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Pourquoi noircir le tableau ?

Editorial La Presse

Depuis l’annonce de la période électorale, l’actualité ne tourne pas au ralenti en Tunisie. On y carbure à pleins gaz au rythme d’évènements et d’incidents les uns plus déprimants que les autres. On broie du noir dès le lever du soleil, et quand les frontières de la nuit tombent, on fait en sorte que les citoyens dorment inquiets et quand ils se réveillent le matin, c’est pour découvrir un nouveau lot de mauvaises surprises qui les attendent. Coupures d’eau, d’électricité, manque de médicaments, etc. Dans cette course à la présidentielle, les candidats, qui ne se sont pas bousculés à la porte de l’Instance supérieure indépendante des élections pour déposer leurs dossiers, hier premier jour de réception des candidatures — car n’étant pas encore parvenus à réunir les conditions énoncées — continuent à décocher leurs flèches contre le Président de la République au lieu de se concentrer sur la collecte des parrainages. C’est pourquoi il faut être prudent et ne pas foncer tête baissée dans le panneau des ballons d’essai qui sont lancés pour le compte d’autrui juste pour voir le niveau de réaction en se gardant des portes de sortie, c’est-à-dire des moyens élégants de ne pas aller jusqu’au bout en entachant ce processus électoral de manière à ce qu’il soit marqué par des bévues. Or, d’habitude, c’est à un combat d’idées, de programmes qu’on devrait avoir droit en vue d’enclencher une nouvelle dynamique citoyenne pour ramener les citoyens aux urnes au lieu de les en détourner.

Pour cela, le peuple attend de nouveaux candidats un discours innovant et créatif dans leurs propositions et non pas de reprendre les mécanismes éculés du passé et de les réactiver au mauvais moment. Car les Tunisiens gardent un mauvais souvenir de ce discours alarmiste qui va déprimer davantage les citoyens qui déjà tirent le diable par la queue pour boucler leurs fins de mois.

Ils attendent des messages à même d’ouvrir les lucarnes de l’espoir et faire sentir aux Tunisiens qu’ils sont désormais partie prenante d’un destin collectif et non le contraire. Ils veulent des initiatives plus équitables avec des mesures non discriminatoires assorties d’arguments forts et des objectifs clairs qui serviront à panser les cicatrices, les fractures, les inégalités.

C’est pourquoi le Tunisien sera au rendez-vous avec ce scrutin pour peu qu’on lui montre un horizon, et non l’étroitesse des murs clos, et n’hésitera pas deux fois avant de glisser son bulletin de vote dans l’urne.

Mais si la prolifération des crises inventées ou commandées n’est qu’un subterfuge pour discréditer un candidat, elle n’aura aucune conséquence réelle et son retentissement sur l’opinion et les citoyens ne sera que négative.

Du coup, il ne sera pas facile de tenir les rênes pour n’importe quel candidat qui aura la lourde charge de gérer les affaires du pays après les élections.

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