«Ce qui m’a le plus choqué, c’est la logique du profit qui prévalait dans l’école privée. Les frais de scolarité élevés n’étaient justifiés ni par la qualité de l’enseignement ni par l’attention portée aux élèves. Il semble que l’objectif principal de l’école privée est de maximiser ses revenus plutôt que de fournir une éducation de qualité», témoigne un parent d’élève.
L’égalité des chances ! Voilà la promesse de l’école publique. Malheureusement, de plus en plus, ce principe républicain est mis à mal par l’apparition des écoles privées qui poussent désormais comme des champignons. D’aucuns diront que nous assistons à une éducation à deux vitesses, avec, d’une part, les enfants de l’école publique, de l’autre ceux de l’école privée «plus privéligiés».
Mais la vérité est que nous assistons à une éducation à plusieurs vitesses, car au sein des écoles privées elles-mêmes, il y a des niveaux et des disparités. Les plus nantis vont pouvoir payer des prix astronomiques dans des écoles américaines qui, au bout de deux années d’études, ne seront plus capables d’aligner une phrase en arabe, tandis que les classes moyennes, celles qui s’endettent pour pouvoir payer les études de leurs enfants, se partagent les écoles privées «ordinaires».
Un «cauchemar»
Et pour ces derniers, opter pour une école privée s’avère, au bout du comble, une fausse bonne idée et tourne carrément au cauchemar. Maha, maman du petit Badreddine, raconte à La Presse sa mauvaise expérience.
«Dès les premiers jours, j’ai constaté que l’approche pédagogique de l’école était inadaptée et archaïque. Le bourrage de crâne était la méthode principale d’enseignement, sans réelle prise en compte des besoins spécifiques et du rythme d’apprentissage de chaque enfant. Le personnel semblait manquer cruellement de pédagogie et de compréhension envers les élèves, traitant chaque enfant de manière uniforme sans tenir compte des particularités et des capacités individuelles».
Elle ajoute que son enfant, naturellement curieux et plein de vie, a été immédiatement réprimandé pour son dynamisme. «L’école semblait vouloir des enfants sages et immobiles, plutôt que de cultiver leur curiosité et leur enthousiasme pour l’apprentissage», explique-t-elle.
«Ce qui m’a le plus choquée, c’est la logique du profit qui prévalait dans l’école privée. Les frais de scolarité élevés n’étaient justifiés ni par la qualité de l’enseignement, ni par l’attention portée aux élèves. Il semble que l’objectif principal de l’école privée est de maximiser ses revenus plutôt que de dispenser un enseignement de qualité».
Pour cette rentrée, Maha a inscrit son enfant dans une école publique, en espérant que son enfant sera épanouie. Comme elle, beaucoup de parents font le chemin inverse et cherchent, après une expérience malheureuse, à faire réintégrer leur progéniture dans l’école publique.
Tout n’est pas rose à l’école publique
Evidemment, cela ne veut pas dire que tout va bien dans l’école publique, loin de là, c’est même le contraire. Grèves, absentéisme des enseignants, faiblesses administratives, mais, surtout, un manque criant de moyens. Ce qui est incompréhensible, c’est que les Tunisiens consentent à payer une école privée avec des sommes conséquentes, mais rechignent, quand il s’agit de donner de l’argent à l’établissement public, brandissant le slogan de «la gratuité de l’enseignement».
Mais le monde change, et il faudra songer à trouver un équilibre entre l’Etat providence et les exigences d’une éducation moderne et de qualité. Le temps de la «gratuité totale» est révolu, il faudra un jour consentir à payer, même un petit peu pour l’école publique pour la moderniser. Evidemment, les familles les plus modestes continueront à bénéficier de la gratuité. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il y aura un retour à cette fameuse «égalité des chances» tant recherchée et qui fera naître une société équilibrée.