Accueil Actualités Diversification de l’offre touristique : Le tourisme responsable et durable, le nouveau défi !

Diversification de l’offre touristique : Le tourisme responsable et durable, le nouveau défi !

 

Le tourisme alternatif et durable est un secteur à haut potentiel, un véritable gisement de richesses et une des possibilités viables de diversification économique pour les pays en développement, assure la Cnuced. La Tunisie fait partie de ces pays. C’est autant un nouveau défi à relever.

Si l’on se fie aux chiffres relatifs au tourisme, il y a de quoi pavoiser. En 2023, 8,8 millions d’étrangers ont foulé le sol tunisien, en progression de 50% par rapport à 2022, et les recettes ont augmenté de 28%, alors que plusieurs marchés traditionnels, notamment ceux de la France et de la Grande-Bretagne qui allaient à reculons dans le sillage de la pandémie du Covid-19, ont été récupérés, avec une reprise respective de 10% et de 35%. La jubilation est là, inévitable, frappante. Or, à bien y voir, on aboutit à la conclusion que céder à l’euphorie n’est pas autorisé et qu’un laconique « peut mieux faire» nous rappelle que le tourisme national est, foncièrement, tenu de faire mieux, à la seule condition qu’il «ose» diversifier ses créneaux.

Tel un entraîneur de club qui construit sa stratégie tactique en fonction des dispositions humaines et physiques de ses joueurs, de la tournure du match et de la valeur de l’adversaire, notre tourisme, répètent à l’infini experts et professionnels du secteur, ne devra plus rester l’éternel tourisme de masse, alors qu’abondent les solutions de rechange et les créneaux d’appui, en vue d’une meilleure efficience. 

La Tunisie n’a rien à envier à ces destinations qui ont réussi

Pour revenir aux statistiques de l’année dernière, on constate que sur les 8,8 millions d’arrivées, près du tiers sont des Algériens, suivis des Libyens (24%) et des Français (10%). C’est là, commente Houssem Rebai, un hôtelier de Hammamet, un signe qui n’est pas rassurant, car on sait, par expérience, que la bonne compétitivité de tout tourisme est généralement tributaire de la multitude de ses créneaux, ce qui n’est pas le cas, hélas, chez nous où, depuis la nuit des temps, on a le balnéaire et puis rien. Pour notre interlocuteur, l’heure a sonné pour enfin revendiquer, haut et fort, le tourisme alternatif et durable qui est actuellement en pleine expansion dans d’autres pays à vocation touristique, tels le Maroc, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Turquie, la Malaisie, Cuba et même dans des contrées africaines, le Sénégal, le Kenya, Zanzibar et les Seychelles.

Et dire que la Tunisie n’a franchement rien à envier à ces destinations, grâce à ses immenses potentialités naturelles et ses atouts culturels et historiques qui pourraient lui permettre de rivaliser avec ces nations, voire leur damer le pion.

Au ministère du Tourisme et de l’artisanat, (MTA), on semble en être conscient, et c’est tant mieux. Une preuve qui promet. Le ministre Mohamed Moez Belhassine, n’a de cesse d’appeler à « la nécessité de mettre tout en œuvre pour promouvoir le tourisme alternatif et durable, en l’incluant dans la stratégie 2035 du ministère.» 

Multipliant les initiatives, ledit département vient de lancer le projet «Promotion du tourisme durable», qui bénéficie de la coopération de l’organisme allemand de la GIZ et du financement conjoint de l’Union européenne. Ce projet vise à soutenir toute initiative privée contribuant au développement du tourisme alternatif. Ainsi, récemment de jeunes entrepreneurs ont investi dans les sports de montagne (escalade, spéléologie..) et au circuit « harissa diari» qui entend promouvoir auprès de nos visiteurs, le savoir et le savoir-faire autour de cette spécialité tunisienne classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Les trésors cachés de la route culinaire

Le même intérêt de la tutelle est porté au «Réseau associatif de la route culinaire de Tunisie», une structure créée dernièrement qui se propose de revisiter le patrimoine culinaire du pays, par la mise en valeur de produits phares, tels que le fromage du nord-ouest, la harissa du Cap Bon, l’huile d’olive du centre et du sud, le vin du nord, les dattes du sud-ouest et le poulpe de Kerkennah. Et c’est aussi dans le but de donner un coup de fouet au tourisme durable et inclusif qu’a été lancée une initiative proposant aux touristes de découvrir la médina de Tunis autrement, le temps d’un week-end. 

