Après le coup d’envoi de la 8e édition du Festival des pistaches de Majel Bel Abbès, qui se tient cette année du 26 au 31 août, les préparatifs vont bon train à Kasserine, dans le même laps de temps, pour deux autres festivals fêtant les pommes aux délégations de Sbiba et Foussena.
En fait, ces événements ambitionnent d’être des célébrations en grande pompe, vu la richesse et la diversité de ces fruits emblématiques de la région. En parallèle, des joyaux de Kasserine seront mis en avant lors de cette occasion par l’imbrication du culturel et de l’économique.
Promotion de l’agriculture par la culture
Les dates sont déjà annoncées pour la deuxième édition du Festival de la pomme dorée de Foussena qui aura lieu du 30 août au 8 septembre. Quant à la 44e édition du Festival des pommes à Sbiba, elle se tiendra vers la fin du mois de septembre. Si les festivités coïncident avec la récolte, c’est surtout afin de commercialiser et de promouvoir les produits.
Avec le Festival des pistaches, les plannings de ces trois manifestations donnent le sentiment d’une véritable ébullition culturelle qui transforme la ville, profitant de la forte adhésion des participants. La programmation est en partie celle d’un festival de musiques et de théâtre, avec des prestations tendances et des artistes renommés qui attirent une grande partie du public les jours des fêtes. Le folklore de Kasserine est présent en force chaque année avec des animations diverses qui concourent généralement à la diffusion artistique et culturelle : chants soufis, poésie et spectacles équestres sont au rendez-vous.
A ces programmes culturels variés s’ajoutent des expositions, des dégustations des spécialités culinaires de la région et des animations de rue. Le Festival de la pomme dorée qui se veut innovant et distingué a inclus, dans son programme de l’année dernière un marathon, un mini tournoi de football et une compétition de tir aux fusils de chasse.
Une partie de ces activités est fondée sur la gratuité, alors que quelques spectacles sont payants. Ces fêtes sont aussi marquées par l’importance du bénévolat, bien qu’elles soient ancrées dans les subventions municipales. Les festivals sont portés par des professionnels avec le soutien de nombreuses associations et de bénévoles qui se professionnalisent, puisqu’ils sont souvent des étudiants dans les filières des arts et du spectacle.
Les retombées économiques des fêtes et des festivals
Les liens entre les arts, la culture et le commerce ne sont pas nouveaux. Les festivités attirent des visiteurs dans ce voyage à destination des spécialités et des produits de cette région, riche en diversité et en saveurs.
Les agriculteurs locaux profitent de ces rendez-vous annuels pour mettre en avant leurs produits. Si, pour le volet culturel, le public est souvent local et régional, les manifestations scientifiques attirent des professionnels de la Tunisie et d’ailleurs. Pour cela, des projections, des rencontres-débats et des ateliers sont organisés avec la présence de spécialistes du monde agricole et des porteurs d’initiatives concrètes et locales.
Les producteurs se mobilisent dans cet espace d’échange pour discuter des défis, notamment en ce qui concerne l’ouverture de nouveaux débouchés pour l’exportation des fruits dans un marché mondial de plus en plus concurrentiel. Ces rencontres encouragent la recherche, l’adoption de technologies modernes et l’amélioration de la productivité.
D’ailleurs, en 2023, la Tunisie a été le 11e producteur mondial de pistaches. Selon un document officiel du ministère de l’Agriculture, Kasserine contribue à plus que 40 % de la production nationale. Les pistachiers occupent une superficie importante dépassant six mille hectares et la récolte avait atteint 1200 tonnes en 2023.
Quant aux pommes, la récolte dans le gouvernorat de Kasserine s’est élevée à 60 mille tonnes l’année dernière. En dépit des fluctuations, ces fruits sont plus que des objets de consommation et représentent une ressource économique importante pour les collectivités locales. La main- d’œuvre employée se compte par milliers. La rentabilité des festivals et des activités culturelles associées ne peut donc pas être mesurée à l’aune du nombre de spectateurs et des recettes, mais plutôt à celle des conséquences économiques sur la cité et sur la région. Elle s’inscrit, en effet, dans des problématiques plus larges de développement qui dépassent la simple animation.
Ces événements sont essentiels et prioritaires pour les collectivités locales dont ils relèvent pour afficher une dynamique économique et dans la promotion du secteur agricole, le soutien aux agriculteurs et le développement rural.