuisé toutes les solutions possibles, est de discuter en famille et demander aux jeunes vacanciers ce qu’ils ont envie de faire.

Le désert culturel

Un programme imposé et choisi, aussi séduisant soit-il à nos yeux, n’a aucune chance d’être une réussite, s’il n’y a pas de concertation avec les écoliers et les lycéens. Or, dans la cité aghlabide, on n’a pas beaucoup de choix concernant les loisirs, d’autant plus que c’est la platitude et le désert culturel pour une jeunesse avide de divertissement.

En effet, à part l’existence de trois espaces de loisirs où les prix sont excessifs, de salons de thé submergés par la fumée, une maison de jeunes presque désertée, un complexe culturel dont les activités sont rares, quelques terrains de quartier  très modestes, les jeunes ne trouvent pas de lieux pour s’épanouir, décompresser et s’adonner à leurs hobbies préférés. En outre, la seule piscine municipale est fermée, depuis cinq ans, à cause de travaux qui ont beaucoup traîné avant de s’arrêter complètement. C’est ce qui pousse les jeunes à plonger dans les bassins des Aghlabides et les jébias en milieu rural, avec tous les risques de noyade. D’ailleurs, au mois de mai dernier, on a enregistré 3 noyades à Haffouz dans des bassins à ciel ouvert.

C’est pourquoi les citoyens aisés passent avec leurs enfants des séjours plus ou moins longs dans les villes côtières, afin de leur procurer un peu de délassement, de divertissement et de distraction. Par contre, les familles de conditions modestes sont obligées de passer ces vacances d’été à Kairouan où il n’existe même pas une salle de cinéma (le fameux casino a été démoli il y a des décennies et n’a jamais été remplacé). En outre, les rares festivals d’été dans les différentes délégations sont éphémères, pas toujours intéressants et n’attirent pas beaucoup de monde.

Il n’y a rien d’intéressant !

Le jeune Sofiène Rebhi, 17 ans, nous parle du vide de ses moments de loisir : «Après la grasse matinée, je passe la plupart de mon temps libre à surfer sur internet. Et en fin d’après-midi, je vais jouer avec mes copains au ballon. En fait, on reste en proie à la routine et on traîne péniblement dans la lourdeur des journées suffocantes. Quelle différence avec nos amis qui sont partis en voyage avec leurs parents aisés…!».  Son camarade, Lotfi Oueslati, renchérit : «Franchement, c’est le malaise général pendant les vacances scolaires, car à part les promenades nocturnes à pied, comme moyen de détente, le bricolage à domicile, les jeux de cartes aux cafés, il n’y a rien d’intéressant.

A notre âge, on a besoin d’agir, de se faire plaisir et de laisser de côté les bavardages inutiles ». Et de poursuivre, « c’est pourquoi  on a choisi de passer notre temps dans les salles de jeux enfumées et dans les publinets et nous adonner aux jeux vidéo abrutissants  avec un grand risque d’addiction. Mais le soir, quand on rentre chez nous ,l’ennui nous saisit et on se met, secrètement, à souhaiter  la fin rapide de ces vacances trop longues! Car, au moins au lycée, on rencontre les camarades et les enseignants qu’on apprécie…».

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