Outre l’institution de cycles de formation en «coaching en tourisme alternatif et en marketing territorial» et de guides agréés en tourisme, il faudra également mettre en avant la réalisation du projet concernant le tourisme motorisé par voie maritime qui englobe toutes les activités touristiques, impliquant l’utilisation de moyens de transport (voitures, motos, camping-cars, véhicules tout-terrain). Ce nouveau produit est, bien entendu, destiné au renforcement des fondations sur lesquelles est en train de s’ériger le tourisme alternatif. 

Bref, autant d’indicateurs qui témoignent de la volonté du MTA de ne plus dépendre uniquement du tourisme de masse et de ne plus être à la merci de ses soubresauts et vicissitudes. Et ce n’est pas un hasard si la Cnuced a annoncé qu’elle considère le tourisme alternatif et durable comme un secteur à haut potentiel, un véritable gisement de richesses et une des possibilités viables de diversification économique pour les pays en développement. L’«ONU-Tourisme», sur la même longueur d’onde, a choisi des célébrités mondiales, Messi en tête, comme « ambassadeurs du tourisme alternatif et durable». 

Des obstacles administratifs et juridiques à la pelle

Dans sa quête de diversification de ses produits touristiques, le ministère n’évolue pas en solo, mais de concert avec les différents intervenants, dont les quatre structures professionnelles du secteur les fédérations de l’hôtellerie, des agences de voyages, des guides agréés de tourisme et la fédération interprofessionnelle du tourisme. A cet égard, a été organisée récemment une table ronde sur le thème : « Ensemble pour un tourisme alternatif durable».

Tenu en partenariat avec l’association allemande des voyagistes «DRD», ce rendez-vous de l’élite touristique du pays a débouché’ sur l’identification de solutions susceptibles de contribuer, dans la durée, au développement du tourisme alternatif. L’étude rendue publique à l’occasion et élaborée par des experts en la matière, a cerné les diverses difficultés administratives et juridiques rencontrées par les opérateurs et promoteurs dans les domaines des chambres-maisons-tables d’hôte, des gîtes ruraux, des organisations d’activités de plein air (randonnées équestres, trekking, VTT..) et des guides et agences de voyages.

«Cette rencontre a été des plus fructueuses», estime le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) Ahmed Bettaieb qui assure qu’«elle a permis, au terme de débats passionnants mais constructifs, de dénombrer les obstacles entravant l’évolution du tourisme alternatif et de faire remonter à la tutelle des recommandations dont les plus importantes, promulguer un code de tourisme unique comprenant un chapitre spécifique au tourisme alternatif et durable, mettre en place un cadre juridique réglementant le fonctionnement de ce secteur dans sa globalité. « Chargé par la Ftav du dossier juridique dans l’élaboration de cette étude, l’avocat Wassim Allouche estime que «la principale conclusion est la récurrence des restrictions réglementaires imposées à la création de nouveaux projets touristiques, et parfois l’absence de textes d’application, deux facteurs que je trouve pénalisants «. Il ajoute que « le législateur a certes tenté de permettre un encadrement interdisciplinaire du secteur, sauf que l’aspect bureaucratique a généré des freins institutionnels bloquant la réalisation des projets.  Et notre interlocuteur de conclure : « Ce n’est là que le début du chantier, car la réforme préconisée devra inéluctablement comprendre les autres axes non moins importants d’un véritable tourisme alternatif et durable, à savoir les tourismes médical, sportif et de croisière ».

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