Accueil A la une Cours particuliers : Un fardeau de trop !

Cours particuliers : Un fardeau de trop !

 

Malgré l’existence de tout un arsenal juridique à la disposition du ministère de l’Education, le phénomène des cours particuliers s’amplifie chaque année. Et voilà que vient la énième rentrée scolaire, sans venir à bout de ce fardeau de trop.  

On aura tout tenté pour l’endiguer ou, du moins, en diminuer l’impact, rien n’y a fait. Plusieurs ministres qui sont passés par le département de l’Education ont fait des promesses dans ce sens. Ils sont allés, même, jusqu’à lui “déclarer la guerre”. Il n’en reste pas moins qu’on est, toujours, à la case départ.

Budget conséquent !

Les parents des élèves de tous les niveaux en savent quelque chose. Alors qu’on parle, sans cesse, d’un enseignement public gratuit, eux savent pertinemment ce qu’ils déboursent pour payer ce qu’on appelle des séances de cours de soutien. Mais de quel soutien parle-t-on?! Le budget qui leur est consacré est conséquent. Les dépenses faites pour assurer ces cours d’appoint sont au- dessus des capacités de la famille tunisienne. Ce qui ne les empêche pas d’y recourir. A leur corps défendant cela s’entend.

Le système est tel qu’ils n’ont guère le choix. Ou ils acceptent de dispenser ces cours à leurs enfants ou ils risquent les mauvaises surprises. Aujourd’hui, on assiste à une course pour trouver une place dans les groupes d’études. Les enseignants concernés ont déjà fait le plein. De nombreux parents ne parviennent pas à caser leurs enfants. C’est depuis le mois d’août que ces professeurs ont ouvert la porte devant les élèves cherchant à suivre ces cours. Ce qui fait que dès le début de ce mois, les parents de certains élèves n’ont pas pu trouver une place pour leurs enfants. Tout est saturé. Les réseaux fonctionnent bien.

Tarifs élevés

C’est ainsi que nous trouvons des tarifs parfois insensés. On ne parle plus de 50 ou 60 dinars les 4 séances de 2 heures chacune. Il s’agit, tout simplement, de 80 dinars et plus. Certains professeurs demandent jusqu’à 120 dinars les 4 séances, souvent, payées à l’avance. Soit, une charge familiale supplémentaire. Il faut noter que les matières demandées sont les maths, les sciences physiques et chimiques, l’informatique et, à un moindre degré, l’arabe ou le français.

Pour les enfants du primaire, c’est une autre paire de manches. Ces cours sont,quasi-obligatoires pour tout le monde. Ils se tiennent, souvent, dans les établissements scolaires après la fin des cours. Généralement, les écoles primaires restent disponibles pour ces élèves et leurs enseignants. Ce qui n’est pas le cas pour les collégiens ou les lycéens qui suivent ces cours particuliers dans les maisons des enseignants qui les dispensent ou carrément dans des locaux aménagés à cet effet.

Chaque année, ce sont des milliers d’élèves qui recourent à ces “études” pour bien se placer dans leur parcours scolaire. D’ailleurs, beaucoup de parents ont l’impression qu’il n’y a que ce moyen pour assurer des résultats scolaires acceptables. Or, la majorité des Tunisiens sont convaincus que ces pratiques n’auraient pas dû exister, s’il y avait eu un enseignement de qualité. Car, à quoi serviraient les heures de cours dispensées dans les établissements scolaires publics ? D’aucuns, aussi, se demandent si l’enseignement est vraiment gratuit. A preuve, ces sacrifices consentis par les familles tunisiennes montrent tout à fait le contraire. L’école publique n’est plus qu’elle était !

Que faire ?

Devant cette situation, on se sent démuni. Pourtant, il existerait des recours permettant aux parents de faire leurs réclamations ou leurs réserves. En effet, d’après les différentes dispositions administratives, ces cours en dehors du cadre scolaire sont interdits. Sur le papier, bien sûr. Mais, pratiquement, les choses sont différentes.

Si on pense à dénoncer ces infractions, la voie n’est pas simple. De plus, les parents craignent pour leurs enfants. Leur anonymat n’est pas garanti. En outre, ceux qui ont franchi le pas n’ont pas obtenu gain de cause.

Malgré l’existence d’une ligne dédiée à cet effet, le suivi n’est pas assuré. D’où l’inefficacité des mesures destinées à limiter la prolifération de ce mal endémique. Ce mal a, aussi, des conséquences sur le rendement de l’enseignant dans ses classes. Après plusieurs séances de cours particuliers, ce dernier n’a plus le même entrain et la même énergie pour effectuer convenablement sa mission.

En vérité, la question des cours particuliers ne date pas d’aujourd’hui, elle est très ancienne. On ne sait pas si on peut, vraiment, lui trouver une solution ou non. Les nombreuses promesses de s’attaquer sérieusement à ce problème sont, hélas, restées lettre morte. Pourra-t-on, un jour y arriver?

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