Wajiha Jendoubi fait le plein
Le théâtre de plein air du Centre culturel de Hammamet n’a pu contenir le nombre de spectateurs venus assister au one woman show « Big Bossa » de Wajiha Jendoubi, présenté dans le cadre de la 55e édition du festival international de Hammamet le 13 août à l’occasion de la journée de la femme. « Big Bossa » a déjà été présenté au festival de Carthage et ailleurs où il a reçu un bon accueil du public et de la presse.
Enveloppée d’une cape noire, la Big Bossa fait une entrée fracassante sur scène pour annoncer au cours d’une cérémonie de prestation de serment qu’elle est désignée ministre. Un moment solennel devenu comique grâce au jeu d’humour de l’actrice qui a déjà à son actif deux woman show : « Madame Kenza » et « Al Ifcha mon amour ». La couleur est donc annoncée : la politique est au centre de ce spectacle à l’humour décapant.
Interpellant à chaque fois des spectateurs et notamment Samir Taïeb, ministre de l’Agriculture, et Selma Baccar, réalisatrice et ex-députée à l’Assemblée Constituante, Wajiha Jendoubi se moque des convenances et s’acharne corps et âme à défendre les acquis de la femme, quitte à se mettre sur le dos les hommes. Son talent d’actrice dépasse de loin celui d’auteure et de metteur en scène. En effet, si l’ensemble du spectacle est réussi grâce notamment à l’introduction de séquences vidéo et l’utilisation du téléphone portable, il n’en demeure pas moins que certains passages sont mal accordés.
Pour revenir au sujet de la pièce en question, la Big Bossa est une femme fonctionnaire sans qualification particulière qui rêve de devenir ministre. Un soir, elle reçoit un SMS l’informant de sa nomination à la tête d’un ministère. Et là commence son aventure. Elle décide de tout changer : sa vie passée, son physique, son mari Abdeljelil, son appartement, son coiffeur, son hamac, etc. Elle est en plein délire où elle voit ses phantasmes se réaliser grâce à ce nouveau poste qui lui permettra de vivre une nouvelle vie.
Wajiha Jendoubi campe plusieurs personnages qu’elle place dans des situations comiques et ironiques. Des personnages haut en couleur que chacun de nous peut reconnaître ou se projeter dans l’un d’eux. L’auteure ne peut échapper aux stéréotypes qu’elle utilise à fond pour accentuer les traits de caractère de ses personnages. Même si elle interpelle les politiciens en cherchant à se situer dans l’actualité politique, elle n’arrive pas à décoller à la manière de Lotfi Abdelli (d’ailleurs, elle le dit en pleine prestation «je laisse cela à Lotfi ») de peur de perdre pied sur cette pente glissante qu’est la politique.
Alors, elle va taquiner le simple citoyen et en faire son motif favori d’humour. C’est d’autant plus avantageux que le risque est moindre et que ce citoyen qui n’est autre que le spectateur aime rire de ses travers et de ceux de ses proches. Elle pousse la caricature à l’extrême, forçant par le trait ce qui fait rire l’assistance qui participe à la description que fait la comédienne. Grosso modo, le show est réussi. Le public est satisfait de ce spectacle affranchi, sans tabou qui lui renvoie son image grossie sans complexe.